Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KELLY (Eugene Joseph Curran, dit Gene) (suite)

Au sein de cette équipe, Gene Kelly affirme un style personnel, plus athlétique et canaille que celui de Fred Astaire, débordant d'énergie bondissante et d'humour. Souvent associé dans ses débuts à la vedette musicale MGM du moment, Judy Garland, il interprète avec elle un merveilleux hommage à la magie du spectacle : le Pirate (1948). Il est la même année un d'Artagnan plein de fantaisie dans l'excellent les Trois Mousquetaires de Sidney. Associé pour la réalisation à son ancien assistant chorégraphe Stanley Donen et pour le scénario à Betty Comden et Adolph Green, il réalise et interprète alors trois films qui feront date dans l'histoire du musical : Un jour à New York (1949), où la chorégraphie se transporte dans les rues mêmes de Manhattan ; Chantons sous la pluie (1952), tribut amusé aux débuts du cinéma parlant et qui demeure comme l'exemple le plus parfait peut-être de l'art d'Hollywood à son apogée, puis Beau fixe sur New York (1955), dont l'amertume nostalgique est une sorte d'adieu aux années heureuses que vient de connaître le musical. L'autre film majeur de Kelly durant cette période est le fameux Un Américain à Paris (1951), moins pour le réel enchantement du ballet final que pour la brillante création d'un Paris plus beau que nature, où tout devient chorégraphie.

Après l'expérience aussi ambitieuse que décevante d'Invitation à la danse (1953), Kelly semble renoncer au film musical pour se consacrer à la réalisation de comédies anodines. Il lui reviendra pourtant pour terminer en beauté son association avec la MGM, lors de la dernière grande production musicale du studio, les Girls (1957), puis dix ans plus tard pour reprendre en France dans les Demoiselles de Rochefort son personnage d'Un Américain à Paris, vieilli et émouvant ; en 1969, enfin, il réalise une version luxueuse et un peu empâtée d'un grand succès musical de Broadway, Hello Dolly !

Films ▲ . — R ÉAL. :

Un jour à New York (On the Town, 1949, co : S. Donen) ; Chantons sous la pluie (Singin' in the Rain, 1952, co : Donen) ; Beau fixe sur New York (It's Always Fair Weather, 1955, CO : Donen) ; Invitation à la danse (Invitation to the Dance, 1956) ; la Route joyeuse (The Happy Road, 1957) ; le Père malgré lui (Tunnel of Love, 1958) ; Gigot le clochard de Belleville (Gigot, 1962) ; Petit Guide pour mari volage (A Guide for the Married Man, 1967) ; Hello Dolly ! (id., 1969) ; Attaque au Cheyenne Club (The Cheyenne Social Club, 1970) ; Hollywood... Hollywood (That's Entertainment Part II, 1976). — ACT. : For Me and My Gal (B. Berkeley, 1942) ; Pilot No 5 (G. Sidney, 1943) ; La Du Barry était une dame (R. Del Ruth, id.) ; Parade aux étoiles (Sidney, id.) ; The Cross of Lorraine (T. Garnett, id.) ; la Reine de Broadway (Ch. Vidor, 1944) ; Vacances de Noël (R. Siodmak, id.) ; Escale à Hollywood (Sidney, 1945) ; Ziegfeld Follies (V. Minnelli, 1946) ; Living in a Big Way (G. La Cava, 1947) ; le Pirate (Minnelli, 1948) ; les Trois Mousquetaires (Sidney, id.) ; Ma vie est une chanson (N. Taurog, id.) ; Match d'amour (Berkeley, 1949) ; Un jour à New York (G. K. et Donen, id.) ; la Main noire (R. Thorpe, 1950) ; la Vallée heureuse (Ch. Walters, id.) ; Un Américain à Paris (Minnelli, 1951) ; It's a Big Country (Ch. Vidor, 1952) ; Chantons sous la pluie (G. K. et Donen, id.) ; Le diable fait le troisième (A. Marton, id.) ; Love is Better than Ever (Donen, id.) ; Invitation à la danse (G. K., 1953) ; Brigadoon (Minnelli, 1954) ; l'Île du danger (J. et R. Boulting, id.) ; Au fond de mon cœur (caméo, Donen, id.) ; Beau fixe sur New York (G. K. et Donen, 1955) ; la Route joyeuse (G. K., 1957) ; les Girls (G. Cukor, id.) ; la Fureur d'aimer (I. Rapper, 1958) ; Procès de singe (S. Kramer, 1960) ; le Milliardaire (caméo, G. Cukor, id.) ; Madame croque-maris (J. Lee Thompson, 1964) ; les Demoiselles de Rochefort (J. Demy, 1967) ; 40 Carats (M. Katselas, 1973) ; Il était une fois Hollywood (J. Haley Jr., 1974) ; Hollywood... Hollywood (G. K., 1976) ; le Casse-cou (Viva Knievel, G. Douglas, 1977) ; Xanadu (R. Greenwald, 1980) ; Reporters (R. Depardon, DOC., 1982).

KELLY (Grace)

actrice américaine (Philadelphie, Pa., 1929 - Monte-Carlo 1982).

Issue de la haute bourgeoisie, Grace débute au théâtre à dix ans. En 1949, elle apparaît à la TV dans des publicités luxueuses. En 1951, elle tient un petit rôle dans Quatorze Heures (H. Hathaway). Vedette dès l'année suivante du western de Fred Zinnemann, Le train sifflera trois fois, elle paraît vouée aux films d'aventures où sa distinction déphasée semble offrir à la fois un piquant et une caution : Mogambo (J. Ford, 1953) ; l'Émeraude tragique (Green Fire, A. Marton, 1954) ; les Ponts de Toko-Ri (M. Robson, 1955). Mais, en 1954-55, elle est coup sur coup l'interprète de trois films d'Hitchcock, dont les deux derniers comptent parmi les réussites les plus brillantes de cet auteur. Ces films fixent son véritable emploi, à base d'érotisme glacé, dissimulé par le bon ton et relevé d'une subtile touche d'humour : Le crime était presque parfait (1954), Fenêtre sur cour (id.) et la Main au collet en 1955 (où elle réussit même à être émouvante). Elle reçoit en 1955 l'Oscar (Une fille de la province, E. G. Seaton) mais plus pour sa beauté et le prestige commercial des films de Hitchcock que pour son rôle dans ce pesant mélodrame. Après deux autres films (le Cygne, Ch. Vidor, 1956 ; Haute Société, Ch. Walters, 1956), sa carrière prend brusquement fin, par son mariage avec le prince Rainier III de Monaco, qu'on lui a fait rencontrer lors du tournage de la Main au collet. Ce « conte de fées » qui satisfait à la fois la jet society et les midinettes du monde entier (ignorantes des origines de Grace Kelly) a fait oublier les réelles qualités de l'actrice, que seul, à vrai dire, Hitchcock sut exploiter. La princesse est apparue en 1962 comme « hôtesse » dans un spectacle TV consacré à Monaco, mais tous les bruits concernant son éventuel retour à l'écran furent ensuite démentis. Elle devait trouver la mort à la suite d'un accident d'automobile. ▲