Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VLAČIL (František)

cinéaste tchèque (Českÿ Těšín 1924 - Prague 1999).

Après avoir étudié l'histoire de l'art à l'université de Brno à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il peint des tableaux et aborde le cinéma en participant à la réalisation de plusieurs documentaires scientifiques. Il tourne son premier court métrage en 1958 et son premier long métrage : la Colombe blanche (Holubice) en 1960, que suit, une année plus tard, ‘ le Piège du diable ’ (Ďablova past). Vlačil fait alors partie de la génération des Jasny et des Kachyňa, qui, comme lui, ont commencé leur carrière au cours des années 50, et qui vont traverser l'époque du printemps de Prague avec une expérience technique que leurs cadets devront assimiler en un temps beaucoup plus court. En 1967, il adapte le roman historique de Vladislav Vančura Marketa Lazarova (en deux volets). La réussite plastique et narrative de ce film l'entraîne à signer d'autres adaptations : la Vallée des abeilles (Údoli včel, 1967), Adélaïde (Adelheid, 1969) et ‘ la Légende du sapin argenté ’ (Pověst o střibrné jedli, 1973) d'après Vladimir Körner, ‘ l'Ombre de la fougère ’ (Stín kapradiny, 1984) d'après Josef Čapek. Il est également l'auteur de Sirius (1974), ‘ la Fumée des fanes de pommes de terre ’ (Dÿm bramborové natě, 1976), ‘ les Ombres d'un été torride ’ (Stíny horkého léta, 1977), ‘ Concert de fin d'été ’ (Koncert na konci léta, 1979), ‘ le Venin du serpent ’ (Hadí jed, 1982), ‘ le Petit Berger de la vallée ’ (Pasáček z joliny, 1983), ‘ Poète maudit ’ (Mág, 1988).

VLAD (Roman)

musicien italien (Cernauţi [auj. Tchernovtsy, Moldavie], Roumanie, 1919).

Après des études au conservatoire de sa ville natale, il suit un cours de piano à l'Accademia de Santa Cecilia de Rome, où il devient lui-même enseignant. Il compose de nombreuses œuvres, notamment pour le théâtre, et publie des essais fondamentaux sur la musique contemporaine. Ses recherches historiques débouchent dans des compositions très étudiées pour une série de courts métrages sur l'art de Enrico Emmer et Luciano Gras, dont Sulla strada di Damasco (1947) et Romantici a Venezia (id.). Il poursuit ses recherches personnelles dans ses musiques rigoureuses destinées à de longs métrages : Monastero di Santa Chiara (Mario Sequi, 1949), Au-delà des grilles (R. Clément, id.), Femmes sans nom (G. Radvanyi, id.), Dimanche d'août (Emmer, 1950), la Beauté du diable (R. Clair, id.). Pour Roméo et Juliette (R. Castellani, 1954), il s'inspire du Quattrocento tout en créant des morceaux lyriques et dodécaphoniques. Il collabore encore à des documentaires sur la peinture, à des émissions de télévision, et à quelques films importants, dont Monsieur Ripois (Clément, 1954), Nos plus belles années (M. Mattoli, 1956), Kean (V. Gassman et F. Rosi, 1957), Une vie (A. Astruc, 1958), le Défi (Rosi, id.), la Loi (J. Dassin, id.), l'Enfer dans la ville (Castellani, id.), l'Effroyable Secret du docteur Hichcock (R. Freda, 1962).

VLADY (Marina Catherine de Poliakoff-Baïdaroff, dite Marina)

actrice française (Clichy 1938).

Petit rat à l'Opéra de Paris, elle abandonne bientôt la danse pour s'engager, toute jeune encore, aux côtés de sa sœur Odile Versois, dans la voie du cinéma. Elle obtient son premier rôle dans Orage d'été de Jean Gehret en 1949. Blonde, réservée, sachant jouer de son charme slave, elle est pendant quelques années vouée aux prestations incolores dans des films italiens sans importance. Sa carrière se dessine grâce à André Cayatte, qui l'engage dans Avant le déluge (1954), lui permettant d'obtenir le prix Suzanne-Bianchetti, et à Giuseppe De Santis, qui met en valeur dans Jours d'amour (1955) des qualités de comédienne jusque-là étouffées par la banalité de la plupart de ses rôles. Elle reste certes en retrait du star-system français et, à l'époque où Brigitte Bardot supplante Martine Carol dans le cœur des foules, il ne lui est pas facile de s'imposer. Sa rencontre avec Robert Hossein — qu'elle va épouser — est capitale. Hossein lui donne une place privilégiée dans quatre de ses films et lui permet de relancer une image de marque qui avait beaucoup de mal à convaincre le public. Elle est l'interprète des Salauds vont en enfer (1956), de Pardonnez nos offenses (id.), de Toi, le venin (1959), de la Nuit des espions (id.), tous de Robert Hossein, mais aussi de la Sorcière (A. Michel, 1956), de Crime et Châtiment (G. Lampin, id.) et de la Fille dans la vitrine (L. Emmer, 1961). Peu après s'être séparée de Robert Hossein, elle rencontre Jean Delannoy qui la transforme en Princesse de Clèves (id.). Le film, pour académique et glacé qu'il soit, permet à Marina Vlady de prendre confiance en elle et d'apparaître soudain comme une comédienne distinguée, dont l'apparente fragilité masque peut-être un tempérament plus impétueux, plus imprévisible. Michel Deville et Stello Lorenzi éclairent le côté pile de l'actrice, Marco Ferreri prend violemment parti pour le côté face (le Lit conjugal, 1963, qui lui vaut le prix d'interprétation au festival de Cannes). Elle va désormais osciller entre les productions commerciales sans grand relief et les films d'auteur (Mona, l'étoile sans nom, H. Colpi, 1966 ; Deux ou Trois Choses que je sais d'elle, J.-L. Godard, 1967 ; le Temps de vivre, B. Paul, 1968 ; Un amour de Tchekhov, S. Youtkévitch, id. ; Elles deux, M. Mészáros, 1977). Ses traits réguliers et lumineux, son visage « botticellien », sa grâce naturelle ont certes été un atout dans sa carrière mais aussi peut-être un handicap. On l'a toujours soupçonnée d'être à la recherche d'un rôle qui lui convienne parfaitement, aussi bien au cinéma qu'au théâtre ou à la télévision. Cette actrice « rare » n'acceptait — on le sent bien — qu'à contrecœur de se plier comme tant d'autres à des interprétations standardisées.

Films  :

Orage d'été (J. Gehret, 1949) ; Dans la vie tout s'arrange (Marcel Cravenne, 1952, , 1949) ; Grand Gala (François Campaux, id.) ; Des gosses de riches (Fanciulle di lusso, Piero Mussetta, id.) ; Penne nere (Oreste Biancoli, 1953) ; les Infidèles (M. Monicelli et Steno, id.) ; Canzoni, canzoni, canzoni (Domenico Paolella, id.) ; la Fille du diable (La figlia del diavolo, Prim Zeglio, id.) ; l'Âge de l'amour (L'età dell'amore, Lionello De Felice, id.) ; Marco la Bagarre (Musoduro, Giuseppe Bennati, 1954) ; Avant le déluge (A. Cayatte, id.) ; les Amours de Casanova (Le avventure di Giacomo Casanova, Steno, id.) ; Jours d'amour (G. De Santis, 1955) ; Symphonie inachevée (Sinfonia d'amore, Glauco Pellegrini, id.) ; Sie (R. Thiele, id.) ; le Crâneur (D. Kirsanoff, id.) ; Sophie et le crime (Pierre Gaspard-Huit, id.) ; Les salauds vont en enfer (R. Hossein, 1956) ; la Sorcière (A. Michel, id.) ; Pardonnez nos offenses (Hossein, id.) ; Crime et Châtiment (G. Lampin, id.) ; Liberté surveillée (Vladimir Voltchek, 1958) ; Toi, le venin (Hossein, 1959) ; la Nuit des espions (id., id.) ; la Sentence (Jean Valère, id.) ; les Canailles (Maurice Labro, 1960) ; la Fille dans la vitrine (L. Emmer, 1961) ; la Princesse de Clèves (J. Delannoy, id.) ; la Steppe (A. Lattuada, 1962) ; les Sept Péchés capitaux (sketch : l'Orgueil, R. Vadim, id.) ; Adorable Menteuse (M. Deville, id.) ; Climats (Stello Lorenzi, id.) ; la Cage (Robert Darène, id.) ; le Meurtrier (C. Autant-Lara, 1963) ; le Lit conjugal (M. Ferreri, id.) ; les Bonnes Causes (Christian-Jacque, id.) ; Dragées au poivre (J. Baratier, id.) ; Mes femmes américaines (Una moglie americana, Gian Luigi Polidoro, 1965) ; On a volé la Joconde (Deville, 1966) ; Mona, l'étoile sans nom (H. Colpi, id.) ; Falstaff (O. Welles, id.) ; Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (M. Boisrond, id.) ; Deux ou Trois Choses que je sais d'elle (J.-L. Godard, 1967) ; le Temps de vivre (B. Paul, 1968) ; Un amour de Tchekhov (S. Youtkévitch, id.) ; Sirocco d'hiver (M. Jancsó, 1969) ; Pour un sourire (François Dupont-Midy, id.) ; Sapho (Georges Farrel, 1970) ; Contestazione generale (L. Zampa, id.) ; la Nuit bulgare (M. Mitrani, id.) ; Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (J. Yanne, 1972) ; le Complot (René Gainville, 1973) ; Que la fête commence (B. Tavernier, 1975) ; Sept Morts sur ordonnance (J. Rouffio, id.) ; Elles deux (M. Mészáros, 1977) ; le Mystère du triangle des Bermudes (Il Triangolo delle Bermude, René Cardona, id.) ; le Voleur de Bagdad (C. Donner, id.) ; le Malade imaginaire (Il malatto immaginario, Tonino Cervi, 1979) ; Duos sur canapé (Marc Camoletti, id.) ; l'Œil du maître (Stéphane Kurc, 1980) ; les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Catherine Binet, id.) ; Bordello (M. Kondourous, 1984) ; Tangos, l'exil de Gardel (F. Solanas, 1985) ; Twist Again à Moscou (Jean-Marie Poiré, 1986) ; les Exploits d'un jeune Don Juan (G. Mingozzi, 1987) ; Splendor (E. Scola, 1989) ; Follow Me (Maria Knilli, id.).