Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LÉOTARD (Philippe)

acteur français (Nice 1940 - Paris 2001).

Après des études de lettres, il entre dans l'enseignement tout en participant à la fondation du Théâtre du Soleil (1964) avec Ariane Mnouchkine. En 1968, il choisit la comédie de préférence au professorat et, après cinq années de théâtre, débute à la télévision et au cinéma. Son jeu dans Domicile conjugal (F. Truffaut, 1970) et dans Max et les ferrailleurs (C. Sautet, 1971) séduit René Vautier, qui l'engage pour Avoir vingt ans dans les Aurès (1972). Discret mais efficace dans ses choix, Philippe Léotard s'imposera peu à peu par son personnage apparemment désinvolte, mais sensible, sérieux, dans des rôles très diversifiés : la Gueule ouverte (M. Pialat, 1974) ; le Milieu du monde (A. Tanner, 1974) ; l'Ombre des châteaux (Daniel Duval, 1977) ; le Juge Fayard dit le Shérif (Y. Boisset, id.) ; la Communion solennelle (R. Ferret, id.) ; le Choc (Robin Davis, 1982) ; la Balance (Bob Swaim, id.) ; Adieu Blaireau (Bob Decout, 1985) ; Tango, l'exil de Gardel (F. Solanas, id.) ; l'Aube (Miklós Jancsó, 1986) ; le Paltoquet (M. Deville, id.) ; l'État de grâce (J. Rouffio, id.) ; Si le soleil ne revenait pas (C. Goretta, 1987) ; la Couleur du vent (P. Granier-Deferre, 1988) ; l'Œuvre au noir (A. Delvaux, id.) ; le Sud (Solanas, id.) ; la Chair (M. Ferreri, 1991) ; Ville à vendre (J.-P. Mocky, 1992) ; les Misérables (C. Lelouch, 1995) ; Black Dju, vos papiers (Pol Cruchten, 1996).

LE PRINCE (Louis Aimé Augustin)

précurseur du cinéma français (Metz 1841 - [ ?] 1890).

Établi en Grande-Bretagne, il s'intéresse dans les années 1880 à l'analyse et à la synthèse du mouvement, et conçoit des appareils qui préfigurent le cinéma (et où l'on trouve notamment décrit un dispositif d'avance intermittente par croix de Malte). Le Prince disparut mystérieusement dans le train Dijon-Paris.

LEPRINCE (René)

cinéaste français ( Sathonay 1876 - Saint-Raphaël 1929).

Il fait toute sa carrière chez Pathé, où Zecca l'accueille, après qu'il eut joué les compères de revues au music-hall. À partir de 1912, il dirige les Scènes de la vie cruelle (en réponse aux Scènes de la vie réelle de Feuillade), puis des drames mondains : les Scènes de la vie bourgeoise avec Gabrielle Robinne, Alexandre et Gabriel Signoret, en même temps qu'il supervise les films de Max Linder. Après la guerre, il tourne des serials et des cinéromans : l'Empereur des pauvres (1921) ; le Vert-Galant (1924) ; l'Enfant des Halles (id.) ; Mylord l'Arsouille (1925) ; Fanfan la Tulipe (id.) ; Titi Ier roi des gosses (1926) ; la Princesse Masha (1927). Il avait signé en 1923 une adaptation du roman de Claude Tillier : Mon oncle Benjamin. Il meurt pendant le tournage de la Tentation (1929) achevé par Baroncelli. Du goût et du savoir-faire au service d'une totale convention.

LERNER (Alan Jay)

auteur dramatique et parolier américain (New York, N. Y., 1918 - id. 1986).

Auteur des lyrics de quelques-uns des plus gros succès de l'histoire du musical (Day Before Spring, Brigadoon, Paint Your Wagon, My Fair Lady, Camelot, Melinda), Alan Jay Lerner passa tout naturellement de Broadway à Hollywood lorsque ses succès furent adaptés pour le cinéma. Sous contrat avec la MGM, il écrit, outre des lyrics, les scénarios originaux de plusieurs films ( Mariage royal, S. Donen, 1951 ; Un Américain à Paris, V. Minnelli, id., qui lui vaut un Oscar, tout comme Gigi, encore pour Vincente Minnelli et le producteur Arthur Freed, en 1958). Frederick Loewe fut son collaborateur habituel, mais c'est avec Burton Lane qu'il écrit Melinda (On a Clear Day You Can See Forever), qu'il produira lui-même pour le cinéma, et qui est le dernier film musical réalisé (en 1970, avec Barbra Streisand et Yves Montand) par Minnelli. Il retrouve Loewe en 1974 pour le Petit Prince de Stanley Donen.

LERNER (Irving)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1909 - id. 1976).

Sa formation d'anthropologue (courts métrages pour l'université de Columbia et la Fondation Rockefeller), sa collaboration au mouvement documentariste des années 30 (comme monteur pour Willard Van Dyke ou cameraman pour Flaherty), ses travaux pour l'Office of War Information (Toscanini et A Place to Live en 1944) et pour l'Educational Film Institute de l'université de New York le portent d'abord vers le documentaire (Muscle Beach, 1948, CO : J. Stirck) et le fait divers néoréaliste (Man Crazy, 1953). Il reste fidèle à ce « behaviorisme » méticuleux en prenant pour objet les dangereux psychopathes de Meurtre sous contrat (Murder By Contract, 1958) et City of Fear (1959) : autant que la singularité des comportements, surprennent la froideur du regard, l'extrême économie de la narration, l'humour noir des notations, l'absence de jugement moral. Après l'échec de deux adaptations romanesques ambitieuses, Studs Lonigan (1960) et Cry of Battle (1963), il dut se contenter d'activités marginales ou de tâches subalternes : conseiller technique de l'Œil sauvage (S. Meyers, 1959), réalisateur de la deuxième équipe de Spartacus (S. Kubrick, 1960), producteur exécutif de Custer, homme de l'Ouest (R. Siodmak, 1968), monteur de Executive Action (D. Miller, 1973) et de Steppenwolf (Fred Haines, 1974).

LE ROY (Jean-Aimé, dit Acme)

pionnier du cinéma américain (Bedford, Ky., 1854-1944).

Il présente d'abord, grâce à un dispositif assez primitif, des projections animées de vues du type chronophotographique. Perfectionnant son appareil, en collaboration avec Eugène Lauste, il réalise ensuite un projecteur baptisé Marvellous Cinematograph, avec lequel il assure en 1894 des démonstrations publiques.

LE ROY (Mervyn)

cinéaste américain (San Francisco, Ca., 1900 - Beverly Hills, Ca., 1987).

Costumier, acteur, assistant opérateur, gagman, puis réalisateur (depuis 1927) de films muets, il sera parmi les premiers à employer la manière grise, sobre et concise, qui, à la Warner, caractérise les débuts du parlant, aussi bien dans les drames sociaux le Petit César (Little Caesar, 1931, l'un des premiers films de gangsters avec un E. G. Robinson « impérial » ; Five Star Final, id., sur la corruption de la presse ; Je suis un évadé [I Am a Fugitive From a Chain Gang], 1932, qui dénonce le système pénitentiaire américain) que dans le musical (les Chercheuses d'or de 1933 / Gold Diggers of 1933). Mais il ne tarde pas à s'aventurer dans des entreprises plus présomptueuses. Des films à thèse comme Lampe de Chine (Oil for the Lamps of China, 1935) ou d'épais feuilletons comme Anthony Adverse (1936) se substituent à des comédies rapides comme Top Speed (1930), High Pressure (1932) ou Tugboat Annie (1933), même si La ville gronde (They Won't Forget, 1937) retrouve la vigueur dénonciatrice de Five Star Final, Two Seconds (1932) et Une allumette pour trois (Three on a Match, id.). Son goût du prestige pousse également LeRoy à devenir producteur et à passer à la MGM, où il produira le Magicien d'Oz (V. Fleming, 1939) avant de diriger, sur un ton un peu solennel, le romanesque Waterloo Bridge (1940), l'émouvant les Oubliés (Blossoms in the Dust, 1941), le lénifiant Madame Curie (1943) et le charmant les Quatre Filles du docteur March (Little Women, 1949). Des films d'action assez vifs comme 30 Secondes sur Tokyo (Thirty Seconds over Tokyo, 1944) et d'honnêtes comédies musicales ne l'empêchent pas d'expérimenter un sombre attendrissement, sensible dans Quo Vadis ? (1951), évident dans Mauvaise Graine (The Bad Seed, 1956), Retour avant la nuit (Home Before Dark, 1958) et Gypsy (1962). Il a écrit ses Mémoires : Mervyn LeRoy : Take One (1974).