Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BOYD (William)

acteur américain (Hendrysburg, Ohio, 1895 - South Laguna Beach, Ca., 1972).

Après quelques rôles dans des productions des années 20 : les Bateliers de la Volga (C.B. De Mille, 1926), le Roi des rois (id., 1927 ; il y incarne Simon de Cyrène), Two Arabian Knights (L. Milestone, id.), le Lys du faubourg (D.W. Griffith, 1920), il acquiert une célébrité confinant à la légende grâce à la série interminable dévolue au personnage nommé Hopalong Cassidy. Il crée le héros justicier, grand, blond, habillé de noir et monté sur un cheval blanc nommé Topper. Le succès du premier film en 1935 sera le point de départ d'une série de 66 films et d'un nombre incalculable d'épisodes pour la télévision. William Boyd s'identifiera à Hopalong Cassidy aux yeux de la jeunesse américaine jusqu'en 1948. Surnommé « Bill » Boyd de 1930 à 1935, il deviendra ensuite « Hoppy ».

BOYD (William Millar, dit Stephen)

acteur anglo-américain d'origine irlandaise (Glen Gormley, Irlande, 1928 - Los Angeles, Ca., 1977).

Il débute sur scène à dix-huit ans à l'Ulster Theatre Group. Il entreprend une carrière cinématographique à Londres avec Un alligator appelé Daisy (An Alligator Named Daisy), de John Lee Thompson, 1955, et l'Homme qui n'a jamais existé de Ronald Neame (1956). Puis, après un bref crochet par la France, où il tourne sous la direction de Vadim les Bijoutiers du clair de lune (1958), avec Brigitte Bardot, il atteint provisoirement une certaine notoriété grâce au rôle de Messala qu'il tient dans le Ben Hur de William Wyler (1959). Il participe encore à quelques œuvres à grand spectacle, la Chute de l'Empire romain (A. Mann, 1964), la Bible (J. Huston, 1966), avant de sombrer dans les emplois de composition des films de série internationaux : les Colts au soleil (P. Collinson, 1973), Lady Dracula (F. J. Gottlieb, 1976). Signalons une exception de qualité, son interprétation du rôle principal d'Esclaves, de Herbert Biberman (1969).

BOYER (Charles)

acteur français naturalisé américain (Figeac 1897 - Phoenix, Ariz., 1978).

Encouragé par le comédien Raphaël Duflos, il se rend à Paris après ses études secondaires à Toulouse et suit simultanément les cours de philosophie en Sorbonne (il obtiendra une licence) et ceux de Duflos et Maurice Escande au Conservatoire d'art dramatique. Firmin Gémier, qui met en scène les Jardins de Murcie, le remarque et lui demande de remplacer au pied levé son jeune premier, malade. Boyer ne s'interrompra plus de jouer, au théâtre (S. Guitry, P. Benoit, C. Farrère, H. Bernstein, etc.) comme au cinéma, où il débute en 1920 dans l'Homme du large de L'Herbier. L'avènement du parlant l'exile à Hollywood, puis en Allemagne, où (le doublage n'étant pas encore au point) il interprète les versions françaises de films tournés en plusieurs langues. Cette activité perd vite sa raison d'être, mais Boyer, adopté par les studios américains et immensément populaire aux États-Unis, s'y fixe définitivement, après son mariage en 1934 avec une comédienne anglaise, Pat Paterson, et son grand succès aux côtés de Claudette Colbert (elle aussi française d'origine), dans Mondes privés de Gregory La Cava (1935). Il prendra en 1942 la nationalité américaine, après avoir créé l'année précédente la French Research Foundation de Los Angeles. Sa carrière se partagera dorénavant entre les deux côtés de l'Atlantique. Ses activités sont alors multiformes. Le théâtre le requiert, avec, entre autres, les Mains sales (à Broadway, en 1948), Kind Sir (en 1953), et une tournée internationale de trois ans pour le Don Juan aux enfers de G. B. Shaw. Son intérêt pour la télévision naissante lui fait fonder en 1951, avec Dick Powell et David Niven, la Four Star Television, pour qui il interprétera nombre d'émissions, en particulier dans la série The Rogues, où il devient à l'occasion réalisateur. Charles Boyer se donne la mort dans sa maison de Phoenix, deux jours après celle de la femme dont il avait partagé l'existence durant 44 ans. Leur unique enfant s'était suicidé treize ans plus tôt.

Curieusement, l'image que nous gardons de lui nous parvient réfractée par la connaissance que nous avons de son image américaine, et le « French lover » idolâtré des foules pourrait nous faire oublier le comédien souvent subtil et discret, dont la carrière témoigne, globalement, d'une assez belle perspicacité dans le choix des rôles. Le mot qui s'impose pour le décrire, c'est bien sûr celui de distinction. Rien de forcé dans son aisance, de voyant dans son élégance ; même lorsqu'il lui arrive de jouer les minables ou — plus souvent — les mauvais garçons, ce n'est jamais sans éveiller un sentiment de déplacement, dont il joue avec habileté. Il n'y a donc pas à s'étonner que ses rôles les moins intéressants soient aussi ceux où il glisse avec élégance dans les eaux de la meilleure société : duc de Vallombreuse dans le Capitaine Fracasse (1928), prince hongrois dans l'Épervier (1933), marquis Yorisaba dans la Bataille (1934), archiduc Rodolphe dans Mayerling (1935) ou Napoléon dans Maria Walewska (1937). À ces rôles sans surprise, on peut préférer l'anarchiste saisi par l'amour, dans le trop méconnu Bonheur (1934), le général russe valet de chambre de Tovaritch (1937), film dans lequel il se parodie avec infiniment d'ironie, ou les voyous qu'il joue avec autorité et finesse, de Liliom (1933). Dans Casbah (1938), il parvient même à faire oublier Pépé le Moko interprété par Jean Gabin, à force de charme et d'insolence.

Par la porte d'or (1941) marque un tournant dans sa carrière : Boyer y expose l'envers de son image et incarne un gigolo européen qui voit s'effriter ses belles apparences et joue cyniquement les séducteurs pour gagner son entrée aux États-Unis. Audace d'autant plus fascinante que le film prétend mêler intimement fiction et réalité et qu'au moment du tournage Boyer attend lui-même sa naturalisation américaine. Il cultive cette ambiguïté dans Hantise (1944), où il est un mari inquiétant et charmeur, ou dans The Thirteenth Letter (1951), remake du Corbeau de Clouzot : il y incarne l'insoupçonnable auteur des lettres meutrières. Il trouve en 1953 son plus beau rôle de l'après-guerre avec le général de Madame de..., tout d'affectueuse ironie et de dignité, et il est excellent dans deux films de Minnelli. Il ralentit considérablement son activité avec les années 60 mais nous livre encore deux créations admirables : celle du baron Raoul dans le Stavisky de Resnais (1974), victime consentante et obstinément aveugle d'un de ces séducteurs qu'incarnait Boyer quarante ans plus tôt, et celle du comte Sanziani dans Nina (1976), où, réuni une dernière fois à Minnelli et Ingrid Bergman, il fait avec eux de poignants adieux à un certain cinéma.