Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SIMMONS (Anthony)

cinéaste britannique (Londres 1922).

Après des études en droit et une brève carrière d'avocat, il devient romancier, puis cinéaste. Ses courts métrages obtiennent un grand succès : Sunday by the Sea (Lion d'or à Venise, 1953), Bow Bells (1953), The Gentle Corsican (1959, primé à Karlovy Vary), Your Money or Your Wife (id.). Entre-temps, Anthony Simmons avait travaillé à la Rank comme directeur administratif pour Temps sans pitié (J. Losey, 1956). Son premier long métrage Quatre Heures du matin (Four in the Morning, 1965), dont il est également scénariste, obtient le Grand Prix au festival de Locarno. The Optimists of Nine Elms (1973), d'après un de ses romans, confirme son habileté à harmoniser les éléments de fiction et le réalisme documentaire.

SIMMONS (Jean)

actrice britannique et américaine (Londres 1929).

Elle a quinze ans quand elle paraît dans Give Us the Moon (Val Guest, 1944) avant d'obtenir un petit rôle très remarqué dans le Chemin des étoiles (A. Asquith, 1945). Elle interprète aussitôt le personnage d'Estella adolescente dans les Grandes Espérances (D. Lean, 1946), et Laurence Olivier la choisit pour être l'inoubliable Ophélie de son Hamlet (1948), rôle qui lui vaut un prix au festival de Venise. Elle continue une carrière prometteuse en Grande-Bretagne, notamment dans le Lagon bleu (F. Launder, 1949), Adam et Évelyne (H. French, 1949), la Cage d'or (B. Dearden, 1950), la Fille aux papillons (R. Thomas, 1950). Son mariage avec l'acteur américain Stewart Granger en 1950 marque un tournant décisif, puisqu'elle quitte les studios de la Rank pour rejoindre Hollywood, où elle devient bientôt une des principales stars de la Fox. Sa beauté classique semble la désigner idéalement pour des rôles « antiques », dans Androclès et le lion (Chester Erskine, 1953), la Tunique (H. Koster, id.), l'Égyptien (M. Curtiz, 1954), Spartacus (S. Kubrick, 1960), ou des personnages historiques dans des superproductions en costume comme la Reine vierge (G. Sidney, 1953) ou Désirée (H. Koster, 1954) face à Marlon Brando incarnant Napoléon.

Son talent très diversifié lui permet heureusement d'apparaître dans des compositions plus modernes : elle peut être tour à tour une jeune meurtrière démente (Un si doux visage, O. Preminger, 1953), une actrice (The Actress, G. Cukor, id.), une adepte de l'Armée du salut (Blanches Colombes et Vilains Messieurs, J. L. Mankiewicz, 1955) avec la même conviction. Richard Brooks, qu'elle épousera en 1960, lui offre d'excellents rôles dans Elmer Gantry, le charlatan (1960), où elle est Aimée McPherson l'évangéliste, et The Happy Ending (1969), portrait nuancé d'une épouse malheureuse évoquant sa jeunesse perdue. En dépit de deux nominations pour l'Oscar (Hamlet et The Happy Ending), ses qualités d'actrice n'ont pas toujours été bien utilisées. À partir de 1970, ses apparitions à l'écran se font plus discrètes, malgré un rôle important dans Dominique (M. Anderson, 1978). Elle devient ensuite populaire pour son personnage de gouvernante dans Heidi, à la télévision.

SIMON (Claire)

cinéaste française (Londres 1955).

C'est en tant que monteuse qu'elle commence à travailler pour le cinéma, tout en réalisant parallèlement et à son compte des courts métrages de fiction et des documentaires. Dans chacun de ces deux genres qu'elle continuera à investir tout au long de sa carrière, elle privilégie l'exploration de la manière dont les règles et les codes sociaux oppressent l'individu, encourageant ainsi des comportements agressifs, voire autodestructeurs. Parmi ses premières réalisations, mentionnons deux fictions, la Police (1988) et Scène de ménage (1991), et un documentaire, les Patients (1989). Dans Récréations (1992), elle projette le regard d'un anthropologue sur la cour de récréation d'une école maternelle, véritable mini-société en puissance où les rapports de force qui fondent les relations entre les adultes sont déjà en place. Pour Coûte que coûte (1995), elle enregistre pendant six mois la vie d'une petite entreprise niçoise confrontée aux lois implacables de la guerre économique. Sinon oui (1997), son premier long métrage de fiction, raconte l'histoire d'une femme qui prétend être enceinte pour satisfaire son entourage et finit par s'enfermer dans son propre mensonge. En 2000, elle réalise ça, c'est vraiment toi, le quatrième volet de la collection « Génération TSN », une comédie brillante et enlevée tournée avec les comédiens du Théâtre national de Strasbourg.

SIMON (Michel-François, dit François)

acteur suisse (Genève 1917 - id. 1982).

Il est le fils de Michel Simon, dont il a porté le prénom à ses débuts d'acteur avant d'opter pour celui de François. Élevé en Suisse, il a rarement travaillé aux côtés de son père — on le voit toutefois dans quatre films de ce dernier, dont Circonstances atténuantes (J. Boyer, 1939), où il est un accordéoniste. Il se consacre principalement au théâtre et apparaît occasionnellement dans des films suisses. Son nom est associé à quelques-uns des travaux les plus représentatifs du renouveau du cinéma suisse : Charles mort ou vif (A. Tanner, 1969), le Fou (C. Goretta, 1970), l'Invitation (id., 1972), et, chez les germanophones, la Mort du directeur du cirque de puces (T. Koerfer, 1973). On le voit également dans Lumière, de Jeanne Moreau (1976), et dans Violanta, de Daniel Schmid (1977).

SIMON (François Michel, dit Michel)

acteur suisse (Genève 1895 - Bry-sur-Marne, France, 1975).

Rebelle au calvinisme, très jeune Michel Simon affirme son indépendance. Enfant fugueur, observateur attentif et amoureux de la nature, il se constitue en solitaire une culture marginale qui ne l'empêche aucunement de puiser son énergie spirituelle chez les classiques. Il sait apprécier en même temps la démesure et la tendresse, mettant dans son art de vivre un génie qui rejaillit dans la moindre de ses compositions. Ayant approché le théâtre grâce à la troupe de Pitoeff à Genève, il tourne dans quelques films muets, puis connaît une immense renommée, sur la scène et à l'écran, avec la création du rôle de Clo-Clo de Jean de la Lune, de Marcel Achard.

Déçu de constater l'insuccès des œuvres auxquelles, en artiste lucide, il tient le plus, il ne refusera pas d'aborder, à la scène ou devant les caméras, l'opérette, le vaudeville ou le drame facile, genres que, d'ailleurs, il ne méprise pas ; il croit à la beauté poétique fraternelle des spectacles, mais également aux vertus défoulantes du divertissement, et il apporte la même intelligence et une identique intuition à pousser un portrait jusqu'à la caricature ou à le rendre avec réalisme dans sa vérité.