Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DIX (Ernest Carlton Brimmer, dit Richard)

acteur américain (St. Paul, Minn., 1894 - Los Angeles, Ca., 1949).

Il débuta à la scène en 1919 et à l'écran en 1921. Vers la fin de la décennie, il jouit d'une bonne réputation de jeune premier athlétique, ayant fait ses preuves dans les Dix Commandements (C. B. De Mille, 1923), The Lucky Devil (F. Tuttle, 1925), The Vanishing American (G. B. Seitz, 1926), Nothing But the Truth (V. Schertzinger, 1929) et dans de nombreux westerns. C'est aussi un western, Cimarrón (W. Ruggles, 1931), qui lui permet de passer sans encombre au parlant. Sans jamais être une star, il sait s'imposer dans de nombreux films d'action, tel Hell's Highway (Roland Brown, 1932) ou les Conquérants (W. A. Wellman, 1932). Vers la fin de sa carrière, il était devenu particulièrement populaire dans la série modeste, à sujet policier, du Siffleur (The Whistler).

DJORDJADZE (Nana)

cinéaste géorgienne (Tbilissi 1950).

Après des études de musique et d'architecture, elle suit de 1974 à 1979 des cours de mise en scène à la faculté de cinéma de Tbilissi dans le groupe de Tenguiz Abouladze et d'Irakli Kvirikadze (qui deviendra son époux). Actrice dans plusieurs films, elle tourne en 1980 un court métrage le Voyage à Sopot et remporte en 1987 la Caméra d'or du Festival de Cannes avec son premier long métrage Robinsonade (Robinzonada anu čemi ingliseli papa / Robinzonada, ili moj anǵlijskij deduška). Elle réalise ensuite les 101 Recettes d'un cuisinier amoureux (1996), une coproduction franco-géorgienne avec Pierre Richard et 27 Missing Kisses (1999) coproduction germano-géorgienne « tragédie comique à propos des sexes et de la vie dans l'ex-Union soviétique ».

DJORDJEVI´C (Puriša)

cinéaste yougoslave (Čačak, Serbie, 1924).

D'abord journaliste, il réalise, à partir de 1946, une cinquantaine de courts métrages dont il est l'auteur. Ces documentaires et ces films de fiction privilégient le témoignage social. Simultanément, il a tourné depuis 1951 une quinzaine de longs métrages de fiction. Il s'impose comme un auteur de premier plan avec une superbe trilogie consacrée à la guerre des partisans : la Jeune Fille (Devojka, 1965), le Rêve (San, 1966) et l'Aube (Jutro, 1967). Dans ces films étonnants, qui ruinent toute logique et toute vraisemblance, il donne libre cours au lyrisme et à l'onirisme les plus exaltés. Il poursuit dans la même veine anticonformiste et antiréaliste, souvent nuancée d'humour, avec Cross-country (1969) et les Cyclistes (Biciklisti, 1970), entre autres réussites originales. En 1995, après une longue absence, il réalise Scherzo (id. puis Le tango est une triste pensée dansante (Tango je tužna misao koja se pleše, 1997).

DJULGEROV (Georgi)

cinéaste bulgare (Burgas 1943).

Diplômé de l'Institut du cinéma de Moscou (VGIK), il attire l'attention dès son coup d'essai, ‘l'Examen’ (Izpit, 1971), moyen métrage en forme de conte néoréaliste sur la fabrication par un apprenti tonnelier du « chef-d'œuvre » qui lui permet de passer maître. Dans ‘Et le jour vint’ (I dojde denjat, 1973), il porte un regard résolument neuf, à la fois antihéroïque et poétique, sur la Résistance. Son indépendance d'esprit et l'originalité de son talent sont confirmées par ‘l'Avantage’ (Avantaj, 1977), docudrame sur un pittoresque pickpocket, par ‘l'Échange’ (Trampa, 1979), d'après l'œuvre littéraire d'Ivajlo Petrov, et par ‘Aune pour aune’ (Miara za miara, 1981), vaste évocation historique de l'éveil de la conscience nationale bulgare au début de ce siècle. Après deux longs métrages documentaires consacrés à l'entraîneur de gymnastique Nechka Robéva et à ses élèves (1984-1986), il est revenu à son inspiration humaniste dans l'essai expérimental Acadamus (Akatamus, 1988) sur le thème de l'imagination créatrice dans la danse et la musique. Le Camp (Lagerat, 1990) est une évocation de son enfance de « pionnier ». En 1995, il signe l'Hirondelle noire (Černata liastovica).

DMYTRYK (Edward)

cinéaste américain d'origine ukrainienne (Grand Forks, British Columbia, Canada, 1908 - Encino, Ca., 1999).

Dès 1923, Dmytryk travaille à la Paramount comme garçon de course. Puis il devient assistant dans les services de montage et de découpage. Chef monteur de 1930 à 1939, Dmytryk commence à tourner régulièrement à partir de 1939. Prolifique réalisateur de série B, il attire l'attention avec un violent mélodrame mettant en cause l'éducation nazie (Hitler's Children, 1943), un film de propagande douteux destiné au « front de l'intérieur » (Tender Comrade, 1944) et une adaptation d'un roman de Raymond Chandler qui frappe, à l'époque, par ses recherches formelles : Adieu ma belle / Le crime vient à la fin (Murder My Sweet/Farewell My Lovely, 1944). Mais c'est avec Cornered (1945), excellent thriller antifasciste, fermement contrôlé et émaillé de trouvailles, que Dmytryk commence vraiment à donner la mesure de son talent, épaulé par Adrian Scott, qui avait auparavant produit Adieu ma belle. Après Till the End of Time (1946), son œuvre jusque-là la plus accomplie, Dmytryk réalise Feux croisés (Crossfire, 1947), qui, malgré quelques accents naïvement déclamatoires, s'attaque vigoureusement à l'antisémitisme, tout en peignant avec justesse le milieu des anciens combattants à la veille du retour à la vie civile. Puis il se rend en Angleterre, où Adrian Scott produit So Well Remembered (1947), film social d'une grande sincérité sur les luttes menées par un directeur de journal dans le Nord industriel, dont l'atmosphère inspire visiblement le cinéaste. En 1947, refusant de répondre au Comité des activités antiaméricaines, qui enquête sur des « menées communistes » dans le cinéma — ce qui lui vaudra plusieurs mois de prison —, Dmytryk est mis sur la liste noire et devient l'un des « 10 d'Hollywood ». Toujours en Angleterre, il réalise un mélodrame, l'Obsédé (Obsession, 1949), et Donnez-nous aujourd'hui (Give Us This Day, 1949), qui a pour cadre l'émigration italienne aux États-Unis. Trop riche peut-être, inégal, ce brûlant témoignage social frappe par son exceptionnelle amertume. De retour dans son pays, Dmytryk purge la peine à laquelle il a été condamné, mais révisant la ferme position qu'il avait adoptée quatre ans plus tôt, il accepte en 1951 de « coopérer » avec le Comité des activités antiaméricaines, à qui il livre 26 noms de « communistes » travaillant dans le cinéma, dont celui de son ami Scott. Ayant à ce prix retrouvé la possibilité de travailler à Hollywood, il tourne pour des producteurs indépendants, en particulier Stanley Kramer : l'Homme à l'affût (The Sniper, 1952), portrait d'un tueur névrosé ; le Jongleur (The Juggler, 1953), étude d'un cas de claustrophobie consécutive à la guerre, deux films à demi réussis, mais plus audacieux dans leur modestie que Ouragan sur le Caine (The Caine Mutiny, 1954). Après la Lance brisée (Broken Lance, 1954), intelligent « sur-western », et Vivre un grand amour (The End of the Affair, 1955), fidèle adaptation d'un roman de Graham Greene, le talent de Dmytryk ne se manifeste plus que par intermittence, en particulier dans le Bal des maudits (The Young Lions, 1958), évocation parfois magistrale de la dernière guerre où se retrouvent certaines préoccupations du réalisateur de Feux croisés, dans l'Homme aux colts d'or (Warlock, 1959), un beau western adulte, d'une subtile complexité, et dans Mirage (id., 1965), film d'angoisse aux résonances kafkaïennes. Tantôt incisif, tantôt pesant, le style de Dmytryk oscille, en ses moments les plus inspirés, entre un réalisme cruel issu du policier noir et un néo-expressionnisme. Il semble exprimer les hésitations d'une personnalité très ambiguë en proie à des obsessions fondamentales. Le thème de la culpabilité, réelle ou supposée, revient trop fréquemment dans son œuvre pour être l'effet du hasard.