Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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NARLIEV (Khodjakouli) [Hodžakuli Narliev]

cinéaste soviétique (Kyzyl-Arvat, Turkménistan, 1937).

Élève du VGIK il débute comme opérateur dans les années 60 et devient très rapidement l'un des meilleurs metteurs en scène du cinéma turkmène. Débutant avec Un homme dans la mer (Čelovek za bortom, 1970), il signe ensuite Quand la femme selle le cheval (Kogda ženščina osedlaet konja, 1975), Ose dire non (Umej skazat « net », 1977), l'Arbre de Djamal (Derevo Džamal, 1980), Karakoum, 45o à l'ombre (Karakumy 45 v teni, 1982). Il signe en 1985 la biographie d'un poète turkmène du XVIIIe s. : ‘ Fragui privé de bonheur ’ (Fragi razlučennyj so ščaste'm), en 1989 l'Oiseau mémoire (‘ Ptica-pamjat'), et en 1990 les Serfs (Mankurt).

NARUSE (Mikio)

cinéaste japonais (Tokyo 1905 - id. 1969).

D'origine très modeste, orphelin tout jeune, il abandonne l'école à l'âge de quinze ans pour entrer à la Shochiku comme accessoiriste (1920). Il devient ensuite assistant réalisateur (1926). En 1930, la compagnie lui permet de tourner son premier film ‘ M. et Mme Chambara ’ (Chambara fufu), sur un scénario du président Shiro Kido, une comédie « slapstick » tournée en quelques jours, dont le montage est supervisé par son collègue et ami Heinosuke Gosho. Naruse tourne d'abord de nombreuses comédies à l'américaine, comme Ozu à la même époque, mais réalise bientôt des mélodrames intimistes à tonalité sociale, plus personnels, comme ‘ Séparé de toi / Après notre séparation ’ (Kimi to wakarete, 1933), ou ‘ Rêve de chaque nuit ’ (Yogoto no yume, id.), encore en version muette. Puis il passe aux studios PCL, nouvellement fondés, et qui donneront naissance à la Toho, firme où Naruse restera sous contrat jusqu'à la fin de sa carrière. Il se fait remarquer par des comédies sentimentales ‘ Trois Sœurs au cœur léger ’ (Otome-gokoro sannin shimai, 1935), et surtout avec un film lyrique qui connaît alors un grand succès : ‘ Ma femme, sois comme une rose ’ (Tsuma yo bara no yo ni, id.), où joue l'actrice Sachiko Chiba, sa future épouse. Il connaît ensuite une période de relatif déclin, et se trouve muselé par la propagande nationaliste du nouveau régime militaire, ainsi qu'en témoigne son meilleur film de cette époque : ‘ Toute la famille travaille ’ (Hataraku ikka, 1939).

Après la guerre, il refait surface vers 1950, s'essayant au style shomin-geki, et décrivant la famille japonaise dans sa vie quotidienne, avec un minimum de rebondissements dramatiques, à l'instar d'Ozu qui entame lui aussi une période très fertile. Mais le monde de Naruse est plus amer et désillusionné que celui d'Ozu, dans ses meilleurs titres, presque toujours de source littéraire, avec notamment plusieurs adaptations de l'œuvre de Fumiko Hayashi : ‘ le Repas ’ (Meshi, 1951) ; ‘ l'Éclair ’ (Inazuma, 1952) ; ‘ Chrysanthèmes tardifs ’ (Bangiku, 1954) ; ou encore une de ses œuvres maîtresses, Nuages flottants (Ukigumo, 1955), avec Hideko Takamine et Masayuki Mori. On lui doit également une belle adaptation de Kawabata, ‘ le Grondement de la montagne ’ (Yama no oto, 1954). Mais le seul film vraiment connu est un exemple remarquable du shomin-geki, Okasan (littéralement « Maman », 1952), qui révélait la personnalité de l'actrice Kinuyo Tanaka la même année que la Vie de Oharu femme galante, de Mizoguchi. Naruse aborde ainsi toutes les plus intimes facettes de la famille japonaise dans une série d'approches des réalités douces-amères de l'après-guerre, et dont les titres parlent d'eux-mêmes : ‘ Un couple ’ (Fufu, 1953) ; ‘ Épouse ’ (Tsuma, id.) ; ‘ Frère aîné, sœur cadette ’ (Ani imoto, id.) ; ‘ le Cœur d'une épouse ’ (Tsuma no kokoro, 1956) et, plus tard, ‘ Fille, épouse et mère ’ (Musume, tsuma, haha, 1960). La majorité de ces œuvres est interprétée par l'actrice favorite de Naruse, Hideko Takamine, vedette de la Toho dès son plus jeune âge, et qui incarne des personnages immuables d'épouses, de mères, mais aussi, au tournant des années 60, des personnages plus complexes, néanmoins typiques de l'œuvre du cinéaste, comme l'hôtesse de bar de ‘ Quand une femme monte les escaliers ’ (Onna ga kaidan o agaru toki, 1960), la veuve solitaire et courageuse de ‘ Désordres ’ (Midareru, 1966), ou encore celle de ‘ Frappe et cours ’ / ‘ Moment de terreur ’ (Hikinige, 1966), un des derniers films du cinéaste à la Toho.

Mikio Naruse meurt en 1969, après avoir tourné 87 films, à un moment où la crise économique et artistique commence à toucher les studios, et où le type de films dont il avait été l'un des plus talentueux représentants est en passe de disparaître, ou évolue vers la comédie populaire. Il demeure le cinéaste des classes populaires, et de la psychologie féminine « typiquement japonaise », quelque part entre le monde d'Ozu — dont il n'avait pas les partis pris esthétiques — et celui de Gosho, qui le forma à la technique et l'aida à débuter.

NASCIMBENE (Mario)

musicien italien (Milan 1913).

Études au conservatoire de Milan. Il s'oriente très vite vers le cinéma, dont il devient un des fournisseurs les plus prolifiques, et pas toujours le plus discret — son goût le porte souvent aux grandes machines « historiques »... et bruyantes, de l'amusant O. K. Néron de Soldati (1951) à l'Alexandre le Grand de Rossen (1956), aux Vikings (1958) et au Barabbas de Fleischer (1962). Une de ses partitions les plus personnelles est celle de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz (1954), qui lui confie ensuite Un Américain bien tranquille (1958). Il collabore plusieurs fois avec Zurlini (Été violent, 1959). Il écrit une partition nuancée pour la Momie (Shadi Abd as-Salam, 1969) et travaille assidûment avec Rossellini (le Messie, 1976) et pour la RAI. Un chatoiement un peu facile, des effets de cuivres ou de sonorités obtenues en percussion caractérisent Nascimbene, qui joue trop volontiers sur les « effets ».

NAṢR ('Abdal-Ḥalim)

chef opérateur égyptien (1913).

Son apprentissage d'opérateur auprès des vieux routiers traditionnels est solide, mais c'est le travail qu'exige Ṣalaḥ Abu Sayf qui amène Naṣr à une conception élaborée de la lumière (‘ Pas de temps pour l'amour ’, 1963), à une recherche des valeurs dans les noir et blanc policiers de Kamal al-Shaykh ou dans ses films psychologiques (Miramar, 1968). Il vient à la couleur en déployant une gamme chaude et lyrique (la Terre, Y. Chahin, 1969), mais il sait alléger sa palette avec un charme réel pour ‘ l'Amour qui fut ’ par exemple (‘ Ali Badrakhan, 1971), ou les comédies sentimentales de Barakat. S'il a photographié le plus gros succès du box-office égyptien (‘ Occupe-toi de Zouzou ’ [Khalli balak min Zuzu], de Ḥasan al-Imam, 1972), il a de meilleurs titres de professionnalisme : ‘ les Enfants des pauvres ’ (Y. Wahbi, 1942) ; ‘ N'éteins pas le soleil ’ (Abu Sayf, 1961) et le Procès 68 (id., 1968) ; ‘ Journal d'un substitut de campagne ’ (T. Ṣalaḥ id.) ; ‘ la Peur ’ (S. Marzuq, 1972), ou ‘ le Suspect ’ (Samir Sayf, 1981). Son frère, Mahmud Naṣr (1919), est également chef opérateur.