Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KIRIENKO (Zinaïda)

actrice soviétique (Makhatch Kaka, Ukraine, 1933).

Elle est diplômée de la faculté d'acteurs du VGIK en 1958. Encore étudiante, elle est engagée par son professeur, Sergueï Guerassimov, pour interpréter l'un des rôles principaux du Don paisible, où elle affirme déjà une personnalité remarquable. Puis Youlia Solntseva la fait jouer dans son Poème de la mer (1958) et plus tard dans Récit des années de feu (1961) et la Desna enchantée (1964). Mais c'est sa participation en vedette au Destin d'un homme (1959) de Bondartchouk qui lui vaut consécration et popularité du fait de sa beauté sombre et racée, de la sobre sincérité de son jeu et de sa présence dramatique. Elle n'est apparue par la suite que dans des films de moindre importance : l'Amour de la terre (E. Matveev, 1974), le Destin (id., 1977) et Ils étaient acteurs (Oni byli aktiorami, Gueorgui Natanson, 1981).

KIRKWOOD (James)

acteur et cinéaste américain (Grand Rapids, Mich., 1875 - Woodland Hills, Ca., 1963).

Il débute à l'écran en 1909 à la Biograph et joue des rôles majeurs dans les premiers films de D. W. Griffith. En 1912, il passe à la mise en scène, dirigeant notamment Mary Pickford dans neuf films (et s'octroyant le principal rôle masculin dans trois d'entre eux). On le voit également aux côtés de Lillian Gish et de Blanche Sweet. Il abandonne la réalisation à la fin des années 10, mais poursuit une longue carrière d'acteur jusqu'à sa mort : Home, Sweet Home (D. W. Griffith, 1914), The Luck of the Irish (A. Dwan, 1920), Bob Hampton of Placer (M. Neilan, 1921), Human Wreckage (John Griffith Wray, 1923), That Royle Girl (D.W. Griffith, 1925), Butterflies in the Rain (Edward Sloman, 1926), Over the Hill (H. King, 1931), Hired Wife (George Melford, 1934), The Last Posse (A. Werker, 1953).

KIRSANOFF (David Kaplan dit Dimitri)

cinéaste français d'origine estonienne (Dorpat 1899 - Paris 1957).

Arrivé à vingt ans à Paris pour étudier le violoncelle au Conservatoire, il y reste jusqu'à sa mort, réalisant, le plus souvent seul et méconnu, une vingtaine de films, dont les premiers figurent parmi les plus belles œuvres du cinéma indépendant de tous les temps : l'Ironie du destin (1922) n'existe plus, mais Ménilmontant (1926) et Brumes d'automne (1929) prouvent à l'envi le génie de ce cinéaste qui s'est formé lui-même tout en jouant un moment, comme Grémillon, dans l'orchestre du ciné Max Linder. Refusant les intertitres et misant tout sur l'image, il rend périmée la fameuse opposition de Bazin : comme Epstein, il est autant un cinéaste du montage (fait dans la caméra, même dans la scène ultrarapide du meurtre de Ménilmontant) qu'un cinéaste du réel (qui tourne en extérieurs, la caméra à la main).

Dans Brumes d'automne, aussitôt imité aux États-Unis, il élabore autour de son héroïne, Nadia Sibirskaia, son épouse, vedette de ses premiers films — grâce à la surimpression, aux subtiles gradations lumineuses, aux reflets, aux fondus —, un climat poétique de nostalgie qui annonce les films « subjectifs » les plus modernes (de Brakhage à J.-P. Dupuis). De ses autres films, souvent des besognes alimentaires comme Quartier sans soleil (1945 ;  : 1939) ou le Crâneur (1955), il ne retenait lui-même en 1955 que Deux Amis (1946), Arrière-Saison (1950) et Mort d'un cerf / Une chasse à courre (1951). Pourtant Rapt (1934), tourné en Suisse d'après Ramuz et où l'image est subtilement synchronisée à une musique semi-bruitiste de Honegger et Arthur Hoérée (avec recours aux ondes Martenot), ne manque pas d'intérêt.

KISHI (Keiko)

actrice japonaise (Yokohama 1932).

En 1951, l'année de ses débuts à la Shochiku, elle ne tourne pas moins de treize films, dont la plupart sont des mélodrames. Elle devient célèbre dès 1953 avec un des plus grands succès du cinéma japonais Quel est ton nom ? (Kimi no na wa) de Hideo Ooba, en trois parties, repris d'un feuilleton radiophonique très populaire. Elle joue alors des rôles de jeune femme vive et sensible, comme dans le Jardin des femmes (K. Kinoshita, 1954), ou Voici une fontaine (T. Imai, 1955). Après un film pour Ozu, Printemps précoce (1956), elle entame une carrière internationale avec Typhon sur Nagasaki, d'Yves Ciampi (1957), réalisateur qu'elle épousera. On l'a vue depuis dans des films très divers, souvent dirigés par Masaki Kobayashi (Je t'achèterai, 1956 ; l'Héritage, 1962 ; Kwaidan, épisode la Femme des neiges, 1964), Ichikawa (Tendre et folle adolescence, 1960 et les Quatre Sœurs Makioka, 1983), Toyoda (Pays de neige, 1957), Kinoshita (Rafale de neige [Kazana], 1959), Koichi Saito (le Rendez-vous [Yakusoku], 1972) ou Kumai (les Passions du Mont Aso, 1990). Elle a également joué dans des productions étrangères comme les Pianos mécaniques (J. A. Bardem, 1965) ou Yakuza (S. Pollack, 1975).

KISHIDA (Kyoko)

actrice japonaise (Tokyo 1930).

Fille d'un célèbre dramaturge, Kunio Kishida, elle étudie l'art dramatique au Bungaku-Za, et joue d'abord sur scène. Après un rôle de figuration dans ‘ Eaux troubles ’ (T. Imai, 1953), elle fait ses véritables débuts au cinéma dans la Condition de l'homme (3e partie, M. Kobayashi, 1961). Suivent ensuite des interprétations très diverses, en général de femmes sensuelles ou de prostituées (à cause de son physique marqué), en particulier dans Histoire cruelle du Bushido (Imai, 1963), ‘ le Paria ’ (K. Ichikawa, 1962), le Goût du saké (Y. Ozu, 1962), ou encore Manji (Y. Masumura, 1964). Mais c'est surtout son rôle de la Femme des sables (H. Teshigahara, 1964), face à Eiji Okada, qui, grâce à son talent, fait accepter pleinement à l'écran l'impact érotique de Kyoko Kishida. Dans les années 70-80, elle a encore interprété un grand nombre de films, dont la Mer et le Poison (K. Kumai, 1986).

KITANO (Takeshi, dit « Beat »Takeshi)

cinéaste et acteur japonais (Tokyo 1947).

D'abord comédien de « manzai » (comique verbal) avec son complice « Beat » Kiyoshi dans le duo « Two Beats » créé en 1973, il devient rapidement célèbre à la télévision, où il anime de nombreuses émissions satiriques depuis 1975. Nagisa Oshima le remarque et l'engage pour le rôle du sergent Hara dans Furyo (1983). Il passe à la mise en scène en 1989 en remplaçant Kinji Fukasaku sur le tournage de Violent Cop (Sono otoko kyobo nitsuki), qui révèle un sens très personnel du cinéma sur fond de violence stylisée. Il tourne ensuite Boiling Point (Jugatsu, 1990), à l'humour assez surréaliste. Depuis A Scene at the Sea (Ano natsu ichiban shizukana umi, 1991), film contemplatif sur un jeune garçon apprenti surfeur dont la musique est composée par Joe Hisaishi, il écrit, met en scène et monte ses films. Avec Sonatine (1993), un film de yakuza, il parvient à créer son univers, très particulier, fait d'un mélange de candeur enfantine et de cruauté, qui l'impose à l'étranger. Malgré un très grave accident de moto, il peut terminer en 1994 Getting any ? (Minna yatteruka), une comédie loufoque qui marque un retour au ton irrévérencieux de ses sketches télévisés. La même année, il joue dans Johnny Mnemonic de Robert Longo. En 1996, il réalise Kids Return, un portrait autobiographique de deux jeunes adolescents. Hana-bi, son œuvre la plus maîtrisée et la plus puissante — où apparaissent ses peintures — , remporte le Lion d'or au Festival de Venise en 1997. Après l'Été de Kikujiro (Kikujiro no natsu, 1999), où il laisse pleinement exprimer son goût pour le farniente et la poésie, il retrouve Oshima pour interpréter le capitaine du Shinsengumi dans Tabou (2000). Avec Aniki, mon frère (2000), tourné aux États-Unis, il réalise son huitième film.