Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ACOUSTIQUE. (suite)

Cela peut donner lieu à deux phénomènes distincts.

Lorsqu'une paroi, que nous qualifierons d'« émettrice », réfléchit un son vers la paroi opposée, qui le réfléchit à son tour vers la paroi émettrice, il peut se faire que le son revenant sur la paroi émettrice soit en phase avec le son émis par celle-ci (figure 4). Ce phénomène peut se produire, a priori, pour toutes les fréquences telles que la distance entre parois soit un multiple entier de la longueur d'onde. (Pour la notion de longueur d'onde,  phénomènes périodiques.) Pour ces fréquences propres (sous-entendu : propres au local, car elles dépendent des dimensions de ce dernier), il y a renforcement, puisque les sons sont en phase, de l'intensité sonore reçue. En pratique, dans les salles de cinéma, le phénomène se manifeste surtout pour les plus basses des diverses fréquences possibles. Et l'expérience montre que ces fréquences sont généralement suffisamment basses (typiquement : vers 30 à 40 Hz) pour que le phénomène ne soit pas gênant, car il est noyé dans les autres imperfections de la restitution de ces fréquences.

En certains points de la salle, le hasard peut faire que, pour certaines fréquences (variables d'ailleurs d'un point à l'autre), un nombre particulièrement élevé des différents sons qui parviennent au spectateur lui parviennent en phase — ou, au contraire, en opposition de phase. En ces points, il y a alors renforcement notable (ou, au contraire, affaiblissement notable) des fréquences considérées. Lorsqu'on se déplace dans la salle, l'intensité sonore perçue peut ainsi varier, pour certaines fréquences, dans un rapport allant parfois jusqu'à 1 à 10. Ce phénomène, à peu près inévitable (on peut seulement s'efforcer de le limiter), est d'autant plus gênant qu'il se manifeste surtout dans les fréquences moyennes, les plus significatives pour la compréhension du message sonore.

On qualifie de résonance, même si c'est souvent abus de langage, les phénomènes qui renforcent, pour certaines fréquences, l'intensité sonore perçue. Il s'agit généralement des phénomènes décrits aux paragraphes précédents. Il peut s'agir d'un temps de réverbération particulièrement élevé pour telle ou telle fréquence. Il peut s'agir d'une résonance au sens strict, comme cela se rencontre assez couramment dans les appartements, où les vitrages « entrent en résonance » pour certaines fréquences, par exemple au passage d'un camion.

L'acoustique des cinémas.

Dans une salle de cinéma, deux types de sons peuvent être émis :

— le son d'écran, émis par le ou les haut-parleurs situés derrière l'écran ;

— le son d'ambiance (CinémaScope, 70 mm, Dolby Stéréo), émis par des haut-parleurs implantés sur les murs latéraux et en fond de salle.

La diffusion du son d'ambiance est beaucoup moins critique que celle du son d'écran. S'agissant de ce dernier, il faut homogénéiser autant que possible le niveau sonore dans toute la zone d'implantation des sièges, en maintenant le temps de réverbération en dessous de la seconde. Ces deux exigences sont quelque peu contradictoires : la première implique des parois réfléchissantes, la seconde des parois relativement absorbantes.

En raison de l'absorption par la moquette, par le rembourrage des sièges et surtout par le public, le sol est peu réfléchissant. (L'absorption par le public varie... avec l'affluence. La moquette permet d'avoir dans tous les cas un sol peu réfléchissant.) Pour renvoyer le son vers les spectateurs, on se sert presque toujours de la partie avant du plafond, qui doit donc rester réfléchissante. La partie arrière du plafond et les parois latérales sont, par contre, rendues absorbantes, de façon à maîtriser le temps de réverbération. Quant à la paroi de fond de salle, elle est toujours l'objet d'un traitement acoustique soigné, tant pour éviter une réflexion vers l'avant des sons d'écran que pour assurer un bon isolement de la cabine.

On ne procède pas nécessairement à des calculs acoustiques préliminaires poussés. On s'inspire des règles ci-dessus, et on se contente généralement, pour traiter les parois (au moins les parois latérales), de les recouvrir de tissu ou de moquette, ce qui signifie ( son) qu'on se préoccupe assez peu de l'absorption des fréquences basses, même si les faux plafonds, d'usage courant, absorbent plus ou moins ces fréquences. Dans les salles petites ou moyennes et sans balcons, qui sont aujourd'hui la règle, cette pratique conduit facilement, compte tenu de l'expérience acquise par les architectes spécialisés dans l'aménagement des cinémas, à un résultat satisfaisant. (Par contre, si l'on fait l'économie d'un traitement des parois, le résultat peut ne pas être satisfaisant du tout.) Dans les salles de grandes dimensions ou présentant une architecture complexe (balcons, par exemple), il convient d'étudier préalablement l'acoustique par le calcul ou par des simulations sur maquette.

L'acoustique des locaux.

Ce qui a été exposé au long des paragraphes antérieurs se transpose sans difficulté au cas de n'importe quel local. En particulier, tout local se caractérise par son temps de réverbération.

Le son porté par le film contient déjà une certaine réverbération : celle du local où il a été enregistré. Cette réverbération, s'ajoutant à celle de la salle de projection, doit être aussi faible que possible sous peine de conduire à une réverbération globale excessive. Les parois des studios de prise de vues ou de prise de son sont donc toujours traitées de façon à réduire le temps de réverbération. (Si le son doit sembler provenir d'un local réverbérant, ou bien l'on modifie l'acoustique du studio grâce à des panneaux réfléchissants, ou bien l'on utilise un artifice électronique.)

Lorsque l'on tourne en son direct dans des décors réels, et notamment dans des appartements réels, on récupère par contre la réverbération — souvent importante — de ce décor. Pour cette raison, l'ingénieur du son, responsable de l'intelligibilité de ce qu'entendent les spectateurs, est souvent réticent vis-à-vis de ce mode de tournage. D'autant plus réticent que, s'il est aujourd'hui relativement facile d'éclairer un appartement, il est difficile d'en modifier l'acoustique. (Nous n'avons mentionné que la réverbération. Il faut aussi penser, par exemple, aux fréquences propres, sensiblement plus élevées dans un petit appartement que dans une salle de cinéma. Il faut enfin penser aux bruits divers : rue, appartements voisins, survol des avions, etc.) En fait, tout dépend de la nature du film. Si l'authenticité de la scène est primordiale, on conservera (ou on s'efforcera de conserver) le son direct. Sinon, il sera parfois préférable, voire indispensable, de reconstituer le son en studio.