Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SUMMERS (Manuel)

cinéaste espagnol (Séville 1935 - Madrid 1993).

Humoriste prolifique et acteur occasionnel, il partage, au début, les espoirs et ambitions du Nuevo Cine, avec Del rosa al amarillo (1963) et surtout Juguetes rotos (1966). Les échecs répétés de ses films auprès du public l'amènent à un infléchissement de plus en plus opportuniste, jusqu'à le diluer dans les sous-genres en vogue dans son pays. Il signe encore Ángeles ǵordos (1980) et Me hace falta un bigote (1986).

SUN DAOLIN

acteur et cinéaste chinois (Pékin 1921).

C'est un intellectuel, diplômé en philosophie de l'université américaine de Yenching, qui connaît notamment très bien Shakespeare. Il fait du théâtre et débute au cinéma avec Retrouvailles (Da tuanyuan, Ding Li, 1948). L'année suivante il joue un timide, mais honnête instituteur dans Corbeaux et Moineaux (Zheng Junli, 1949). Après son rôle dans la Marche de la jeunesse démocratique (Minzhu qingnian jinxingqu, Wang Yi, 1950), il a la vedette de Reconnaissance à travers le Yangtsé (Du jiang zhencha ji, Tang Xiaodan, 1954), en interprétant un officier communiste. Incarnant les personnages les plus divers, comme un frère faible d'esprit dans la Famille (Jia, Chen Xihe, Ye Ming, 1956), il tient avec succès les premiers rôles d'une série de films importants : la Ville sans nuit (Bu ye cheng, Tang Xiaodan, 1957), les Ondes impérissables (Yong bu xiaoshi de dianbo, Wang Ping, 1958), Une famille révolutionnaire (Shui Hua, 1960), le Dépôt 51 (Wushiyi hao bingzhan, Liu Qiong, 1961). En 1963, en intellectuel désemparé, il est le partenaire de Xie Fang dans Printemps précoce (Xie Tieli), un film violemment attaqué en 1964 dans une campagne de critique qui annonce la révolution culturelle. En 1979, il réapparaît à l'écran dans Li Siguang (id., Ling Zifeng), et, après la disparition de Zhao Dan, se voit confier le premier rôle de la Partie de go inachevée (Yipan meiyou xia wan de qi, Sato Junya, Duan Jishun, 1982). En 1984, il s'essaie à la mise en scène avec l'Orage (Lieyu) d'après la pièce de Cao Yu. Il enchaîne en 1986 avec le Président provisionnel. En dehors de ses activités d'acteur au théâtre et au cinéma, il est connu pour avoir doublé de nombreux films étrangers et pour être un excellent traducteur et adaptateur de pièces de théâtre et de scénarios de films.

SUNLIGHT.

Mot anglais (faux ami) pour lumière du soleil. En français, terme littéraire, n'appartenant pas au vocabulaire du cinéma, désignant les projecteurs de prise de vues. ( ARGOT.)

SUN YU (Sun Chengyu, dit)

cinéaste chinois (Chongqing 1900 - Shanghaï, 1990).

Après des études littéraires à Tianjin, puis aux États-Unis (université du Wisconsin, université Columbia et École de cinéma de New York), il retourne en Chine en 1927 pour commencer, trois ans plus tard, sa longue carrière de metteur en scène avec deux films très remarqués, dont ‘ Rêve de printemps dans l'antique capitale ’ (Gudao chun meng, 1930) et ‘ Herbes folles et Fleurs sauvages ’ (Ye cao xian hua, id.), œuvres qui seront suivies notamment par ‘ Du sang sur le volcan ’ (Huoshan qingxue, 1932), ‘ la Rose sauvage ’ (Ye meigui, id.) et, surtout, par ‘ le Petit Jouet ’ (Xiao wanyi, 1933) et ‘ la Route ’ (Da lu, 1934, l'un des plus solides classiques du cinéma chinois, où il inaugure un nouveau réalisme qui va bien au-delà du constat ou de la critique antérieurs) ; il a également écrit le scénario de ce dernier film comme celui d'un des sketches de ‘ Symphonie de la Lianhua ’ (Lianhua jiao xiang qu, 1937). Entre les deux, il a mis en scène une adaptation de la pièce de James Barrie Admirable Crichton, ‘ Retour à la nature ’ (Dao ziran qu, 1936), témoignant ainsi d'une rare capacité à renouveler les sources du cinéma national par des emprunts à la littérature étrangère, puisque ‘ Herbes folles et Fleurs sauvages ’ était déjà fortement influencé par la Dame aux camélias. Lorsque Shanghai tombe aux mains des Japonais, il s'intègre à une troupe de théâtre itinérante avant de gagner Hankou, où il écrit et réalise ‘ Dix Mille Lis dans le ciel ’ ‘ le Ciel immense ’ (Changkong wanli, 1940) après avoir été empêché par les autorités du Kuomintang de mener à bien un autre projet. Il signe la même année ‘ Baptême du feu ’ (Huode xili, id.). De retour à Shanghai après la reddition japonaise, il y fonde avec d'autres cinéastes la société cinématographique Kunlun, en 1947, et revient à la mise en scène avec ‘ la Vie de Wuxun ’ (Wu Xun zhuan, 1950). Ce film historique déchaîne la colère de Jiang Qing, provoque une intervention publique de Mao Zedong et ouvre pour le cinéma chinois une période de critique politique qui le stérilise (un seul film de fiction réalisé en 1951) et dont les conséquences se feront encore sentir plus de vingt ans plus tard. La carrière de Sun Yu semble alors terminée, comme semble compromise celle du grand acteur Zhao Dan, incarnation de Wu Xun à l'écran. Il reparaît pourtant à la faveur de la campagne des Cent Fleurs grâce à une comédie optimiste ‘ Avec le vent en poupe ’ (Cheng feng po lang, 1957) suivie de ‘ la Légende de Lu Ban ’ (Lu Ban de chuanshuo, 1958). En 1960, il met en scène son dernier film Qin niang mei, un opéra du Sichuan.

SUPERPANCHRO.

Terme vieilli, contemporain de panchro, pour désigner les négatifs noir et blanc panchromatiques de rapidité élevée. ( ÉCLAIRAGE.)

SUREXPOSÉ.

Se dit d'un film ayant reçu un éclairement excessif.

SURIMPRESSION.

Truquage obtenu par superposition de deux prises de vues, employé par ex. pour faire apparaître les « fantômes ». ( EFFETS SPÉCIAUX.)

SURIMPRESSION.

Impression de deux ou plusieurs images sur le même fragment de pellicule. Le procédé a d'abord été photographique. D'après Sadoul, c'est un certain Mummler, photographe à Philadelphie, qui le découvrit par hasard et le commercialisa en 1861. Plus tard, Méliès l'utilisa dans ses films comme succédané du truc des « spectres vivants et impalpables » : l'image de l'acteur jouant le spectre et filmé sur fond noir vient s'imprimer sur une scène déjà tournée et paraît immatérielle. La surimpression prend vite d'autres sens : transition et ellipse temporelle dans le fondu enchaîné (déjà chez Méliès), métaphore dans l'avant-garde française des années 20 ou chez Eisenstein (la Grève). Dans les années 60, elle devient une figure de prédilection des cinéastes underground américains : Stan Brakhage, par exemple dans Dog Star Man, superpose jusqu'à 4 couches d'images. L'emploi du 8 mm, dans les Songs, lui permet même de faire les surimpressions dans sa caméra (comme Méliès) et de se passer de l'intervention coûteuse du laboratoire. La surimpression a alors une valeur essentiellement plastique : les images se brouillent l'une l'autre en abstractions complexes, emblèmes d'un lyrisme visuel pur.