Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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K.

Symbole du kelvin.

KABORÉ (Gaston)

cinéaste burkinabé (Bobo-Dioulasso 1951).

Après avoir grandi au Burkina Faso, il part étudier à Paris et obtient un DEA en histoire puis le diplôme de l'École supérieure d'études cinématographiques (ESEC). Tout d'abord scénariste et enseignant, il devient réalisateur et producteur. Après quatre courts métrages tournés en 16 mm (Je reviens de Bokin, 1977 ; Stockez et conservez les grains, 1978 ; Regard sur le 6e FESPACO, 1979 ; Utilisation des énergies nouvelles en milieu rural, 1980), son œuvre cinématographique débute pleinement par un long métrage fort remarqué en 1982, le Don de Dieu (Wend-Kuuni), primé aux festivals de Carthage, Locarno et Montpellier, et racontant l'histoire d'un petit garçon muet trouvé dans la savane par des villageois qui, ne connaissant pas son nom, le surnomment Wend-Kuuni. Après Zan-Boko (1989), qui retrace la disparition d'un petit village d'Afrique noire absorbé par une agglomération urbaine en expansion, Rabi (1992), la Vie en fumée (vidéo 1992) et Roger le fonctionnaire (vidéo 1993), Gaston Kaboré obtient avec Buud-Yam (1997) le plus prestigieux des prix africains, l'Étalon de Yennenga au FESPACO'97. La consécration est d'autant plus importante et symbolique que Buud-Yam reprend l'histoire du jeune Wend-Kuuni, désormais adulte et qui était la figure centrale de son premier long métrage. Ayant par ailleurs occupé diverses fonctions au sein d'organismes et d'institutions du cinéma africain, G. Kaboré a notamment été secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI).

KACHYŇA (Karel)

cinéaste tchèque (Vyškov 1924).

Diplômé de la faculté de cinéma de Prague (FAMU) en 1950, il débute comme documentariste, puis réalise des films d'aventures et d'espionnage. Il se tourne ensuite vers le monde de l'enfance, avec la collaboration de l'écrivain Jan Procházka, et se fait connaître (à Cannes et à Venise) avec Tourments (Trápeni, 1961), qui vaut par sa fantaisie poétique et son raffinement visuel. Des enfants et des adolescents vont désormais être les protagonistes de bon nombre de ses films, dont ‘ le Vertige ’ (Závrať, 1962), ‘ l'Espérance ’ (Naděje, 1964), Vive la République (Ať žije republika, 1965). La fin de la guerre et la Libération servent de toile de fond à ce dernier film, tout comme à Carrosse pour Vienne (Kočár do Vídně, 1966), l'un de ses meilleurs films, et plus tard au ‘ Train pour la station Ciel ’ (Vlak do stanice něbé, 1972). Profitant de la libéralisation de la fin des années 60, il aborde aussi les problèmes sociaux dans la Nuit de la nonne (Noc nevešty, 1967), politiques dans ‘ Un homme ridicule ’ (Směšny pán, 1969) et ‘ l'Oreille ’ (Ucho, 1970, sorti en 1989). Cependant moins engagé que ses jeunes collègues de la Nouvelle Vague, il pourra poursuivre une carrière abondante. Parmi ses nombreux films : Je sauterai encore par-dessus les flaques (Už zase skáču přes kaluže, 1971), ‘ l'Amour ’ (Láska, 1973), ‘ Mort d'une mouche ’ (Smrt mouchy, 1976), ‘ la Baraque de sucre ’ (Cukrová bouda, 1980), ‘ Attention, la visite ’ (Pozor, vizita, 1981), ‘ les Bonnes Sœurs ’ (Sestřičky, 1983), la Mort des beaux chevreuils (Smrt krásnych srnců, 1986), ‘ le Démon de midi ’ (Kam, pánové, kam jdete, 1987), ‘ Veuillez prendre acte de notre amour ’ (Oznamuje se láskám vašim, 1988), ‘ les Fous et les Jeunes Filles ’ (Blázni a děvčatká, 1989), le Cri du papillon (The Last Butterfly, 1990), ‘ Santa Claus passe par la ville ’ (Městem chodí Mikuláš, TV, 1992) ; la Vache (Kráva, 1993) ; ‘ Une saison parfaite ’ (Prima sezóna, Série TV, 1994), Fany (1995). En 1999 dans Hancle il adapte avec brio une nouvelle d'Ivan Olbracht qui évoque le destin d'une jeune fille de Ruthénie élevée dans une communauté hassidique qui décide de partir pour la Terre promise et s'éprend d'un homme qui a renoncé au judaïsme au profit de la libre-pensée.

KADAR (Jan[os])

cinéaste tchèque (Budapest, Hongrie, 1918 - Los Angeles, Ca., 1979).

Il abandonne des études de droit pour se consacrer à la photographie à Bratislava à partir de 1939, travaille à Prague aux studios Barrandov dès 1947 comme assistant et documentariste, signe en 1950 son premier film, Katka, puis inaugure une longue et fructueuse collaboration avec le réalisateur tchèque Elmar Klos à partir de 1952. Après des débuts modestes, dont ‘ la Musique de Mars ’ (Hudba z Marsu, 1954) et ‘ Trois Désirs ’ (Tři Přání, 1958), ils attirent l'attention avec La mort s'appelle Engelchen (Smrt si řiká Engelchen, 1963), dramatique récit d'un épisode de la résistance antinazie, et surtout avec l'Accusé (Obžalovaný, 1964), courageuse critique des abus de la période stalinienne à Prague. Ils sont définitivement consacrés par la Boutique sur la grand'rue / le Miroir aux alouettes (Obchod na korze, 1965), émouvante évocation de la répression antisémite pendant l'Occupation avec la grande actrice Ida Kaminska (Oscar du meilleur film étranger). À la suite de ce succès, Kadar et Klos se voient offrir par les Américains le financement d'une adaptation de la Guerre des salamandres de Karel Čapek mais les événements de 1968 empêchent la réalisation du projet. Ils adaptent alors un roman du Hongrois Lajos Zilahy, Quelque chose dérive sur l'eau, sous le titre Touha zvaná Anada (1969) ; mais, à cause du départ de Kadar pour les États-Unis, le film ne sortira qu'en 1971 à l'Ouest sous le titre Adrift. Aux États-Unis, Kadar réalise seul Angel Levine (1970), d'après un livre de Bernard Malamud, puis l'émouvant récit d'une enfance canadienne, Lies My Father Told Me (1975), et enfin une série de TV, le Chemin de la liberté (Freedom Road) avec le boxeur Muhammad Ali dans le rôle d'un homme politique noir.

KADOTCHNIKOV (Pavel) [Pavel Petrovič Kadočnikov]

acteur soviétique (Saint-Pétersbourg 1915 - Leningrad 1988).

Diplômé de l'Institut du théâtre de sa ville natale en 1935, il se produit dès lors régulièrement sur scène et simultanément au cinéma. Il se fait remarquer dans le rôle de Gorki, à quoi le prédestinait une certaine ressemblance, dans Yakov Sverdlov de Youtkevitch (1940), rôle qu'il reprendra dans ‘ le Poème pédagogique ’ (Pedagogičeskaja poema [A. Maslioukov et M. Maevskaia], 1955) et ‘ Prologue ’ (E. Dzigan, 1956). Sa forte personnalité et son visage « intéressant » semblent l'avoir voué aux rôles de composition de personnalités historiques dont le plus marquant est celui du prétendant Vladimir Staritski dans Ivan le Terrible (S. M. Eisenstein, 1942-1946), le demeuré que sa mère pousse à assassiner le tsar. Après cette création saisissante, il est encore en vedette dans le rôle d'un agent secret (Personne ne le saura/l'Exploit de l'agent secret, B. Barnet, 1947), puis d'un aviateur héroïque (Histoire d'un homme véritable, de Stolper, qui lui vaut un prix d'État en 1948). On l'a vu également dans ‘ Loin de Moscou ’ (A. Stolper, 1950), ‘ Souvenir russe ’ (G. Aleksandrov, 1960) et, plus récemment, dans Partition inachevée pour piano mécanique (N. Mikhalkov, 1976) ; Sibériade (A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1978) et Lénine à Paris (S. Youtkevitch, 1980). Il a réalisé trois films, dont ‘ les Musiciens d'une seule polka ’ (Muzykanty odnogo polka, 1965 ; CO Guennadi Kazanski). Au moment de sa mort, il travaillait au tournage du film les Cordes d'argent (Serebrianié strouni).