Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
R

RÉALISATION.

Activité du réalisateur.

RECADRAGE.

1. Petits mouvements de caméra qui permettent de recentrer l'action lorsque, par exemple, les acteurs se sont déplacés ( SYNTAXE) — 2. Modification du format des images lors d'un transfert optique (réduction ou gonflage), par exemple pour passer du super 35 full au 35 mm anamorphosé ( FORMATS).

RÉCEPTEUR.

Plateau récepteur, bobine réceptrice, plateau ou bobine sur lesquels le film vient s'enrouler à la fin de son circuit dans une caméra, un projecteur, une tireuse.

RÉCIPROCITÉ.

Écart à la réciprocité  PHOTOMÉTRIE.

REDFORD (Charles Robert Redford Jr., dit Robert)

acteur et cinéaste américain (Santa Monica, Ca., 1937).

L'école, puis l'université (du Colorado) ennuient le jeune Redford, qui ne s'intéresse qu'à l'art, au sport, mais a horreur de la routine et de l'esprit de compétition. Dix ou vingt métiers d'occasion et un long séjour en Europe (1956-57), puis il se marie en 1958. Il continue de rater ses études d'arts plastiques et même dramatiques, à New York, cette fois, lorsqu'il rencontre Sidney Lumet. En 1961, on lui propose un rôle en « vedette »... dans une production marginale à budget réduit, mais Redford en choisit un de second plan : celui d'un soldat idéaliste. Le film de Denis Sanders est remarqué, mais ce n'est pas encore le départ d'une carrière pour ce garçon timide, sauvage, mal coiffé, que le choix de son premier rôle à l'écran définit assez bien. Ses personnages successifs hériteront tous, peu ou prou, cette pureté, cet accord avec la solitude, l'angélisme du courage désintéressé. 1966 marque le tournant attendu grâce à un triplé pour lui superbe : Daisy Clover, de Mulligan ; la Poursuite impitoyable, de Penn ; Propriété interdite, de son ami Pollack. Redford y révèle, avec une animalité dramatique, sa sensibilité un peu sauvage. Il domine le film assez faible de Mulligan, à la fois par un métier enfin appris et un charme que le retour au romantisme ne manquera pas plus tard de mettre en valeur (Nos plus belles années) ou d'exploiter (Gatsby le magnifique). Aux côtés de Brando dans la Poursuite impitoyable, sous la direction de Pollack, dans cette autre histoire du deep South où il plonge avec Natalie Wood, il fait preuve d'autres ressources et prend la place vacante préparée, habitée dix ans plus tôt par Paul Newman. Il ne l'abandonne plus, même lorsqu'il enjambe, plein d'un entrain contagieux, les barrières de la légalité dans deux comédies policières (les Quatre Malfrats et l'Arnaque) et un western merveilleusement farfelu, de concert avec Newman, son complice déjà dans la précédente affaire. Redford pratique avec bonheur la mise en procès, ou la remise en cause du héros, floué, traqué ou se noyant, tout bonnement parce qu'il ne sait pas nager. Le parallèle avec Newman est là encore évident, et, de plus, chacun de leurs films-tandem, où ils se font valoir mutuellement, sont des paris tenus même si ce ne sont pas leurs plus beaux titres. L'irréductibilité des personnages de Newman aux stéréotypes est parfaitement partagée par Redford, capable d'une extraordinaire jubilation physique dans les films d'action et d'une malice contagieuse que Saks, Roy Hill ou Yates ont fait briller.

Sans doute Redford incarne-t-il (depuis le triomphe de Pieds nus dans le parc en 1967) une Amérique qui veut croire à la belle pérennité de sa jeunesse, au renouvellement inépuisable de sa volonté de puissance « libérale ». Il est capable de transférer l'héritage mythique de pureté morale et politique au programme démocrate sans même être ridicule (Votez McKay) et de montrer la presse dans un film qui a su éviter les simplifications manichéistes et ne pas jouer la remise en selle du chevalier redresseur de torts (les Hommes du président). Lui, qui plusieurs fois refuse des rôles de prestige, se dépense, avec Dustin Hoffman, pour faire aboutir sans concessions ce film quasi documentariste sur l'enquête du Watergate.

Quant aux ambiguïtés, elles sont jusqu'à présent dérivées vers des exploits parodiques, auxquels se relient ceux du ludique et baroque Cavalier électrique, sans pour autant compromettre un charme d'autant plus charismatique que l'homme a su se protéger (dans les montagnes de l'Utah) des turbulences du show business. Aussi peut-il proposer une méditation sur la solitude et le paradis perdu, la survie naturelle de l'individu et de la nature dans le plus beau poème lyrique de Sydney Pollack, sous les traits de Jeremiah Johnson — et prendre place ainsi au cœur du vieux rêve occidental.

Après une éclipse de quatre ans, il revient à l'écran dans le Meilleur (B. Levinson, 1984), étrange parabole adaptée de Malamud, où la légende arthurienne revit dans le monde très américain du base-ball : Redford, toujours ironique par rapport à son charisme, est l'interprète idéal de cette mythification/démystification. C'est naturellement Sydney Pollack, avec qui il continue de travailler, qui exploite le mieux toute l'ambiguë richesse de Redford dans Out of Africa (1985) et Havana (1990). Par contre, Adrian Lyne se révèle incapable d'aller au-delà des apparences dans Proposition indécente (1993).

Redford passe à la réalisation en 1980 avec Des gens comme les autres (Ordinary People), qui lui vaut l'Oscar du meilleur film et celui de la meilleure mise en scène. Film sobre et classique, qui explore avec compassion les blessures secrètes d'une famille apparemment sans histoire, Des gens comme les autres est le prolongement naturel de l'ambiguïté de Redford acteur. Ce dernier est passionné par la mise en scène et il y revient avec Milagro (The Milagro Beanfield War, 1988), fable sur le capitalisme qui, tout en restant de facture classique, éclipse le scénario quelque peu guindé du film précédent. Dès lors, Redford va édifier une véritable œuvre de cinéaste, revisitant tantôt avec une nostalgie poignante (Au milieu coule une rivière, A River Runs Through It, 1992, l'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux [The Horse Whisperer], 1998) parfois non exempte de maniérisme (la Légende de Bragger Vance [The Legend of Bagger Vance], 2000), tantôt avec une rage iconoclaste étonnante (Quiz Show, id., 1994), les mythes américains qui ont forgé son enfance et sa jeunesse : fidèle à une certaine tradition, il ne cesse cependant d'affiner son sens visuel et de peaufiner sa direction d'acteurs toute en souplesse.