Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEGG (Stuart)

cinéaste et producteur britannique (Londres 1910 - Wiltshire 1988).

Administrateur de la GPO Film Unit et de l'Empire Marketing Board (1932-1937), il participe à la création et à la direction de la National Film Board of Canada (1939-1945). Proche collaborateur de John Grierson, il devient l'un des meilleurs représentants de l'école documentariste anglaise avec un film sur l'éducation des enfants (The New Generation, 1932) et quatre films sur les communications téléphoniques (The New Operator, 1932 ; Telephone Workers, 1933 ; Cable Ship, id. ; The Coming of the Dial, id.). Mais Stuart Legg est surtout connu pour BBC, The Voice of Britain (1934), qu'il réalise avant Conquering Space (1935) et Roadways (1937).

LEGOCHINE (Vladimir) [Vladimir Grigor'evič Legošin]

cinéaste soviétique (Bakou 1904 - Moscou 1954).

Diplômé en 1924 de l'Institut d'art dramatique de Bakou (République d'Azerbaïdjan), élève à Moscou de Koulechov et Youtkevitch, acteur, décorateur et metteur en scène de théâtre, il débute comme réalisateur avec le Chant du bonheur (Pesnija o sčast'e, CO : M. Donskoï, 1934), beau témoignage humaniste sur le petit peuple russe. À partir de 1936, il est attaché au Studio des films pour enfants (Sojuzdetfil'm) et réalise, d'après le roman de Valentin Kataïev, Au loin, une voile (Beleet parus odinokij, 1937), ou la révolution de 1905 à Odessa vue par deux enfants, son chef-d'œuvre. Suivront, entre autres, Le soldat est revenu du front (Šel soldat s fronta, 1939), encore d'après Kataïev, et Ils ont une patrie (U nih est ’ rodina, CO A. Faïntzimmer, 1950). Après 1950, il s'est consacré au doublage des films étrangers.

LEGRAND (Michel)

musicien français (Paris 1932).

Fils du chef d'orchestre et compositeur Raymond Legrand, Michel Legrand est très jeune un pianiste virtuose, un accompagnateur recherché, un chef d'orchestre vedette et un musicien de jazz coté. Après quelques tentatives isolées (avec François Reichenbach en particulier), sa carrière de musicien de cinéma commence véritablement avec la Nouvelle Vague, et plus précisément avec Jacques Demy (Lola, 1961 ; la Baie des Anges, 1963 ; les Parapluies de Cherbourg, 1964 ; les Demoiselles de Rochefort, 1967 ; Peau d'âne, 1970). Godard (Une femme est une femme, 1961 ; Vivre sa vie, 1962 ; Bande à part, 1964), Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1962), Losey (Eva, id.) font appel à lui. Il leur compose avec une apparente facilité des musiques imprégnées de jazz et souvent fort mélodieuses.

Le déclin de la Nouvelle Vague ne réduit pas son activité. Les cinéastes américains lui font de plus en plus confiance : Norman Jewison en 1968 pour l'Affaire Thomas Crown, qui lui vaut un Oscar ; Sydney Pollack pour Un château en enfer (1969) ; Joseph Losey pour le Messager (1971) ; Robert Mulligan pour Un été 42 (id., second Oscar) ; Richard Lester pour les Trois Mousquetaires (1974) ; Charles Jarrott pour De l'autre côté de minuit (1977) ; Barbra Streisand pour Yentl (1983). Il n'abandonne pas pour autant le cinéma français et multiplie les partitions pour Rappeneau, Molinaro, de Broca, Deray et même Lelouch (les Uns et les Autres, 1981, avec Francis Lai ; Partir, revenir, 1985) ou Demy (Trois places pour le 26, 1988). Il s'essaie à la réalisation (Cinq Jours en juin, 1989), et compose de nouveau pour le cinéma, notamment : Mountain of diamonds (J. Swarc, 1991), Dingo (Rolf de Heer, 1991 – où il collabore avec un musicien de jazz qu'il admire, Miles Davis), Les demoiselles ont eu 25 ans (A. Varda, 1993, en hommage au film de Demy datant de 1967), Prêt-à- porter (R. Altman, 1994).

LEGRAND (Raymond)

musicien français (Paris 1908 - id. 1974).

Formé aux États-Unis à l'école du musicien de jazz blanc Paul Whiteman, Raymond Legrand devint, à son retour en France, chef d'orchestre et arrangeur attitré pour Ray Ventura puis Jacques Hélian. Sous l'Occupation, il connut avec son orchestre et sa chanteuse Irene de Trebert un brin de célébrité avec Mademoiselle Swing (Richard Pottier, 1942), un ersatz de comédie américaine. Après la guerre, il compose notamment les musiques de Meurtres (Pottier, 1950), Justice est faite (A. Cayatte, id.), Topaze (M. Pagnol, 1951) et Manon des sources (id., 1953), et de nombreuses comédies, notamment réalisées par H. Verneuil comme l'Ennemi public N° 1 (1953), Carnaval (1953). Il fut très éprouvé par l'échec du spectacle théâtral qu'il avait écrit, en 1966, pour sa deuxième épouse, Colette Renard. D'un premier lit, il avait eu deux enfants : Michel, qui prendra comme on sait brillamment le relais, et Christiane, elle aussi férue de musique (elle a fondé l'ensemble vocal des Blue Stars et doublé Catherine Deneuve dans les Parapluies de Cherbourg).

LE HENAFF (René)

monteur et cinéaste français (Saigon, Indochine, 1902).

Monteur passé à la réalisation dès 1929, il est cosignataire avec Sacha Guitry du Destin fabuleux de Désirée Clary. Pendant l'Occupation, son principal film est le Colonel Chabert, où il souligne le potentiel dramatique du récit de Balzac. Il tourne huit films entre 1945 et 1951 : intrigues policières (le Mystère de Saint Val, 1945), comédies (les Gueux au Paradis, 1946, avec Raimu et Fernandel, Uniformes et grandes manœuvres, 1950), films à costumes (Monsieur de Falindor, 1946). En 1951, il est en Suisse pour les extérieurs de la Fille au fouet ; malade, il est remplacé par Jean Dréville, qui achève le film en 1952. Il reviendra ensuite à son métier de monteur.

LEHMAN (Boris)

cinéaste belge (Lausanne, Suisse, 1944).

Diplômé de l'INSAS de Bruxelles, critique de cinéma, il est une des figures principales du cinéma expérimental, si actif en Belgique. Ses films relèvent du cinéma à la première personne : entièrement subjectifs, ses longs métrages sont une manière de journal filmé : À la recherche du lieu de ma naissance (1990), Babel, Lettre à mes amis restés en Belgique (1992), Leçon de vie (1995). Auteur de nombreux courts métrages depuis 1963, il a réalisé plusieurs documentaires, en particulier Muet comme une carpe (1987), sur les rituels du repas du Nouvel An juif, et Portrait du peintre dans son atelier (1985), sur Arié Mandelbaum.

LEHMAN (Ernest)

scénariste américain (New York, N. Y., 1920).