Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BAROUX (Lucien)

acteur français (Toulouse 1888 - Hossegor 1968).

Sa bonhomie le voue aux emplois d'un comique mi-ému, mi-réjoui. Peu de muet, mais l'essor dès 1930. Yves Mirande lui réserve de nombreux rôles de premier plan (Baccara, 1936), Café de Paris (1938), Derrière la façade (CO G. Lacombe, 1939). Sacha Guitry en fait le confident de Louis XV (Remontons les Champs-Élysées, 1938) et le sacre roi de France (Napoléon, 1955). Il sait jouer un rôle attendri (le Mioche, L. Moguy, 1936) aussi bien que doux-amer (Feu de paille, J. Benoît-Lévy, 1940). Il finit évêque cocasse (le Diable et les Dix Commandements, J. Duvivier, 1962).

BARRAULT (Jean-Louis)

acteur français (Le Vésinet 1910 - Paris 1994).

Engagé à l'Atelier par Dullin en 1931, il s'y voit confier ses premières mises en scène cinq ans plus tard. En 1935, il rencontre Étienne Decroux, qui l'initie au mime, se lie avec Artaud et le groupe surréaliste et fait ses débuts au cinéma. Il poursuivra dès lors deux carrières, l'une au théâtre en compagnie de Madeleine Renaud, qu'il épouse en 1940 et avec qui il fonde six ans plus tard la Compagnie Renaud-Barrault, l'autre au cinéma dont il se désintéressera peu à peu après les Enfants du paradis. Il est pourtant l'un des premiers à utiliser des projections cinématographiques dans sa mise en scène du Christophe Colomb de Paul Claudel (1953).

Son physique dicte ses emplois : sa maigreur, son regard enflammé le condamnent aux étudiants faméliques, bohèmes de préférence, aux puritains illuminés ou aux grands hommes consumés par un feu dévorant (Bonaparte, Berlioz, Dunant, Louis XI !). Dans ses meilleurs rôles, c'est avec son corps qu'il joue et c'est de lui qu'on se souvient, passant du numéro de mime admirablement expressif des Enfants du paradis (repris dans le Dialogue des carmélites) aux contorsions grimaçantes d'Opale dans le Testament du docteur Cordelier. Et puis il y a Krantz, le tueur de bouchers de Drôle de drame, où Barrault utilise toutes ses ressources, vocales, faciales et gestuelles, pour donner une manière de quintessence de son art.

Principaux films :

les Beaux Jours (M. Allégret, 1935) ; Sous les yeux d'Occident (id., 1936) ; Un grand amour de Beethoven (A. Gance, id.) ; Jenny (M. Carné, id.) ; Mayerling (A. Litvak, id.) ; Mademoiselle Docteur (G. W. Pabst, 1937) ; les Perles de la Couronne (S. Guitry et Christian-Jaque, id.) ; Drôle de drame (Carné, id.) ; le Puritain (J. Musso, 1938) ; Mirages (A. Ryder, id.) ; Orage (M. Allégret, id.) ; l'Or dans la montagne (Max Haufler, Suisse, 1939) ; Montmartre-sur-Seine (G. Lacombe, 1941) ; le Destin fabuleux de Désirée Clary (S. Guitry, 1942) ; la Symphonie fantastique (Christian-Jaque, id.) ; l'Ange de la nuit (A. Berthomieu, 1944) ; les Enfants du paradis (Carné, 1945) ; la Part de l'ombre (J. Delannoy, id.) ; le Cocu magnifique (E. G. de Meyst, 1947) ; D'homme à hommes (Christian-Jaque, 1948) ; la Ronde (M. Ophuls, 1950) ; le Dialogue des carmélites (R. P. Bruckberger et P. Agostini, 1960) ; le Miracle des loups (A. Hunebelle, 1961) ; le Testament du docteur Cordelier (J. Renoir, id.) ; la Grande Frousse (J. P. Mocky, 1964) ; Chappaqua (C. Rooks, US, 1967), la Nuit de Varennes (E. Scola, 1982).

BARRAULT (Marie-Christine)

actrice française (Paris 1944).

Après le cours Simon et le Conservatoire, elle passe deux saisons au Théâtre de France sous la direction de son oncle Jean-Louis Barrault. Révélée par Éric Rohmer (Ma nuit chez Maud, 1969) dans un rôle de jeune femme fervente et rigoriste où elle apporte quelque chose de brûlant et glacé à la fois, elle est lancée par le succès de Cousin, cousine (J. C. Tacchella, 1975). Elle tourne avec André Delvaux (Femme entre chien et loup, 1979), Woody Allen (Stardust Memories, 1980) et Andrzej Wajda (Un amour en Allemagne, 1983). On l'aperçoit en Mme Verdurin vue par Schlöndorff (Un amour de Swann, 1984). En 1985 elle est l'interprète principale de Vaudeville de Jean Marbœuf, en 1987 du Jupon rouge (Geneviève Lefebvre), en 1988 de Prisonnières (Charlotte Silvera), l'Œuvre au noir (A. Delvaux) et Jésus de Montréal (D. Arcand), en 1991 de Marie Curie (M. Boisrond ; T.V.) et l'Amour nécessaire (F. Carpi) et en 1993 de la Prochaine Fois le feu (id.).

BARRE DE SEPARATION.

Intervalle, normalement opaque, séparant deux images successives sur un film. Est plus généralement appelée « inter-image ».

BARRETO (Bruno)

cinéaste brésilien (Rio de Janeiro 1955).

Fils des producteurs Lucy et Luiz Carlos Barreto, il grandit dans le milieu du Cinema Novo, tourne des courts métrages depuis sa prime adolescence et débute dans la profession alors qu'il a à peine dix-sept ans. Tati, a garota (1972) s'inspire d'un récit d'Anibal Machado, A estrela sobe (1974) adapte un roman de Marques Rebelo. La troisième adaptation littéraire, Dona Flor et ses deux maris (Dona Flor e seus dois maridos, 1976), d'après Jorge Amado, avec la star du petit écran Sonia Braga dans le rôle-titre, bat tous les records des films brésiliens dans leur propre pays et obtient une large distribution à travers le monde. Contrairement à ses mentors des années 60, Bruno Barreto n'a aucune prétention de langage, ni d'engagement particulier avec son propos : son unique souci est d'échafauder une narration efficace, qui semble couler de source, à l'image des classiques de Hollywood. Cependant, il n'arrive pas à retrouver le succès avec Gabriela (Gabriela, cravo e canela, 1982), nouvelle incarnation de la sensualité féminine dépeinte par le romancier de Bahia, interprétée toujours par Sonia Braga, mais avec les moyens plus conséquents d'une production internationale (la MGM). Il est moins à l'aise avec la marginalité urbaine (Amor bandido, 1978), serait-elle basée sur le dramaturge Nelson Rodrigues (O beijo no asfalto, 1980), sauf à emprunter un registre plus expressionniste (Romance da empregada, 1987). Il entame ensuite une carrière aux États-Unis, sans parvenir à sortir du lot (A Show of Force, 1990 ; Carried away, 1996 ; Pur et dur/One Tough Cop, 1998). Ses derniers films brésiliens, sans doute plus ambitieux, peinent à obtenir une diffusion plus large, malgré les ponts tendus vers le public étranger, américain notamment : Quatre jours en septembre (O que é isso, companheiro, 1997), d'après Fernando Gabeira, transforme les guérilleros en personnages de thriller, tandis que Bossa-Nova et vice-versa (Bossa Nova, 1999) remet au goût du jour les cartes postales de Rio, sur un rythme de comédie romantique.