Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MAGNI (Luigi)

cinéaste italien (Rome 1928).

Il travaille comme scénariste et auteur de pièces théâtrales et débute en 1968 comme réalisateur avec Faustina, une petite histoire d'amour. Ses films suivants sont axés sur des épisodes de l'histoire de Rome, vue d'un œil sarcastique et démythifiant : Nell'anno del Signore (1969) ; Scipione detto anche l'Africano (1971) ; Une Tosca pas comme les autres (La Tosca, 1973) — ses meilleures réussites ; Au nom du pape roi (In nome del Papa Re, 1977) ; Arrivano i bersaglieri (1980). Ses fresques mettent en valeur les qualités d'histrions des meilleurs acteurs comiques, d'Alberto Sordi à Nino Manfredi, en passant par Vittorio Gassman, Monica Vitti et Ugo Tognazzi. Il réalise ensuite Secondo Ponzio Pilato (1986), O'Re (1988), Pio IX felicemente regnante (1990) et In nome del popolo sovrano (1991). Il signe enfin Nemici d'infanzia (1995), une histoire d'amour entre deux enfants pendant la Seconde Guerre mondiale, Esercizi di stile (1996), tentative d'application cinématographique du sketch du même nom de Raymond Queneau, puis La Carbonara (1999), un film historique d'aventures.

MAGOPTIC.

Dénomination des copies d'exploitation 35 mm comportant à la fois quatre pistes magnétiques et une piste photographique (mono). Ce format a disparu à la fin des années 60.

MAHAJAN (Kewal Krishan)

directeur de la photographie indien (Gurdaspur, Punjab, 1944).

Après des études scientifiques, il s'inscrit en 1963 au Film Institute de Poona, section photographie. Le premier long métrage dont il signe la photographie est Mr. Shome (1968) de Mrinal Sen, film phare dans l'émergence du film d'auteur indien. Parallèlement à une carrière dans le cinéma commercial, il travaille pour les auteurs de la Nouvelle Vague (Mrinal Sen, Basu Chatterji, Kantilal Rathod, Mani Kaul et Kumar Shahani).

MAḤFUẒ (Nagib)

écrivain et scénariste égyptien (Le Caire 1912).

Licencié en philosophie, il écrit quelques romans historiques, puis entreprend l'œuvre abondante, populaire, réaliste, où le cinéma, à partir de la fin des années 40, ne cesse de puiser avec plus ou moins de bonheur, et de fidélité. Mahfuz exerce bientôt une influence grandissante : par le nombre de ses romans portés à l'écran, et par son travail d'adaptateur, de scénariste et de dialoguiste à partir de son œuvre ou de classiques européens. Il collabore aussi bien à des productions commerciales de grande audience signées par Niyazi Muṣṭafa, Ḥasan al-Imam, Ḥusam al-Din Mustafa... qu'aux films d'un registre plus riche et d'un niveau de cinéma d'auteur cette fois, de Salah Abu Sayf (le Costaud ; Le Caire 30 ; Mort parmi les vivants...), à Yussif Chahin (‘ Gamila l'Algérienne ’, Saladin), ‘ Ali Badrakhan (‘ le Karnak ’) ou Sa ’ id Marzuq (les Coupables). Il contribue sans doute à renforcer une vieille tendance à trop s'inspirer de la littérature ; en revanche, il inculque à ses partenaires, cinéastes ou scénaristes, le respect d'un script solide, d'une construction dramaturgique et psychologique fiable. Son œuvre romanesque considérable, multiple et vivant miroir de la vie au Caire, s'avère un terrain sûr et fertile, plus sûr en tout cas — pour le cinéma égyptien — que les œuvres des grands auteurs occidentaux ou russes. Même si la part de critique sociale et l'analyse des comportements sont moins incisives dans leur adaptation à l'écran, des films comme, par exemple, ‘ Jeunesse d'une femme ’ (Abu Sayf, 1956) ou ‘ les Gens de la haute ’ (Badrakhan, 1982) témoignent de la vigueur d'un courant réaliste pourtant sans cesse endigué par la censure, la facilité, le seul souci des producteurs de faire de l'argent vite et sans risque. Nagib Maḥfuẓ obtint en 1988 le prix Nobel de littérature. De ce fait, le cinéma et la télévision égyptiens font de l'adaptation de ses écrits de fiction leur plat de résistance. Plus inattendue est la transposition faite au Mexique par Arturo Ripstein (Principio y fín, 1993).

MAÏAKOVSKI (Vladimir [Vladimir Vladimirovič Majakovskij])

poète et dramaturge soviétique (Bagdadi 1893 - Moscou 1930).

Né en Géorgie d'un père garde forestier, orphelin de père à treize ans, membre du parti bolchevique à quatorze ans, trois fois emprisonné pour activités clandestines, il entre en 1911 à l'Institut des beaux-arts de Moscou. L'année suivante, il adhère au groupe des « cubo-futuristes », dont il deviendra vite le chef de file majeur. Fasciné par le cinéma, il publie pendant l'été 1913 trois articles sur les rapports entre théâtre, cinéma et futurisme et écrit son premier scénario, la Poursuite de la gloire (Pogonija na slavoj), bien sûr refusé. Ne concevant pas l'art séparé du politique, il rallie dès les premiers jours la Révolution et crée le Komfout, mouvement des communistes-futuristes. Pour l'agitation politico-culturelle, il peint les fameux tracts-poèmes de l'agence télégraphique ROSTA. Au début de 1918, il travaille pour la firme Neptune, scénariste et interprète de trois films sans grandes ambitions : Pas né pour l'argent (Ne dlja deneg rodivšijcja, Nikandre Tourkine), la Demoiselle et le Voyou / l'Institutrice et le Houligan (Baryšnja i huligan, Evguéni Slavinski) et Enchaînée par le film (Zakovannaja filmoj, N. Tourkine). Le troisième seul innovait dans le sens avant-gardiste mais le studio en fit un film platement standard. Pendant la guerre civile, Maïakovski participe à l'agit-prop avec Au front (Na front, 1920). En 1922, il projette Benz no 22 (non réalisé), dont le protagoniste est une automobile, œuvre de la veine de sa pièce Mistéria-Bouff. De 1923 à 1929, il animera le Front gauche de l'art (LEF puis Nouveau-LEF), qui, conformément au programme des productivistes et des constructivistes, se propose de porter l'art dans la vie quotidienne et de l'y dissoudre. Durant les années 1926-27, pour les studios d'Ukraine (VUFKU), il compose une série de dix scénarios, profondément novateurs, tous satiriques, fantaisistes et burlesques : les Enfants (Deti) ; l'Éléphant et l'Allumette (Slon i spička) ; le Cœur du cinéma (Serdce kino) ; l'Amour de Chkafolioubov (Lioubov ' Skafoljubova) ; Octobrine et Décembrine (Oktjabrjukov i Dekabrjukov) ; Alekseï Smirnov et O. Iskander, 1928 ; Comment allez-vous ? (Kak poživaete !) ; Histoire d'un revolver (Istoria odnogo nagana) ; le Camarade Kopitko (Tovarichtch Kopytko) ; Rappelle-toi la cheminée (Pozabud ’ pro kamin), destiné à la FEKS ; l'Idéal et la couverture (Idéal i odejalo), préparé pour René Clair. Seuls les Enfants, devenu Trois (Troe, Aleksandr Soloniev, id.) et Décembrine et Octobrine furent (médiocrement) réalisés. C'est donc uniquement par la bande, à travers l'« excentrisme », que l'énorme talent de Maïakovski a pu enrichir le cinéma soviétique. Son œuvre a trouvé à l'écran une postérité en forme de « réhabilitation » discutable mais fervente dans les deux films de Sergueï Youtkevitch et Anatoli Karanovitch, les Bains (1962) et Maïakovski rit (d'après la Punaise, 1975).