Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
F

FRESNEL.

Lentille de Fresnel (ou lentille à échelons), lentille convergente de grand ou de très grand diamètre, formée d'anneaux concentriques, employée pour concentrer le faisceau lumineux des projecteurs de prise de vues. (Le principe de ces lentilles est dû au physicien français Fresnel.) [ ÉCLAIRAGE.]

FRESSON (Bernard)

acteur français (Reims 1931).

Il débute au cinéma par un petit rôle dans un grand film : celui du soldat allemand de Hiroshima mon amour (A. Resnais, 1959). Depuis cette date, sa silhouette carrée, sa gentillesse bourrue et facilement désarmée sont une des constantes du cinéma français. On le retrouve au générique de films de Resnais (La guerre est finie, 1966 ; Loin du Viêt-nam, 1967 ; Je t'aime, je t'aime, 1968), Costa-Gavras (Z, 1969), Clouzot (la Prisonnière, 1968), Cayatte (Il n'y a pas de fumée sans feu, 1973 ; À chacun son enfer, 1977), Sautet (Max et les ferrailleurs, 1971 ; Mado, 1976 ; Garçon !, 1983), Boisset (Espion lève-toi, 1982), Fuller (Sans espoir de retour, 1989) ou D'Anna (Équipe de nuit, 1990). Il n'a obtenu de premier rôle que dans quelques rares films : Jeudi on chantera comme dimanche (L. de Heusch, 1967) ou le Guêpiot (Joska Pilissy, 1981).

FREUND (Karl)

chef opérateur et cinéaste d'origine austro-hongroise (Königinhof an der Elbe, Autriche-Hongrie [auj. Dvůr Králové nad Labem, Tchécoslovaquie], 1890 - Santa Monica, Ca., 1969).

Projectionniste, puis cameraman à la Union Film, il travaille en Allemagne auprès de Lang, de Wegener — il est l'opérateur de Golem en 1920 —, de Dreyer (Michael, 1924, avec Rudolph Maté), de Murnau. Avec l'équipe de ce dernier, il fait accéder la prise de vues à un niveau d'invention et de liberté technique seulement alors égalée, mais en France, par Gance dans son Napoléon (1927). À l'extrême mobilité de la prise de vues Freund ajoute un sens très sûr des effets de lumière et d'ambiance du Kammerspiel, des priorités à respecter, en extérieurs comme en studio. Il se plie aux exigences d'une mise en scène constamment créatrice : « suivi » des volutes d'une fumée, simulation de l'ivresse (le Dernier des hommes, Murnau, 1924) ; il invente une caméra-valise lui permettant de filmer sans être remarqué ses propres séquences de Berlin, symphonie d'une grande ville (W. Ruttmann, 1927), dont il est aussi coproducteur. En 1928, il participe à la création du Volksverband für Filmkunst, sorte de ciné-club progressiste, avec Heinrich Mann, Pabst, et Piscator, dont les expériences berlinoises sont à l'origine de cette défense du film allemand d'art et essai avant la lettre. En 1929, Freund est aux États-Unis, nimbé de l'éclatante réputation qu'y a confirmée le succès de Variétés (E. A. Dupont 1925). Engagé par Universal, il devient chef opérateur de Florey (Double Assassinat de la rue Morgue, exploité seulement en 1932), de Milestone (À l'ouest rien de nouveau, 1930), de Tod Browning pour son Dracula (1931, avec Bela Lugosi) ; il assure les prises de vues du film d'aviation mouvementé de John Ford, Tête brûlée (1932) ; il est le chef opérateur de Cukor, James Whale et Sidney Franklin, qui lui doit les superbes sépias de Visages d'Orient (1937), d'une extraordinaire beauté tactile. Il est alors passé à la MGM, où il fera encore un très beau travail, photographiant notamment Greta Garbo et Charles Boyer pour Clarence Brown dans Marie Walewska (id.). Sa carrière au temps fort de l'expressionnisme, sa collaboration américaine avec Whale et Browning l'ont sans doute incliné, en tant que cinéaste, vers le fantastique. En tout cas, c'est ce qu'il convient de retenir de la dizaine de films qu'il a réalisés : la Momie (The Mummy, 1932) pour Universal, avec Boris Karloff ; un remake des Mains d'Orlac (Mad Love, 1935), pour la MGM, occasion d'une étonnante prestation de Peter Lorre. Mais Freund demeure essentiellement un des grands techniciens du film, capable, de surcroît, de s'intégrer à une équipe aussi fertile en trouvailles anticonformistes que celle qui entourait Murnau.

Autres films :

Satanas (F. W. Murnau, 1920) ; la Terre qui flambe (id., 1922, avec Fritz Arno Wagner) ; Tartuffe (id., 1926) ; Metropolis (Lang, 1927, avec Günther Rittau) ; le Roman de Marguerite Gautier (G. Cukor, 1937, avec William Daniels) ; Orgueil et Préjugés (R. Z. Leonard, 1940) ; Key Largo (J. Huston, 1948).

FREY (Samuel Frey, dit Sami)

acteur français (Paris 1937).

Élève de René Simon, il obtient dès 1960 un rôle clé dans la Vérité, film très attendu d'Henri-Georges Clouzot avec Brigitte Bardot. Remarquable comédien au physique de jeune premier, il tourne beaucoup mais trouve plutôt sa véritable dimension au théâtre. En 1966-1968, il participe à de nombreux spectacles mis en scène au Théâtre-Antoine par Claude Régy et contribue à la révélation en France du théâtre anglais contemporain, Pinter en tête. Au cinéma, il est choisi par des auteurs tels que Franju (Thérèse Desqueyroux, 1962), Deville (l'Appartement des filles, 1963), Godard (Bande à part, 1964), Pollet (Une balle au cœur, 1965), Klein (Qui êtes-vous Polly Magoo ?, 1966), Rappeneau (les Mariés de l'an deux, 1970), Charles Belmont (Rak, 1972), Sautet, qui lui confie l'un des trois rôles principaux de César et Rosalie (1972) aux côtés d'Yves Montand et Romy Schneider, Adam (M comme Matthieu, 1973), Marguerite Duras (Jaune le soleil, id.), Coline Serreau (Pourquoi pas, 1977), Claude Miller (Mortelle Randonnée, 1983), Jacques Doillon (la Vie de famille, 1985), Rouffio (l'État de grâce, 1986), Drach (Sauve-toi Lola, id.), Sanders-Brahms (Laputa, 1987), Delvaux (l'Œuvre au noir, 1988), von Trotta (l'Africaine, 1990) sans que Sami Frey accède cependant à une notoriété à la mesure de son talent.

FRIČ (Martin)

cinéaste tchèque (Prague 1902 - id. 1968).

Acteur à seize ans, scénariste dès 1922, il collabore avec Josef Rovenskÿ et Karel Lamač avant de signer son premier film de metteur en scène en 1928. Il tourne quatre films muets dont l'Organiste de la cathédrale Saint-Guy (Varhaník od Sv. Víta, 1929) d'après un scénario de Vitězslav Nezval. Au début du parlant (après quelques films réalisés en Allemagne, sous le nom de Mac Fric), il s'impose à l'attention du public par plusieurs comédies adroitement menées, parmi lesquelles : Ho ! hisse ! (Hej rup, 1934) ; Le monde est à nous (Svět patří nám, 1937), avec le célèbre duo Jan Werich et Jiři Voskovec ; le Revizor (Revisor, 1933) ; Héros pour une nuit (Hrdina jedné noci, 1935), avec Vlasta Burian ; Kristián (1939), avec Oldřich Novÿ. On lui doit aussi des films plus dramatiques, comme le célèbre Jánošik (1936), et des adaptations littéraires soignées : les Aventures du brave soldat Švejk (Dobrÿ voják Švejk, 1932) d'après Jaroslav Hašek ; le Dernier Homme (Poslední muž, 1934), d'après František Xaver Svoboda ; les Hordubal (Hordubalové, 1937), d'après Karel Čapek ; la Fille des musiciens (Muzikantská Liduška, 1940), d'après Vitězslav Hálek.