Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
I

ICHMOUKHAMEDOV (Elier) [El'er Muhitdinovič Išmuhamedov]

cinéaste soviétique (Tachkent, Ouzbékistan, 1942).

Diplômé du VGIK en 1965, c'est au cours même de ses études qu'il réalise son premier film : ‘ la Rencontre ’ (Svidanie, 1963). Mais c'est par ses deux premiers longs métrages qu'il se signale à l'attention : Tendresse (‘ Nežnost ’ 1966) et les Amoureux (Vljublënnye, 1969) révèlent un talent qui s'exprime à la fois par la délicatesse enjouée de la description psychologique et par la fraîcheur de l'approche réaliste de la vie quotidienne, bien soutenues par une vibrante et lumineuse photographie. Le réalisateur s'impose dès lors comme l'un des chefs de file du renouveau de la production d'Ouzbékistan : ‘ Rencontres et Séparations ’ (Vstreči i rasstavanija, 1974) ; ‘ les Oiseaux de nos espérances ’ (Pticy našich nadežd, 1976) ; ‘ Devant nous l'avenir ’ (Kakie naši gody !, 1980) ; ‘ la Jeunesse d'un génie ’ (Junost‘ genija, 1983) ; ’ Adieu la verdure de l'été‘ (Proščoj, zelen' leta, 1985) ;  ’ le Choc‘ (Šok, 1988).

IIMURA (Takahiko)

cinéaste expérimental et vidéographe japonais (Tokyo 1937).

Après des études à l'université Keio à Tokyo, il fonde un groupe de cinéastes indépendants japonais et réalise plusieurs films en 8 mm : Dada 62 (1962), De Sade (id.) et surtout le très beau ‘ Amour ’ (Ai, 1962-63), pour lequel Yoko Ono fera une musique et qui célèbre en très gros plans presque abstraits l'étreinte de deux amants. Mainte œuvre réalisée avant (Onan, 1963) ou après son arrivée aux États-Unis (1966) doit aussi sa célébrité à l'érotisme, mais de plus en plus subverti (A Dance Party in the Kingdom of Lilliput No 1, 1964 ; Flowers, 1968 ; Virgin Conception, id., etc.). Car un désir de dépouillement travaille très tôt son œuvre jusqu'à Shutter (1970), où l'abstraction totale est atteinte. Parallèlement à Models (1972), One Frame Duration (1977) ou Ma (1978), purs jeux structurels abstraits, il se consacre à des « installations », avec des projecteurs et leur pellicule utilisés comme des sculptures (Dead Movie, 1968 ; A Loop Seen as a Line, 1973), ou à la vidéo qu'il utilise pour d'austères jeux sémiotico-grammaticaux sur la communication — Self Identity (1972-1974) ; Talking to Myself : Phenomenological Operation (1978) —, mais aussi, depuis 1983, pour des séries de portraits.

IKEBE (Ryo)

acteur japonais (Tokyo 1918).

Il débute à la Cie Toho en 1941 dans ‘ le Poisson lutteur ’, de Yasujiro Shimazu, où il est un élégant jeune premier. C'est après la guerre qu'il devient un comédien de premier plan, dans des films comme ‘ la Guerre et la Paix ’ (S. Yamamoto et F. Kamei, 1947), et surtout ‘ les Montagnes vertes ’ (T. Imai, 1949), qui remporte un grand succès populaire. Il joue aussi bien dans les comédies mélodramatiques d'Ichikawa (l'Amant, 1951 ; ‘ la Femme qui toucha les jambes ’, 1952) que dans des films plus dramatiques, comme ‘ les Contemporains ’ (Minoru Shibuya, id.) ou Printemps précoce (Y. Ozu, 1956), où il tient le rôle d'un employé désabusé ayant une aventure avec une secrétaire (Keiko Kishi). Il retrouve cette dernière dans ‘ Pays de neige ’ (Toyoda, 1957, d'après Kawabata) et offre un nouveau visage d'homme mûr dans ‘ la Fleur séchée ’ / ‘ la Fleur pâle ’ de Shinoda (1964), aux côtés de Mariko Kaga. Depuis, on l'a vu dans de nombreux films de série (Showa zankyoden) de la Toei, comme partenaire de Ken Takakura, et dans ‘ le Chemin des bêtes ’ (Kemonomichi, de Eizo Sugawa, 1965).

ILIENKO (Youri) [Jurij Il'enko]

chef opérateur et cinéaste soviétique (Dniepropetrovsk 1936).

Il sort du VGIK avec un diplôme d'opérateur en 1960, travaille comme opérateur au studio de Yalta (Adieu colombes [Proščajte, golubi !], de Y. Seguel, 1961), puis, à partir de 1965, au studio de Kiev, où il s'assure une réputation mondiale par les admirables images des Chevaux de feu de Paradjanov, dont le style baroque et expressionniste lui doit beaucoup. Il passe à la réalisation avec des films poétiques où l'on retrouve son style haut en couleur : Une source pour les assoiffés (Rodnik dlja žažduščih, 1965, distribué en 1987), la Nuit de la veille de la Saint-Jean (Večer nakanune Ivana Kupala, 1968) et surtout l'Oiseau blanc marqué de noir (Belaja ptica s černoj otmetinoj, 1970), animé d'un puissant souffle lyrique sur un thème révolutionnaire. Autres films : Malgré tout (Naperekor vsemu, 1972) ; Vivre et rêver (Mečtat ‘ i žit ’, 1974) ; la Fête des pommes de terre cuites à la braise (Prazdnik pečënoj kartoški, 1977) ; Une rangée de fleurs sauvages non coupées (Poloska neskošennyh dikih cvetov, 1979) ; le Chant de la forêt. Mavka (Lesnaja pesnja. Mavka, 1981) ; la Légende de la princesse Olga (Legenda o Knjagine Olge, 1984) ; Une source pour les assoiffés (Rodnik dlja žaždajuših, 1986) ; les Cloches de paille (Solomennye kolokola, 1988). En 1990, il signe le scénario (avec Paradjanov), la photographie et la mise en scène d'un film insolite et contestataire le Lac des cygnes — la Zone (Lebedyne ozero — Zona).

ILINSKI (Igor) [Igor‘ Vladimirovic Il'inski]

acteur soviétique (Moscou 1901 - id. 1987).

Célèbre acteur de théâtre formé à l'école de Komissarjevski puis de Meyerhold, il débute au cinéma dans le rôle du détective privé Krivtssov (Aelita, Protazanov, 1924). Ses interprétations « excentriques » l'imposent dans des rôles de bouffons, de bourgeois ridicules. Son comique quelque peu mécanique et clownesque lui confère une place particulière dans le cinéma soviétique muet : la Vendeuse de cigarettes du Mosselprom (Y. Jeliaboujski, 1925) ; le Tailleur de Torjok (Y. Protazanov, id.) ; le Procès des trois millions (id., 1926) ; Miss Mend (F. Ozep et B. Barnet, 1926) ; la Fête de Saint-Jorgen (Y. Protazanov, 1930). Il en va de même lorsque le cinéma devient parlant (Volga Volga, G. Aleksandrov, 1938).

ILLERY (Paula Illescu, dite Pola)

actrice française d'origine roumaine (Corabia 1908).

Elle débuta à la fin du muet : un rôle de gitane dans le Capitaine Fracasse (A. Cavalcanti, 1929). Mais c'est surtout le parlant qui la révèle (quoique son français soit très approximatif). René Clair fait d'elle la partenaire — volage — d'Albert Préjean dans Sous les toits de Paris (1930), puis la maîtresse de Georges Rigaud dans Quatorze-Juillet (1933), deux films où son air de « petite poule » (comme on la désigne dans une autre bande de l'époque, Au pays du soleil) retient l'attention. On la reverra dans la Rue sans nom (P. Chenal, 1933) et dans la version française du diptyque le Tigre du Bengale / le Tombeau hindou de Richard Eichberg (1937). Après quoi elle disparaît des écrans, aussi subitement qu'elle y était apparue.