Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BLAIN (Gérard)

acteur et cinéaste français (Paris 1930 - id. 2000).

Il commence sa carrière dès 1943 comme figurant à l'écran et au théâtre, mais n'obtient ses premiers vrais rôles qu'en 1954 (les Fruits sauvages d'Hervé Bromberger et Avant le déluge d'André Cayatte, Voici le temps des assassins, 1956, de Julien Duvivier, aux côtés de Jean Gabin et de Danièle Delorme). En 1958, il joue dans les Mistons, premier film de François Truffaut, puis, en Italie, les Jeunes Maris (1958), de Mauro Bolognini. Il incarne la jeunesse de l'après-guerre dans le Beau Serge (C. Chabrol, 1959) et les Cousins (id., id.), tous deux avec Jean-Claude Brialy. En Italie, Carlo Lizzani lui confie la composition du Bossu de Rome (1960) puis le rôle principal de Traqués par la Gestapo (1961). Hollywood l'appelle : dans Hatari (1962), il est le « petit brun révolté et violent » que l'on retrouve souvent dans l'œuvre de Hawks. Mais ce qui pourrait être pour Blain le grand départ dans la carrière le déçoit profondément. Son métier d'acteur le laisse insatisfait. En 1971, il passe de l'autre côté de la caméra : les Amis, film simple et courageux, est bien accueilli par la critique. On le rapproche de Bresson, un des cinéastes qu'il admire. Toujours scénariste de ses films, il interprète aussi le rôle principal dans le Pélican (1974). En 1975, il réalise Un enfant dans la foule. En règle générale, il tourne avec des moyens peu importants et sans comédiens très connus (exception faite pour Un second souffle, 1978, avec Robert Stack). Ces quelques films lui donnent une place particulière dans le cinéma français. Le Rebelle, en 1980, confirme sa maîtrise, son souci d'indépendance, et sa persévérance dans le choix des sujets (l'homosexualité, la quête filiale et paternelle, un anarchisme non intellectuel) de même que Pierre et Djemila (1987), sobre histoire d'un amour contrarié entre un apprenti géomètre de 17 ans et une toute jeune fille d'origine algérienne. En 1995 il présente Jusqu'au bout de la nuit et en 1999 Ainsi soit-il où la révolte prend la forme d'un émouvant testament. En 1976, Wim Wenders lui avait confié l'interprétation d'un des rôles principaux de l'Ami américain. Il avait repris de temps à autre le chemin des studios comme acteur : la Flambeuse (Rachel Weinberg, 1980), Poussière d'ange (Edouard Niermans, 1987), Natalia (Bernard Cohn, 1989). ( : ▲)

BLAIR (Betsy Roger, dite Betsy)

actrice américaine (New York, N. Y., 1923).

Après avoir joué dans la Fosse aux serpents (A. Litvak, 1949) et dans le Mystère de la plage perdue (J. Sturges, 1950), elle obtient le grand prix d'Interprétation féminine au festival de Cannes pour sa performance dans Marty (Delbert Mann, 1955), où elle formait un couple inattendu avec Ernest Borgnine. Aussitôt Bardem lui offre le rôle de la vieille fille dans Grand'Rue (1956) et Antonioni la place sur l'itinéraire de son personnage désespéré du Cri (1957). Épouse de Gene Kelly puis de Karel Reisz.

BLANC (Dominique)

actrice française (Lyon 1962).

Elle se révèle dans Milou en mai de L. Malle (1989) après quelques années d'un parcours classique avec, parallèlement à son activité théâtrale, des seconds rôles au cinéma sous la direction de Régis Wargnier, Marco Pico, C. Chabrol (Une affaire de femmes, 1988), Bernard Cohn (Natalia, 1989). Elle affirme sa personnalité dans Plaisir d'amour (Nelly Kaplan, 1991), l'Affût (Yannick Bellon, 1992), et plus encore dans le rôle-titre de Faut-il aimer Mathilde ? (Edwin Baily, 1993) – un premier film qui lui doit beaucoup. Bien que moins en vue et de plus en plus sollicitée par la télévision, elle tourne notamment dans Voilà (M. Piccoli, 1997), Ceux qui m'aiment prendront le train (P. Chéreau, 1998), Allah bénit mon voyage (E. Baily, 2001).

BLANC (Michel)

acteur et cinéaste français (Courbevoie 1952).

Issu du café-théâtre (équipe du Splendid), ce petit homme frêle à l'humour nerveux et vindicatif apparaît dans plusieurs films (la Meilleure Façon de marcher, C. Miller, 1976 ; le Locataire, R. Polanski, id.), avant de connaître la popularité avec les Bronzés (P. Leconte, 1978). Voué à des emplois comiques, il tourne beaucoup, notamment avec Patrice Leconte (Viens chez moi, j'habite chez une copine, 1981). Il réalise son premier film en 1984, Marche à l'ombre, qui remporte un très grand succès public, tout comme Grosse Fatigue (1994). Sa carrière amorce un tournant avec Tenue de soirée (B. Blier, 1986), qui lui vaut le prix d'interprétation à Cannes pour son étonnante composition d'un Français moyen basculant dans l'homosexualité, et Monsieur Hire (P. Leconte, 1989) d'après Simenon. On le retrouve ensuite notamment dans Uranus (C. Berri, 1990) et Merci la vie (Bertrand Blier, 1991). Il réalise (et interprète), en 1994, Grosse fatigue, qui remporte un vif succès public et en 1999 Mauvaise passe. Devenu un acteur très populaire, il est également au générique de productions internationales : Prêt-à-porter (R. Altman, 1994), le Monstre (R. Benigni, id.).

BLANCHAR (Pierre Blanchard, dit Pierre)

acteur français (Philippeville [auj. Skikda, Algérie] 1892 - Paris 1963).

Après le Conservatoire, il mène de front, dès 1921, une double carrière théâtrale et cinématographique qui fait de lui un jeune premier différent des autres, plus intellectuel mais aussi plus profondément romantique. Ses films muets marquants sont Jocelyn (L. Poirier, 1922), le Joueur d'échecs (R. Bernard, 1927) ou le Capitaine Fracasse (A. Cavalcanti, 1929). L'avènement du parlant va révéler la singularité de sa personnalité et imposer son jeu, marqué par une diction emphatique, un regard impérieux, nourri de tics et d'effets, néanmoins très cinématographique et manifestant un sens aigu de la composition intérieure. Après les Croix de bois (R. Bernard, 1932), il se fait une spécialité — partagée avec Harry Baur — du transfert à l'écran des héros de la littérature. À son Saint-Avit de l'Atlantide (G. W. Pabst, 1932) succèdent ainsi un Raskolnikov halluciné dans Crime et Châtiment (P. Chenal, 1935), Mathias Pascal dans l'Homme de nulle part (id., 1937), Hermann dans la Dame de pique (F. Ozep, id.) ou Nikitine dans le Joueur (G. Lamprecht et L. Daquin, 1938). Les années 30 le voient aussi avorteur borgne dans Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937), espion interlope dans Mademoiselle Docteur (G. W. Pabst, id.) ou condamné clamant son innocence dans l'Affaire du courrier de Lyon (M. Lehmann et C. Autant-Lara, 1937) et l'Étrange Monsieur Victor (J. Grémillon, 1938).