Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GABIN (Jean Gabin Alexis Moncorgé, dit Jean) (suite)

Jean Gabin

acteur tragique de Paris

gentleman du cinéma élisabéthain

dans la périphérie du film quotidien.

Films  :

Ohé ! les valises et les Lions (sketches muets, auteur inconnu, 1928) ; Chacun sa chance (H. Steinhoff et René Pujol, 1930) ; Méphisto (Henri Debain et Nick Winter, 1931) ; Paris-Béguin (A. Genina, id.) ; Tout ça ne vaut pas l'amour (J. Tourneur, id.) ; Cœurs joyeux (Hanns Schwarz, id.) ; Gloria (Hans Behreudt et Yvan Noé, id.) ; les Gaietés de l'escadron (M. Tourneur, 1932) ; Cœur de lilas (A. Litvak, id.) ; la Belle Marinière (Harry Lachman, id.) ; La foule hurle (Raoul Daumery et H. Hawks, id.) ; Pour un soir (Jean Godard, 1933) ; l'Étoile de Valencia (S. de Poligny, id.) ; Adieu les beaux jours (Johannes Meyer, id.) ; le Tunnel (C. Bernhardt, id.) ; Du haut en bas (G. W. Pabst, id.) ; Zouzou (M. Allégret, 1934) ; Maria Chapdelaine (J. Duvivier, id.) ; Variétés (N. Farkas, 1935) ; Golgotha (Duvivier, id.) ; la Bandera (id., id.) ; la Belle Équipe (id., 1936) ; les Bas-Fonds (J. Renoir, 1937) ; Pépé le Moko (Duvivier, id.) ; la Grande Illusion (Renoir, id.) ; le Messager (R. Rouleau, id.) ; Gueule d'amour (J. Grémillon, id.) ; Quai des brumes (M. Carné, 1938) ; la Bête humaine (Renoir, id.) ; le Récif de corail (Maurice Gleize, 1939) ; Le jour se lève (Carné, id.) ; Remorques (Grémillon, 1940) ; la Péniche de l'amour (Moontide [A. Mayo], 1942) ; l'Imposteur (The Impostor [Duvivier], 1944) ; Martin Roumagnac (G. Lacombe, 1946) ; Miroir (Raymond Lamy, 1947) ; Au-delà des grilles (R. Clément, 1949) ; Pour l'amour du ciel (È più facile che un cammello... [L. Zampa], 1950) ; la Marie du port (Carné, id.) ; Victor (C. Heymann, 1951) ; La nuit est mon royaume (Lacombe, id.) ; le Plaisir (Max Ophuls, 1952) ; la Vérité sur Bébé Donge (H. Decoin, id.) ; la Minute de vérité (J. Delannoy, id.) ; Leur dernière nuit (Lacombe, 1953) ; Fille dangereuse (Bufere [G. Brignone], id.) ; la Vierge du Rhin (G. Grangier, id.) ; Touchez pas au grisbi (Jacques Becker, 1954) ; l'Air de Paris (Carné, id.) ; Napoléon (S. Guitry, 1955) ; le Port du désir (E. T. Gréville, id.) ; French Cancan (Renoir, id.) ; Razzia sur la schnouff (Decoin, id.) ; Chiens perdus sans collier (Delannoy, id.) ; Gas-oil (Grangier, id.) ; Des gens sans importance (H. Verneuil, 1956) ; Voici le temps des assassins (Duvivier, id.) ; le Sang à la tête (Grangier, id.) ; la Traversée de Paris (C. Autant-Lara, id.) ; Crime et Châtiment (G. Lampin, id.) ; le Cas du docteur Laurent (J.-P. Le Chanois, 1957) ; Le rouge est mis (Grangier, id.) ; les Misérables (Le Chanois, 1958) ; Maigret tend un piège (Delannoy, id.) ; En cas de malheur (Autant-Lara, id.) ; le Désordre et la Nuit (Grangier, id.) ; les Grandes Familles (D. de La Patellière, id.) ; Archimède le clochard (Grangier, 1959) ; Maigret et l'affaire Saint-Fiacre (Delannoy, id.) ; Rue des prairies (La Patellière, id.) ; le Baron de l'Écluse (Delannoy, 1960) ; les Vieux de la vieille (Grangier, id.) ; le Président (Verneuil, id.) ; Le cave se rebiffe (Grangier, 1961) ; Un singe en hiver (Verneuil, 1962) ; le Gentleman d'Epsom ou les Grands Seigneurs (Grangier, id.) ; Mélodie en sous-sol (Verneuil, 1963) ; Maigret voit rouge (Grangier, id.) ; Monsieur (Le Chanois, 1964) ; l'Âge ingrat (Grangier, id.) ; le Tonnerre de Dieu (La Patellière, 1965) ; Du rififi à Paname (id., 1966) ; le Jardinier d'Argenteuil (Le Chanois, id.) ; le Soleil des voyous (Delannoy, 1967) ; le Pacha (G. Lautner, 1968) ; le Tatoué (La Patellière, id.) ; Sous le signe du taureau (Grangier, 1969) ; le Clan des Siciliens (Verneuil, id.) ; la Horse (P. Granier-Deferre, 1970) ; le Chat (id., 1971) ; Le drapeau noir flotte sur la marmite (M. Audiard, id.) ; le Tueur (La Patellière, 1972) ; l'Affaire Dominici (C. Bernard-Aubert, 1973) ; Deux Hommes dans la ville (J. Giovanni, id.) ; Verdict (A. Cayatte, 1974) ; l'Année sainte (Jean Girault, 1976).

GABLE (William Clark Gable, dit Clark)

acteur américain (Cadiz, Ohio, 1901 - Los Angeles, Ca., 1960).

Fils d'un paysan devenu extracteur de pétrole, il passa son adolescence à rêver de théâtre et à étudier en cachette, fuyant enfin à vingt ans avec une troupe itinérante. Il fut (entre autres) marchand de cravates et caricaturiste, avant de rencontrer une autre troupe dirigée par l'actrice Josephine Dillon, de quatorze ans son aînée, qui l'épousa et fit de lui un acteur. La troupe atteignit Hollywood, où Gable tint de très petits rôles dans des films de Lubitsch et de Stroheim. Mais cette expérience (1924-25) fut décevante. C'est seulement après d'autres tentatives théâtrales que Gable, grâce à Lionel Barrymore, « força les portes » de la MGM, non sans peine. Il serait resté confiné à des emplois de brute (on le trouvait laid) sans une série d'actrices (Joan Crawford notamment) qui ne partagèrent pas les préjugés du studio quant à son physique, et lui apprirent son métier. Il eut l'intelligence et l'acharnement de travailler à sa propre transformation, tournant de 1931 à 1939 dans près de quarante films, et s'imposant comme un séducteur tour à tour brutal et raffiné, au sourire irrésistible, cachant un cœur généreux sous l'écorce de l'aventurier. Ce personnage (limité par les standards de la MGM, où il fut sous contrat) correspondait certes à sa nature, y compris dans ses aspects les plus sympathiques : il n'eut guère que des amis à Hollywood. D'où, aussi, le « naturel » dont il fit preuve dans des emplois stéréotypés.

Le succès inattendu de New York-Miami, pour lequel il fut « loué » à la Columbia par Louis B. Mayer (qui croyait ainsi le discipliner !), prouva qu'il avait de l'humour et lui valut un Oscar. En 1938-39, Gable apparut comme au sommet de sa gloire. On le baptisa « le Roi », et son (troisième) mariage avec Carole Lombard enthousiasma les foules. Quand Selznick le loua à prix d'or pour Autant en emporte le vent, tout le monde (sauf lui-même) pensa qu'il était le seul à pouvoir jouer Rhett Butler. (Si cette interprétation le statufia un peu, elle demeure cependant l'un des meilleurs éléments d'un film hétérogène.)