Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TANAKA (Kinuyo) (suite)

Pendant la guerre, elle rencontre Kenji Mizoguchi, qui lui donne la vedette dans ‘ Une femme d'Osaka ’ (1940), puis dans ‘ Trois Générations de Danjuro ’ (1944) et ‘ Miyamoto Musashi ’ (id.). C'est le début d'une remarquable collaboration qui la mènera des rôles « engagés » de l'après-guerre (‘ la Victoire des femmes ’, 1946 ; ‘ Femmes de la nuit ’, 1948 ; ‘ Flamme de mon amour ’, 1949) aux personnages plus complexes et souvent bouleversants de ses derniers films avec ce même cinéaste : la Vie de O-Haru femme galante (1952), où elle montre le meilleur d'elle-même dans un rôle très difficile, les Contes de la lune vague après la pluie (1953), l'Intendant Sansho (1954) et Une femme dont on parle (id.). Durant cette période, elle passe à la réalisation avec ‘ Lettre d'amour ’ (Koibumi, 1953), suivi de cinq autres titres jusqu'à ‘ l'Amour sous la croix ’ (Ogin-Sama, 1962) : cela semble avoir déplu à Mizoguchi, dont on dit alors qu'il est secrètement amoureux d'elle, et qui ne l'engage plus. Mais Kinuyo Tanaka poursuit sa carrière prolifique, jouant également pour Naruse (Okasan, 1952 ; ‘ Flotter ’, 1956), Ozu (‘ les Sœurs Munakata ’, 1950 ; ‘ Fleurs d'équinoxe ’, 1958 ; ‘ le Parfum de l'encens ’, 1964) et Kurosawa (apparition dans Barberousse, 1965), sans parler de très nombreux autres cinéastes. Elle subit une certaine éclipse à la fin des années 60, en pleine crise du cinéma japonais, mais revient en 1972 pour le rôle d'une ancienne prostituée en Malaisie dans ‘ le Bordel no 8 à Sandakan ’, de Kei Kumai. Après quelques petits rôles ici et là, elle apparaît une dernière fois dans ‘ la Berceuse de la grande terre ’ (Daiichi no komoriuta, Y. Masumara, 1976), avant de mourir. Sa filmographie compte plus de 230 titres.

TANAKA (Noboru)

cinéaste japonais (Hakuba, Préf. de Nagano, 1937).

Il effectue d'abord un petit travail d'assistanat sur Yojimbo, d'Akira Kurosawa* (1961), et entre à la Nikkatsu, où il devient assistant de plusieurs cinéastes, dont S. Imamura*, Seijun Suzuki* et Kei Kumai*. En 1972, il passe à la réalisation lorsque la Nikkatsu lance sa série « roman-porno » de films érotiques à petit budget. Il se distingue du tout-venant de la production par son raffinement esthétique et son goût pour l'étrange, sans doute hérité d'Imamura, dans des films souvent remarquable, comme la Femme du train de nuit (Yogisha no onna, 1972), Confidentiel : marché sexuel des filles (Maruhi : shikijo mesu ichiba, 1974), la Maison des perversités d'Edogawa Rampo : le promeneur du grenier (Edogawa Rampo ryokikan / Yaneura no Samposha, 1976), Nami, ou les Entrailles des anges (Tenshi no rarawata, Nami, 1979), et surtout sa version toute personnelle de la Véritable Histoire d'Abe Sada (Jitsuroku Abe Sada, 1975) sur le même fait divers que l'Empire des sens, de N. Oshima*. La fin de la série roman-porno l'oblige à se reconvertir dans d'autres genres ou à la télévision.

TANAKA (Tomoyuki)

producteur japonais (Osaka 1910 - Tokyo 1997).

Entré à la Toho en 1944, il y a produit plus de 200 œuvres, que ce soient des films fantastiques (Godzilla, 1954, et la suite), historiques (le Pousse-pousse, Inagagaki, 1958 ; l'Empereur et le Général, Okamoto, 1967 ; les Monts Hakkoda, S. Moritani, 1977) ou autres. Mais son nom reste surtout associé à la dernière période de l'œuvre de Kurosawa à la Toho : Les salauds dorment en paix (1960), Yojimbo (1961), Sanjuro (1962), Entre le ciel et l'enfer (1963) et Barberousse (1965). Il est également producteur exécutif de Kagemusha (1980).

TANDY (Jessie Alice, dite Jessica)

actrice américaine (Londres 1909 - Easton, Conn., 1994).

Comédienne de formation classique, elle se fait connaître à Londres et à New York dès la fin des années 20 avant de s'illustrer dans le répertoire shakespearien. En 1947, le rôle de Blanche Du Bois dans Un tramway nommé Désir lui vaut le premier des trois Tonys. De nombreux succès, fréquemment partagés avec son mari Hume Cronyn (The Four Poster, A Delicate Balance, The Gin Game, Tchin-Tchin, etc.), contribueront à faire de Jessica Tandy une figure marquante de Broadway.

Sa filmographie, peu fournie, mais d'une belle tenue, comprend des titres comme : la Septième croix (F. Zinnemann, 1944), le Château du dragon (J. L. Mankiewicz, 1946), Ambre (O. Preminger, 1947), le Renard du désert (H. Hathaway, 1951, dans le rôle de Mme Rommel), les Oiseaux (A. Hitchcock, 1962, la mère possessive de Rod Taylor), le Monde selon Garp (G. R. Hill, 1982), Cocoon (R. Howard, 1985), Miss Daisy et son chauffeur (B. Beresford, 1989), composition pour laquelle elle recevra un Oscar aussi tardif que mérité, Beignets de tomates vertes (Fried Green Tomatoes, John Avnet, 1991), Quatre New-Yorkaises (Used People, Beeban Kidron, 1992) et Nobody's Fool (R. Benton, 1994).

TANNAGE.

Durcissement chimique de la gélatine. ( COPIES, COUCHE SENSIBLE.)

TANNER (Alain)

cinéaste suisse (Genève 1929).

Fondateur — avec Claude Goretta — du ciné-club universitaire de Genève en 1951, il souhaite révéler grâce au cinéma les réalités historiques ou sociales de son pays, masquées par les tabous de la morale ou par les belles images touristiques d'un faux bonheur identifié trop souvent au standing. Mais ce projet paraît impossible à réaliser dans une Suisse officiellement indifférente au septième art. Toujours accompagné par Goretta, Alain Tanner se rend à Londres, fréquente les metteurs en scène du Free Cinema, tourne avec son camarade un court métrage, Nice Time (1957), qui sera primé à Venise. De retour dans sa ville natale, Tanner se bat, signe des films de commande et signe enfin en 1969 son premier long métrage, Charles mort ou vif, dont la réputation flatteuse va permettre la naissance d'un cinéma national. Le second essai de Tanner sera un coup de maître. La Salamandre devient en quelque sorte le film fétiche de toute une génération marquée par les années 60. Charles mort ou vif doit beaucoup à son interprète principal, François Simon, comme la Salamandre à Bulle Ogier. Dans les deux films les deux personnages centraux se sentent en marge d'une société qui cherche à les récupérer ou tout au moins à les étiqueter. Charles verra s'ouvrir devant lui les portes de l'asile psychiatrique, Rosemonde qui évolue de la lassitude existentielle à la révolte n'échappera pas à la schizophrénie. Il n'est pas aisé, on le voit, d'échapper à la « normalisation » sociale.