Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HUSTON (John) (suite)

Enfin, après Indépendance (1976), un film historique de commande, il brosse dans le Malin (1979), d'après un conte de Flannery O'Connor, le portrait insoutenable d'un prédicateur halluciné du grand Sud.

Le schéma se poursuit : au Canada, c'est un suspense mineur, Phobia (1980), et un film de commande sur un camp de prisonniers, À nous la victoire (id.). Mais Huston, toujours vert et qui habite une île mexicaine inaccessible, tourne un grand succès de Broadway, Annie (1981), avec Albert Finney. En 1983, avec le même acteur dans le rôle principal, il entreprend l'adaptation d'un livre réputé « intournable », Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Pendant tout ce temps, il n'a jamais cessé de jouer dans des films souvent prestigieux tournés par Preminger (le Cardinal), Polanski (Chinatown), John Milius (le Lion et le Vent) ou Orson Welles, son vieil ami (The Other Side of the Wind, 1979, inachevé), dont le rapproche cette activité délirante de mercenaire et de franc-tireur. Ce conteur-né finit par écrire ses Mémoires, An Open Book : il n'a jamais cessé de se raconter, de cette voix prenante de narrateur public et de bonimenteur qui est la sienne. Sa vie, spectaculaire, n'est-elle pas faite, comme sa carrière, de recommencements perpétuels ?

Films  :

le Faucon maltais (The Maltese Falcon, 1941) ; Is This Our Life (1942) ; les Griffes jaunes (Across the Pacific, id.) ; Report From the Aleutians (DOC, 1943) ; The Battle of San Pietro (DOC, 1945) ; Let There Be Light (DOC, 1946) ; le Trésor de la sierra Madre (The Treasure of Sierra Madre, 1948) ; Key Largo (id., id.) ; les Insurgés (We Were Strangers, 1949) ; Quand la ville dort (The Asphalt Jungle, 1950) ; la Charge victorieuse (The Red Badge of Courage, 1951) ; African Queen (id., 1952) ; Moulin-Rouge (id., 1953) ; Plus fort que le Diable (Beat the Devil, 1954) ; Moby Dick (id., 1956) ; Dieu seul le sait (Heaven Knows Mr. Allison, 1957) ; le Barbare et la Geisha (The Barbarian and the Geisha, 1958) ; les Racines du ciel (The Roots of Heaven, id.) ; le Vent de la plaine (The Unforgiven, 1960) ; The Misfits (id., 1961) ; Freud, passions secrètes (Freud, 1962) ; le Dernier de la liste (The List of Adrian Messenger, 1963) ; la Nuit de l'iguane (The Night of the Iguana, 1964) ; la Bible (The Bible, 1966) ; Casino Royale (id., un épisode ; CO K. Hughes, V. Guest, R. Parrish, J. McGrath, 1967) ; Reflets dans un œil d'or (Reflections in a Golden Eye, id.) ; Davey des grands chemins (Sinful Davey, 1969) ; Promenade avec l'amour et la mort (A Walk With Love and Death, id.) ; la Lettre du Kremlin (The Kremlin Letter, 1970) ; Fat City (id., 1972) ; Juge et Hors-la-loi (The Life and Times of Judge Roy Bean, id.) ; le Piège (The MacKintosh Man, 1973) ; l'Homme qui voulut être roi (The Man Who Would Be King, 1975) ; Independence (CM, 1976) ; le Malin (Wise Blood, 1979) ; Phobia (id., 1980) ; À nous la victoire (Escape to Victory, 1981) ; Annie (id., 1982) ; Au-dessous du volcan (Under the Volcano, 1984) ; l'Honneur des Prizzi (Prizzi's Honor, 1985) ; Gens de Dublin (The Dead, 1987).

HUSTON (Walter)

acteur américain d'origine canadienne (Toronto, Ontario, Canada, 1884 - Los Angeles, Ca., 1950).

En un début de carrière indécis, Walter Huston fut tenté successivement par l'hydraulique, l'électricité et le music-hall. Ce n'est que peu à peu qu'il opte définitivement pour la scène, et en 1924 il est définitivement sûr de ses dons de comédien, remportant un immense succès dans le Désir sous les ormes d'Eugène O'Neill. Quand il vient à Hollywood en 1929, il a la quarantaine passée et un physique qui est l'antithèse des stars de cinéma : grand, anguleux, et surtout très, très sévère, ce qui, chez cet amoureux de la vie, était soit de l'humour, soit de la pudeur. C'est sans doute à sa silhouette qu'il doit de jouer le rôle d' Abraham Lincoln (D. W. Griffith, 1930). Mais il ne sera jamais une vedette, simplement un des plus grands acteurs de sa génération : riche, généreux, inépuisable et, en même temps, discret, juste et jamais théâtral. Que de films médiocres doivent être tirés de l'oubli pour sa simple présence ! Mais quel éblouissement quand il rencontrait un cinéaste à sa mesure, ou simplement capable de s'entendre avec lui. Capra (American Madness, 1932), La Cava (Gabriel Over the White House, 1933), Cromwell (Ann Vickers, 1933), Brown (Of Human Hearts, 1938) ou Dieterle (All That Money Can Buy, 1941) ont fourni les perles de sa prestigieuse couronne. Sa figure paternelle dans Of Human Hearts ou son Diable rigolard et inquiétant de All That Money Can Buy, ou encore un rôle qui l'avait déjà rendu célèbre sur les planches, celui de l'homme d'affaires trompé de Dodsworth (W. Wyler, 1936) sont autant de créations mémorables. Quand son fils John vient à la réalisation, Walter Huston ralentit son activité cinématographique, retournant occasionnellement à la scène. Il revient à Hollywood en 1947, terminant sa carrière en une foulée splendide : le père de Mickey Rooney dans le délicieux musical Belle Jeunesse (R. Mamoulian, 1948), celui, violent et tourmenté, de Barbara Stanwyck dans les Furies (A. Mann, 1950) et, surtout, l'aventurier du Trésor de la sierra Madre (J. Huston, 1948), où son fils a fixé à jamais sa gouaille, sa truculence et son humanité riche et complexe.

HUSZÁRIK (Zoltán)

cinéaste hongrois (Domony 1931 - Budapest 1981),

diplômé de l'Académie des arts du théâtre et du cinéma en 1962. Son premier court métrage, Élégie (Elégia, 1965), est la révélation d'un talent exceptionnel par le lyrisme de son inspiration et le baroquisme de son traitement visuel et sonore sur le thème de la destruction de la qualité de la vie par la civilisation moderne. L'originalité de son expression est confirmée par ses courts métrages Amerigo Tot (1969), Capriccio (id.), Angelus (1972), A piacere (1976), ainsi que par ses longs métrages (Sindbad [Szindbád], 1971, et surtout Csontváry, 1980), émouvante évocation de la vie du grand peintre naïf hongrois.

HUTTON (Betty June Thornburg, dite Betty)

actrice américaine (Battle Creek, Mich., 1921).

Chanteuse professionnelle dès l'adolescence, elle arrive à Broadway en 1940, où son exubérante vitalité lui vaut le surnom de « Bombe blonde ». Appelée à Hollywood, elle chante et joue dans une dizaine de films dont les plus connus restent Au pays du rythme (G. Marshall, 1942), Miracle au village (Preston Sturges, 1944), la Blonde incendiaire (G. Marshall, 1945), Annie reine du cirque (G. Sidney, 1950) et Sous le plus grand chapiteau du monde (Cecil B. De Mille, 1952). En 1947, elle interprète le rôle de Pearl White dans The Perils of Pauline (G. Marshall). Ayant rompu son contrat avec la Paramount en 1953, elle ne réussira jamais à se relancer à l'écran, ni à la scène, malgré plusieurs tentatives. On retrouve en 1974 la vedette déchue, devenue cuisinière et concierge d'une paroisse de Rhode Island.