Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VALLI (Romolo)

acteur italien (Reggio nell'Emilia 1925 - Rome 1980).

Il s'illustre surtout au théâtre, où il débute en 1949. À la tête de sa propre compagnie, il joue presque tous les grands rôles du répertoire et campe notamment un inoubliable Henri IV (Pirandello). Son activité cinématographique le voit associé à des films auxquels il apporte toute la souplesse de son talent. Après Policarpo ufficiale di scrittura (M. Soldati, 1959), il apparaît en particulier dans la Grande Guerre (M. Monicelli, id.), Un giorno da leoni (N. Loy, 1961), le Guépard (L. Visconti, 1963) où il tient le rôle du curé crotté, le père Pirrone, le Jardin des Finzi-Contini (De Sica, 1970), Mort à Venise (Visconti, 1971), 1900 (B. Bertolucci, 1976), Un bourgeois tout petit petit (Monicelli, 1977).

VALLI (Virginia Helen McSweeney, dite Virginia)

actrice américaine (Chicago, Ill., 1898 - Palm Springs, Ca., 1968).

Star de la Universal au cours des années 20, elle rencontre la célébrité en interprétant le rôle de Manette Fachard dans The Storm (1922), un mélodrame de Reginald Barker, et est choisie par Alfred Hitchcock pour sa première mise en scène : The Pleasure Garden (1925). Elle est notamment au générique de His Father's Wife (Franck Crane, 1919), The Black Circle (Franck Reicher, id.), Sentimental Tommy (John S. Robertson, 1921), The Shock (Lambert Hillyer, 1923), K, the Unknown (Harry Pollard, 1924), Up the Ladder (Edward Sloman, 1925), Marriage (R. William Neill, 1927). Elle se retire de l'écran en 1931, après avoir épousé Charles Farrell.

VALLONE (Raffaele, dit Raf)

acteur italien (Tropea 1916).

D'abord journaliste (il collabore à la page culturelle de l'Unita de 1947 à 1948), il est choisi par De Santis pour jouer le rôle du bon prolétaire de Riz amer (1948) ; le succès du film l'amène à reprendre souvent le même type de personnage sympathique, très caractéristique des œuvres néoréalistes : Pâques sanglantes (id., 1949), Cuori senza frontière (L. Zampa, id.), le Chemin de l'espérance (P. Germi, 1950), Brigades volantes (Il bivio, F. Cerchio, id.), le Christ interdit (C. Malaparte, 1951), Anna (A. Lattuada, id.), les Chemises rouges (Camicie rosse, G. Alessandrini, 1952), Onze heures sonnaient (De Santis, id.). En 1952, il épouse l'actrice Elena Varzi. Il interprète ensuite des mélodrames et des films d'aventures qui exploitent son physique massif et exubérant : Pardonne-moi (Perdonami !, M. Costa, 1953), Thérèse Raquin (M. Carné, id.), la Pensionnaire (Lattuada, 1954), Obsession (J. Delannoy, id.), Torpilles humaines (Siluri umani, Antonio Leonviola, 1955), le Secret de sœur Angèle (L. Joannon, 1956), les Possédées (C. Brabant, 1955), Guendalina (Lattuada, 1957), Rose (Rose Bernd, W. Staudte, 1956), La violetera (Luis Cesar Amadori, 1957), la Vengeance (J. A. Bardem, id.), Recours en grâce (L. Benedek, 1960), la Garçonnière/Flagrant Délit (De Santis, id.), La ciociara (V. De Sica, id.). Dans Vu du pont (S. Lumet, 1962), il reprend le personnage du docker passionné qui lui avait donné un succès théâtral en France et qu'il jouera souvent ensuite. Sa carrière américaine l'amène à composer des rôles bien typés : le Cardinal (O. Preminger, 1963), l'Invasion secrète (R. Corman, id.), Harlow, la blonde platine (G. Douglas, 1965), Nevada Smith (H. Hathaway, 1966), la Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970), De l'autre côté de minuit (C. Jarrott, 1977), l'Empire du Grec (The Greek Tycoon, J. Lee Thompson, 1978), le Pouvoir du mal (K. Zanussi, 1985), le Parrain III (F. F. Coppola, 1990). Au cours des années 80, il se consacre principalement au théâtre (Titus Andronicus de Shakespeare, mis en scène par Peter Stein) et donne des récitals de poésie (l'Amore nel tempo, 1986). En 1970, il a dirigé un film qui est resté inédit : In autunno un anno dopo.

VAMP.

Abréviation de vampire, en usage en français comme en anglais. Ce substantif féminin a donné naissance en français au verbe vamper : vamper un homme (riche de préférence). La vamp est une « créature », venue de la campagne à la ville (City Girl, Murnau ; Quarante Tueurs, Fuller), espionne à l'occasion (Dishonored, Sternberg), un sublime croisement d'aventurière et de rat d'hôtel, telle Musidora, « celle qui se disait la première » (F. Lacassin), et dont l'apparition sur les écrans en tant que telle date des feuilletons rocambolesques et très populaires de Louis Feuillade, les Vampires, tournés au moment de la Grande Guerre. Mystère et indispensable sex-appeal font la vamp « assez dangereuse pour inquiéter et assez honorable pour que tout se terminât bien » (Bardèche et Brasillach). Point de vue optimiste : de Salomé à Milady, de Cléopâtre à la tenancière de saloon, la femme de tête fatale a souvent mordu la poussière (Et tournent les chevaux de bois, G. Marshall). Quoi qu'il en soit, brune ou blonde, ou rousse, elle s'est renouvelée d'abondance, de la lointaine Pola Negri à Garbo l'impénétrable, de la sombre Theda Bara à l'explosive Mae West, féline avec Marlene Dietrich et Lauren Bacall, plantureuse, satanique, dynamique (Raquel Welch), ou encore, on l'a su un jour, tragiquement fragile avec Marilyn Monroe. Notons que la vamp, au fil du temps, a effeuillé l'un après l'autre les voiles de la censure. Le terme est obsolète, note le dictionnaire Harrap : la vamp serait-elle, une fois nue, sans emploi ?

VAN ACKEREN (Robert)

cinéaste allemand d'origine néerlandaise (Berlin 1946).

Très actif dans les milieux de l'underground berlinois, il réalise des courts métrages et des films expérimentaux dès 1964. Cameraman, producteur, scénariste (et aujourd'hui enseignant), il est influencé par Andy Warhol et par Werner Schroeter avec qui il travaille en 1971 sur Salomé. Il mêle habilement le kitsch et l'ironie (Harlis, 1972) et s'exprime souvent dans le cadre d'une théâtralisation sophistiquée (Belcanto, 1975). Il a réalisé en 1980 un surprenant film de montage à partir de « home movies », Deutschland privat, puis rencontré un public assez large avec la Femme flambée (Die flambierte Frau, 1982) et le Piège de Vénus (Die Venusfalle, 1987). Il ne réussit pas à tourner la suite qu'il avait prévue à la Femme flambée, mais met en scène en 1991 un nouveau film de fiction : la Véritable Histoire des hommes et des femmes (Die wahre Geschichte von Männern und Frauen).