CRONENBERG (David) (suite)
Après un court métrage, Transfer, en 1966, il tourne son premier long métrage en 1968, Stereo, suivi de Crimes of the Future (1969). C'est Frissons (The Parasite Murders/Shivers, 1970) qui le fait connaître du public et de la critique. Il se fonde sur un thème qu'il ne cessera de reprendre : une entité vient habiter les corps humains et les métamorphoser. Dans Rage (Rabid, 1976), il perfectionne les personnages, l'intrigue, la mise en scène. Le choc que crée Chromosome 3 (The Brood, 1979) vient de la force du sujet autant que des effets d'horreur parfaitement justifiés. Reprenant le sujet de Stereo, Scanners (id., 1981) mêle, comme Rage, la politique à l'horreur. Si Videodrome (id., 1983) est un échec commercial, c'est sans doute que Cronenberg, auteur du scénario, y montre avec la plus grande froideur l'attirance trouble pour les films de violence et d'horreur et y pousse le plus loin possible le rapprochement entre le héros et le spectateur du film. Dead Zone (The Dead Zone, 1983) adapte Stephen King avec discrétion. La Mouche (The Fly, 1986) est une synthèse des qualités techniques et dramatiques de Cronenberg. L'humanité des personnages et le réalisme des truquages transforment un vieux sujet (un film de Kurt Neuman, 1958) en une fable philosophique. Cronenberg réalise ensuite un film qui n'appartient ni au fantastique ni à la science-fiction, Fast Company (1979). Faux-semblants (Dead Ringers, 1988) est un film troublant sur la gemellité : il privilégie l'horreur psychologique en évoquant les dangers présentés par les manipulations génétiques. le Festin nu (The Naked Lunch, 1991) d'après William Burroughs, présente des parti-pris parfois contestables. Dans le plus sobre, mais plus égal, M. Butterfly (id., 1994), il contrebalance aisément la bizarrerie et l'invraisemblance du sujet par le refus de toute facilité, de tout pittoresque (une Chine de studio minimaliste mais étrangement vraie) et par un ton perpétuellement digne, voire tragique. Crash (id., 1996) est certainement plus provoquant mais souffre d'un certain maniérisme littéraire déjà perceptible dans le Festin nu. Sujet plus personnel, EXistenZ (id., 1999) revient aux proportions plus modestes de Videodrome et confirme le rôle déterminant que Cronenberg tient dans l'évolution du film fantastique et d'anticipation.