Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GALAL (Aḥmad)

acteur, cinéaste et producteur égyptien (1897 - 1947).

Son nom demeure associé à celui de l'actrice Aziza Amir, et aux débuts du film égyptien : après avoir tenu un petit rôle dans Layla (Widal Urfi, 1927) aux côtés de la vedette, il participe à la mise en scène de ‘la Fille du Nil ’ (Bint al-Nil, 1929). Acteur, il devient le partenaire de Assia Daghir, actrice et productrice, et de Mary Qeeny. Après avoir repris des mains d'Ibrahim Lama la réalisation d'un mélodrame, ‘Remords ’, et fait la preuve de son efficacité, il tourne une douzaine de titres pour la Lotus Film, qu'il quitte, fondant la Galal Film avec Assia Daghir, devenue son épouse. À partir des années 40, ayant renoncé lui-même à jouer, il dirige, pour sa compagnie, policiers, musicals ou films sentimentaux dont il est presque toujours le scénariste ou le coscénariste. Il meurt brusquement alors qu'il vient de faire construire ses propres studios. Excellent directeur d'acteurs, il a aussi formé à un métier de bons artisans, pour qui le film est d'abord, sinon tout entier, un spectacle populaire, des cinéastes comme Ḥasan al-Imam ou Aṭif Salim. Aḥmad Galal était le frère de deux autres réalisateurs, Ḥusayn Fawzi et ’ Abbas Kamil.

Films :

‘Remords’ (Wakhz al-ḍamir, 1931 ; COI. Lama) ; ‘Des yeux ensorceleurs’ (‘ Uyun saḥira, 1933) ; ‘Chagarat al-Durr’ (id., 1934) ; ‘Banknote’ (id., 1935) ; ‘la Fille du Pacha’ (Bint al-Bacha al-Mudir, 1937) ; ‘Cherchez la femme’ (Fattish ‘an al-Maria, 1938) ; ‘la Fille révoltée ’ (Fatah Mutamarrida, 1939) ; ‘Rabab’ (id. 1942) ; ‘Magda’ (id., 1943) ; ‘Retour de l'absent’ (‘Awda al-gha'ib, 1947).

GALEEN (Henrik)

scénariste et cinéaste allemand (Berlin 1882 - Rochester, Vt., États-Unis, 1949).

Il est d'abord acteur puis metteur en scène de théâtre et travaille avec Max Reinhardt au Deutsches Theater. Il écrit quelques scénarios pour le cinéma en collaboration avec Paul Wegener (avec lequel il codirige la première version du Golem [Der Golem] en 1914). Il s'impose comme un scénariste d'inspiration fantastique (2e version du Golem, P. Wegener et C. Boese, 1920 ; Nosferatu le vampire, F. W. Murnau, 1922 ; le Cabinet des figures de cire, P. Leni, 1924).

Il dirige deux films essentiels de l'âge d'or du cinéma allemand qui sont aussi le chant du cygne de l'expressionnisme : l'Étudiant de Prague (Der Student von Prag, 1926) et la Mandragore (Alraune, 1928). Après avoir écrit le scénario du film d'Harry Piel, Sein Grösster Bluff (id.), il part en Grande-Bretagne, tourne After the Verdict (1929) puis s'exile aux États-Unis à l'arrivée du nazisme.

GALETS.

Tambours, tournant librement, sur lesquels le film prend appui lorsque l'on construit son cheminement dans un projecteur.

GALETTE.

Film enroulé de façon suffisamment serrée pour qu'il n'ait pas besoin d'être retenu par les flasques d'une bobine. ( FILM.)

GALINDO (Alejandro)

cinéaste mexicain (Monterrey, Nuevo León, 1906 - 1999).

Il débute en 1937 avec Almas rebeldes à la veille de l'expansion de l'industrie mexicaine, dont il est un des principaux artisans. Son deuxième film, Refugiados en Madrid (1938), est prorépublicain, mais confus ; le suivant, la même année, prend pour cadre les bas-fonds de la capitale (Mientras México duerme). Il montre vite son assimilation du langage hollywoodien, après un excès de virtuosité au départ (l'utilisation du plan-séquence dans Tribunal de justicia, 1943). Son originalité, toutefois, réside dans un souci réaliste exprimé à l'intérieur de la structure (obligée alors au Mexique) du mélodrame. Campeón sin corona (1945), biographie d'un champion de boxe, inaugure le genre urbain, avec de l'authenticité dans l'appréhension de la psychologie populaire. Il poursuit cette analyse des mentalités des faubourgs, sur un ton de chronique, dans ¡ Esquina, bajan ! (1948) et Hay lugar para... dos (id.), puis commence lui-même à abâtardir un genre bientôt aussi empreint de conventions que les autres (Confidencias de un ruletero, 1949). Una familia de tantas (1948) présentait la famille sous un angle moins conformiste que d'habitude sur les écrans mexicains : sa lente désagrégation sous les coups de la vie moderne entraîne l'agonie d'un patriarcat abusif. Galindo s'identifie aux personnages, exalte leur verve, préfère une mise en scène dépouillée au folklore et à la préciosité de ses contemporains. Cinéaste instinctif, on a dit de lui qu'il était le plus proche, au Mexique, d'un néoréalisme sentimental à la De Sica (J. Ayala Blanco). Ces qualités se retrouvent dans le regard qu'il porte sur la province (El muchacho alegre, 1947). Au cours d'une carrière prolifique et irrégulière, qui couvre plus de cinquante ans, on remarque encore Doña Perfecta (1950), d'après Pérez Galdós, et Espaldas mojadas (1953), sur les saisonniers mexicains aux États-Unis. Galindo cède ensuite aux poncifs des genres (la famille Los Fernández de Peralvillo, id.). Académique et conservateur, il finit par faire la leçon à la jeunesse (La edad de la tentación, 1958). Il a publié quelques essais sur le cinéma.

GALLAND (Jean)

acteur français (Laval 1887 - Paris 1967).

Acteur formé à l'école de Jacques Copeau, il a souffert d'être catalogué au cinéma parmi les espions et les traîtres qui peuplaient l'écran avant 1939. Après Fejos (Fantomas, 1932), Gréville (Remous, 1935 ; Marchand d'amour, id. ; Menaces, 1940) et Max Ophuls (le Roman de Werther, 1938) rendent hommage à son talent. Ce dernier l'emploie par ailleurs dans le Plaisir (où il joue « le masqué ») en 1952, puis dans Madame de (1953) et Lola Montès (1955). Dans ces trois films, il retrouve l'humour mordant dont il avait fait preuve dans le film de Jacques Becker, Édouard et Caroline (1951).

GALLONE (Carmine)

cinéaste italien (Taggia 1886 - Rome 1973).

Solide artisan du cinéma italien (on l'a parfois comparé à Cecil B. De Mille), Gallone, au long de sa carrière de près de cinquante ans, a exercé son métier dans les genres les plus divers avec une prédilection pour les films musicaux et les reconstitutions historiques. Il fait ses débuts dans la mise en scène en 1919 avec Il bacio di Cirano et entame une carrière italienne qui durera sans interruption jusqu'en 1927. Durant ces années, il dirige principalement Lyda Borelli (La Donna nuda, 1914 ; Marcia nuziale, 1915 ; La Falena, 1916 ; Malombra, id.) et sa propre épouse, Soava Gallone (Senza colpa, 1915 ; Maman Poupée, 1917 ; Nemesis, 1920 ; I Volti dell'amore, 1924 ; La cavalcata ardente, 1925). En 1926, il participe à la réalisation (Amleto Palermi ayant mis en scène la moitié du film) du dernier « colossal » italien, une œuvre démesurée, véritable champ du cygne de la cinématographie muette, les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei). À la fin des années 20, la crise le conduit à aller travailler en Allemagne ; de là, il passe en Angleterre, puis en France, où il réalise trois films, Un soir de rafle (1931), le Chant du marin (id.), Un fils d'Amérique (1932). Après un nouveau séjour dans les studios allemands, Gallone rentre en Italie, où il devient rapidement un des piliers de la reprise cinématographique (16 films de 1935 à 1943). Dans cette abondante production, on peut relever des films musicaux (Casta diva, 1935 ; Solo per te, 1937, avec Beniamino Gigli ; Giuseppe Verdi, 1938 ; Il sogno di Butterfly, 1939 ; Melodie eterne, 1940), des adaptations de textes célèbres (Manon Lescaut, 1940 ; Oltre l'amore, id., d'après Stendhal ; les Deux Orphelines [Le due orfanelle], 1942 ; Tristi amori, 1943, d'après Giuseppe Giacosa), des films de propagande (Scipion l'Africain [Scipione l'Africano], 1937 ; Odessa in fiamme, 1942 ; Knock-out [Harlem], 1943). Scipion l'Africain, son film le plus célèbre, est une reconstitution historique dont les moyens n'ont pas été comptés mais qui n'évite pas le piège de la boursouflure. Après la guerre, Gallone réalise encore une vingtaine de films dans les genres les plus divers. Il signe des films musicaux : Rigoletto (1947) ; la Traviata (la Signora dalle camelie, 1948) ; le Trouvère (Il Trovatore, 1949) ; la Forza del destino (1950) ; Puccini (1953) ; Duel en Sicile (Cavalleria rusticana, id.) ; la Maison du souvenir (Casa Ricordi, 1954, le meilleur film de cette série) ; À toi... toujours (Casta diva, 1955) ; Madame Butterfly (id.) ; Tosca (1956). Il tourne des péplums : Messaline (Messalina, 1951) ; Carthage en flammes (Cartagine in fiamme, 1959). On lui doit des films d'aventures, tel Michel Strogoff (Michele Strogoff, 1956), et des comédies : la Grande Bagarre de Don Camillo (Don Camillo e l'onorevole Peppone, 1955) ; Don Camillo Monseigneur (Don Camillo monsignore... ma non troppo, 1961). Dans une carrière bien remplie, Gallone n'a que rarement dépassé le niveau moyen de la production la plus commerciale ; son éclectisme lui a permis de s'adapter à tous les genres et à toutes les époques.