Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VANCINI (Florestano)

cinéaste italien (Ferrare 1926).

Il dirige de nombreux documentaires, dont Il delta padano (1951), et travaille comme assistant de Mario Soldati et Valerio Zurlini. En 1960, il débute à la mise en scène avec la Longue Nuit de 1943 (La lunga notte del'43), drame politique inspiré par un tragique épisode du fascisme, et, en 1961, il participe au film collectif Les femmes accusent (Le italiane e l'amore, épisode : La separazione legale). La banda Casaroli (1962), qui évoque les exploits d'un groupe de criminels, réaffirme son goût pour l'analyse sociale et historique qui débouchera ensuite dans la simple vulgarisation de Bronte... cronica di un massacro che i libri di storia non hanno raccontato (1972) ou de Giacomo Matteotti (Il delitto Matteotti, 1973). Ses adaptations littéraires comme La calda vita (1964) ou Un dramma borghese (1979) sont plus personnelles et émouvantes que ses pamphlets idéologiques comme Le stagioni del nostro amore (1966) ou La violenza : quinto potere (1972). Il a dirigé aussi un western — signé Stan Vance —, les Longs jours de la vengeance (I lunghi giorni della vendetta/Faccia d'angelo, 1967), et quelques drames érotiques : Violenza al sole/Un'estate in quattro/L'isola (1969), Amore amaro (1974).

VAN CLEEF (Lee)

acteur américain (Somerville, N.J., 1925 - Oxnard, Ca., 1989).

Au cours des années 50 et 60, il a promené son profil d'aigle dans des dizaines de westerns, thrillers et films de guerre américains, signés parfois par de grands maîtres tel que John Ford, Raoul Walsh et Anthony Mann, mais où il devait se contenter de jouer les troisièmes couteaux et les méchants de service. Sergio Leone le sortira de ce purgatoire en lui faisant partager la vedette avec Clint Eastwood dans Et pour quelques dollars de plus (1965), puis dans le Bon, la Brute et le Truand (1966) dans lequel Van Cleef incarne, comme il se doit, la Brute. Mais excepté ces deux films, aucun des nombreux westerns spaghetti qu'il a tournés en Italie — notamment la série des Sabata du réalisateur Gian Franco Parolini (alias Frack Kramer) — ne restera dans les mémoires. Le déclin du western italien qui assurait la notoriété de Van Cleef donnera un sérieux coup de frein à la carrière de l'acteur dont les apparitions cinématographiques se feront de plus en plus rares à partir du milieu des années 70. John Carpenter lui confiera son dernier rôle notable dans New York 1997 (1981).

VANČURA (Vladislav)

écrivain et cinéaste tchèque (Háje, près d'Opava, Autriche-Hongrie [auj. République tchèque], 1892 - Prague 1942).

Médecin de profession, il écrit des articles théoriques sur le cinéma, au début des années 20, puis aborde la réalisation en cosignant avec Svatopluk Innemann ‘ Avant le bachot ’ (Před maturitou, 1932). Séduit par les possibilités du septième art, il dirige, seul cette fois, ‘ Du côté du soleil ’ (Na sluneční straně, 1933), où l'on décèle l'influence des écrits pédagogiques de Makarenko, puis ‘ Marijka l'Infidèle ’ (Marijka nevérnice, 1934), étude sur la vie des paysans juifs de la région carpathique ukrainienne, à laquelle collaborent les romanciers Ivan Ollbracht et Karel Novÿ. L'importance et l'influence de Vančura augmentent au fil des ans. Certains de ses amis, tels Elmar Klos, Vladimir Čech, Miloš Makovec, František Sàdek ou Vladimir Novotnÿ, joueront un rôle non négligeable dans le développement du cinéma national après la guerre. Vančura tourne encore deux films : ‘ Amour et Peuple ’ (Láska a lídé, 1937) et ‘ Nos fanfarons ’ (Naši furianti, CO Václav Kubásek, id.) tout en édifiant une œuvre littéraire qui l'imposera comme l'un des grands prosateurs du XXer siècle. Son courage exemplaire face à l'invasion nazie l'entraînera vers une lutte héroïque : il sera exécuté en 1942. Plusieurs de ses œuvres ont été ultérieurement portées à l'écran, notamment Mar Keta Lazarova (par František Vlačil en 1967), Un été capricieux (par Jiři Menzel en 1968) et ‘ l'Arc de la reine Dorothée ’ (Luk kralovny Dorotky, par Jan Schmidt en 1970).

VAN DAELE (Edmond)

acteur français (Paris 1888 - Grez-Neuville, 1960).

Il campe un énigmatique Robespierre dans le Napoléon de Gance (1925-1927). Son jeu, caractérisé par une sorte d'impassibilité traversée de frémissements, l'avait poussé au premier plan dans Pour une nuit d'amour (Y. Protazanov, 1921), Cœur fidèle (J. Epstein, 1923), l'Inondation (L. Delluc, 1924) et surtout Fièvre (id., 1921). Après avoir été vedette jusqu'en 1929 et même réalisateur (la Lumière du cœur, 1922), il lutte mal contre le parlant et, malgré des prestations dans des films de L'Herbier, Maurice Tourneur et Duvivier, il n'apparaît plus que fugitivement et à de longs intervalles.

VAN DAMME (Jean-Claude)

acteur américain d'origine belge (Bruxelles, 1961).

Ancien karatéka, il débute au cinéma au milieu des années 80, grâce à son physique musculeux. La vogue des films d'action lui assure vite un emploi en vedette dès 1989 (Kickboxer, Mark DiSalle/David Worth, dont il écrivit également le scénario). Fêté par le public, il n'a manifesté qu'un talent d'acteur limité et une ambition modeste qui s'exprime dans les meilleurs cas sous la direction experte de John Woo (Hard Target, 1993), de Ringo Lam (Risque Maximum, 1997) ou de Tsui Hark (Double Team, id.).

VANDERBEEK (Stan ou Stanley)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1933 - Columbia, Md., 1984).

Comptant parmi les plus importants créateurs de l'avant-garde des années 50 et 60, il s'essaie à toutes les formes d'expérimentations audiovisuelles, dépassant souvent le cadre de la projection sur simple écran. Stan VanDerBeek entreprend des études d'architecture à la Cooper Union Art School (1952) et suit des cours d'expression graphique à la Black Mountain School of Art (1953). Un travail temporaire pour la télévision lui permet d'utiliser le studio et de concevoir ainsi ses premières bandes : What Who How et Visioniii (1955). La plupart des films que l'auteur réalise après Mankinda (1957) mélangent graphismes animés, matériel d'archives et collages divers : Yet (id.), Street Meet (id.), Astral Man (1957), Breathdeath (1964). Souvent ses œuvres prennent l'allure de pastiches humoristiques et s'attaquent à des sujets sociaux ou politiques : Science Friction (1958), Achoo Mr. Keroochev (1959), Skullduggery (1961). Signalons que Stan VanDerBeek popularise, en 1961, dans un article publié par la revue Film Quaterly, le terme fameux d'« underground » qui désigne le cinéma pratiqué par lui et ses collègues. Il s'avère d'ailleurs pionnier en divers domaines. En 1966, il entreprend la confection d'une série de films sur ordinateur, les Poemfields : des textes fournis à la machine sont retravaillés de manière rythmique et graphique. Il persévère dans cette voie de l'animation électronique avec, notamment, Symmetricks (1972), Curious Phenomena (1980). Stan VanDerBeek défriche aussi d'autres terrains. Il filme un « happening » de Claes Oldenburg (Snapshot of the City, 1961), collabore avec des chorégraphes comme Merce Cunningham (Variation 5, 1965) et conçoit un spectacle pluridisciplinaire (Pastorale : Et A1, 1965) où des danseurs tiennent des écrans sur lesquels on projette certains de leurs mouvements. Stan VanDerBeek développe cette tendance de la recherche — appelée « expanded cinema » ou « cinéma élargi » — en construisant, chez lui, à Stony Point, son fameux « Moviedrome » (1965) : une demi-sphère enveloppe de projections diverses (films et diapositives) des spectateurs couchés à terre. L'auteur poursuit ses multiples investigations jusqu'à la fin : Dreaming (1980), After Laughter (1982).