Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GABRIO (Gabriel)

acteur français (Reims 1888 - Paris 1946).

Il impose sa silhouette massive, son entêtement un peu borné et, en fin de compte, sa sensibilité voilée dans des films aussi divers et aussi marquants que la Fête espagnole (G. Dulac, 1920), les Misérables (H. Fescourt, 1925), les Croix de bois (R. Bernard, 1932), Au nom de la loi (M. Tourneur, id.), Lucrèce Borgia (A. Gance, 1935), Pépé le Moko (J. Duvivier, 1937), Regain (M. Pagnol, id.), les Visiteurs du soir (M. Carné, 1942). Sa dernière apparition, et non la moins émouvante, se situe dans le Val d'enfer (M. Tourneur, 1943).

GAD (Urban)

cinéaste danois (Skælsør 1879 - Copenhague 1947).

S'il n'est pas à proprement parler celui qui a « découvert » Asta Nielsen, il est sans aucun doute celui qui lui a donné son aura. Il tourne avec elle l'Abîme (Afgrunden, 1910) et le Rêve noir (Den sorte drøm, 1911), l'épouse en 1912, quitte son pays pour aller en Allemagne imposer sa vedette en signant de nombreux films, dont la Danse de mort (Der Totentanz, 1912), Quand tombent les masques (Wenn die Maske fällt, id.), la Mort à Séville (Der Tod in Sevilla, 1913), la Suffragette (Die Suffragette, id.), la Bande de Zapata (Zapatas Bande, 1914), Roses blanches (Weissen Rosen, 1915), la Nuit éternelle (Die ewige Nacht, 1916). Séparé d'Asta Nielsen, il réalise encore plusieurs films dans les studios berlinois avec Maria Widal ou Hella Moja comme têtes d'affiche, mais il comprend assez vite qu'il ne pourra jamais remplacer Asta Nielsen. Il cesse dès lors de construire ses films sur le seul éclat d'une star, travaille pour Saturna-Film, Terra-Film et Corona-Film (Christian Wahnschaffe, 1921, en deux épisodes ; l'Île des disparus [Die Insel der Verschollenen], id. ; l'Assomption d'Hannele Mattern [Hanneles Himmelfahrt], 1922), puis revient à Copenhague diriger Schenström et Madsen (Doublepatte et Patachon) dans les Joyeux Lurons / la Roue de la fortune (Lykkehjulet, 1926). Il gère ensuite dans la capitale danoise une salle de répertoire, le Grand Teater.

GADE (Sven[d])

cinéaste danois (Copenhague 1877 - Aarhus 1952).

Acteur de théâtre et décorateur, il travaille dans son pays natal puis en Allemagne, où il subit l'influence de Max Reinhardt. Il est surtout connu pour avoir dirigé en 1920 Asta Nielsen dans le rôle-titre d'Hamlet (non pas l'adaptation shakespearienne mais l'évocation d'une légende ancienne fondée sur l'étrange personnalité de la princesse Hamlet, qui pour des raisons politiques se fait passer pour un homme). En 1923, il part pour Hollywood, perd le d de son prénom, dessine pour Lubitsch les décors de Rosita (1923) et de Three Women (1924), puis dirige quelques films dont Siège (1925), Watch Your Wife (1926), The Blonde Saint (id.), Into Her Kingdom (id.). Il ne s'adapte pas au cinéma parlant, revient au Danemark, travaille essentiellement pour le théâtre mais réalise encore un film en 1938 : Balletendanser.

GAEL (Janine Blanlœil, dite Josseline)

actrice française (Paris 1917).

Toute petite, on la voit sur les écrans muets ; à peine grandie, ses rôles s'étoffent et elle interprète avec justesse les jeunes filles en fleur (Tout ça ne vaut pas l'amour, J. Tourneur, 1931) ou la Cosette des Misérables (R. Bernard, 1934). Séduisante, elle met de l'esprit et du piquant dans des apparitions qui n'en comportent guère et se distingue dans Monsieur Personne (Christian-Jaque, 1936) ; Un déjeuner de soleil (M. Cravenne, dit « Cohen », 1937) ; Remontons les Champs-Élysées (S. Guitry, 1938) ; la Main du diable (M. Tourneur, 1943). Mariée avec Jules Berry, sa carrière est brisée net à la Libération en raison de ses graves imprudences pendant l'occupation allemande.

GAFFER

Équivalent anglais de chef électricien ( GÉNÉRIQUE) — Nom donné à un ruban adhésif résistant utilisé par les électriciens et les machinistes.

GAINSBOURG (Charlotte)

actrice française (Londres, 1971).

Fille de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg, elle apparaît à l'écran dans des petits rôles dès 1984-1985, puis c'est dans l'Effrontée de Claude Miller (1985) que se crée son premier personnage – la préadolescente – qui fait d'elle un espoir consacré par un César. En 1986, Serge Gainsbourg, jouant sur l'ambiguïté et quelques provocations, se met en scène avec elle dans Charlotte for ever, puis elle apparaît aux cotés de Jane Birkin dans Kung-fu master d'Agnès Varda (1887). Elle est dirigée à son avantage par Claude Miller dans la Petite Voleuse (1988) et elle tourne avec Bertrand Blier Merci la vie (1990), enchaînant ensuite quelques rôles de son âge, notamment avec Jacques Doillon (Amoureuse, 1991). À partir de Love, etc. (Marion Vernoux, 1996), elle travaille régulièrement mais sans éclat particulier, jusqu'à Félix et Lola de Patrice Leconte (2000), qui semble lui ouvrir des horizons nouveaux.

GAINSBOURG (Lucien Ginzburg, dit Serge)

musicien, chanteur, acteur et cinéaste français (Paris 1928 - id., 1991).

Pianiste de bars à la mode dans les années 50, il devient musicien à succès avec la partition et les chansons agréablement légères du film l'Eau à la bouche (J. Doniol-Valcroze, 1960). Dès lors, il compose avec talent pour beaucoup d'autres, dont on ne peut guère sauver que l'Horizon (J. Rouffio, 1967), qui est pourtant un échec, ou Paris n'existe pas (R. Benayoun, 1969), qui en est un autre. Sa carrière d'acteur le mène de mauvais péplums en Chemins de Katmandou (A. Cayatte, 1969)... À la ville comme à l'écran, il cultive le physique ingrat et l'aspect hirsute et douteux de son personnage. En 1975, il tourne un premier long métrage curieux, Je t'aime, moi non plus, avec Jane Birkin (qui a partagé sa vie de 1969 à 1982), Joe Dallessandro et Gérard Depardieu, en 1983 : Équateur, au Congo, adaptation d'une nouvelle de Simenon, en 1986 : Charlotte for Ever qu'il tourne avec sa propre fille (et celle de Jane Birkin) Charlotte, et en 1990 : Stan the Flasher.

GALABRU (Michel)

acteur français (Safi, Maroc, 1924).

Il est passé par la Comédie-Française avant de débuter au cinéma, en 1951. Pendant plus de dix ans, il obtient des rôles secondaires dans de nombreux films, généralement de peu d'importance. Dans les années 60 et 70, il devient une des principales figures du cinéma comique français, grâce notamment à ses apparitions aux côtés de Louis de Funès dans la série tropézienne des Gendarmes (Jean Girault). Il tourne beaucoup, et n'importe quoi. En 1975, on peut le voir dans un film non comique, Monsieur Balboss (Jean Marbœuf), où il est remarquable. Peu après, le public le plus large peut apprécier une nouvelle facette de son talent dans le Juge et l'Assassin (B. Tavernier, 1976). Très populaire, il poursuit la même carrière inégale, où le meilleur côtoie le pire. La diminution de la production de comédies très populaires dans lesquelles il acceptait si facilement d'apparaître l'amène à se spécialiser dans deux directions : les films adaptés de classiques du théâtre (de l'Avare de Jean Girault, 1979, à la Folle journée ou le Mariage de Figaro de R. Coggio, 1988) et des rôles originaux, bizarres, inquiétants ou dramatiques : l'Été meurtrier (Jean Becker, 1982), Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre, 1984), Subway (L. Besson, 1984), Grand guignol (J. Marbœuf, 1987).