Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
Z

ZHANG JUNXIANG

cinéaste chinois (Zhenqiang, province du Jiangsu, 1911).

Après des études à Pékin, il part pour Yale en 1936. Il rentre en Chine en 1940 avec un diplôme de master of arts. Enseignant, homme de théâtre, il réalise à Shanghai ‘ Journal d'un retour ’ (Huanxiang riji, 1947) et ‘ Un gendre en or massif ’ (Cheng long kuaixu, 1948), puis à Hongkong ‘ Crémation ’ (Huozang, id.). Vice-directeur des studios de Shanghai en 1956, il écrit le scénario de ‘ Réunion après la victoire ’ (Shengli chongfeng, Tang Xiaodan, 1951) et tourne ‘ Drapeau rouge sur le mont Cui ’ (Cuigang hongqi, id.) puis ‘ Une famille du bassin de la Huai ’ (Huai shang renjia, 1954). Auteur du documentaire-fiction ‘ Sur le fleuve Xin'an ’ (Xin'anjiang shang, Xu Changlin, 1958), il réalise aussi ‘ la Plaine en feu ’ (Liao yuan, CO Gu Eryi, 1962) et ‘ le Docteur Norman Bethune ’ (Bai Qiu'en daifu, CO Li Shutian et Gao Zheng, 1964), qui ne sera projeté qu'après la Révolution culturelle.

ZHANG RUIFANG

actrice chinoise (Baoding, Hebei, 1918).

Actrice de théâtre avant et durant la guerre sino-japonaise, elle arrive en 1938 à Chongqing et joue pour la première fois à l'écran dans le Baptême du feu, de Sun Yu (1940). Elle tient le rôle principal dans Sur la Soungari (Songhua jiang shang, 1947), écrit et dirigé par Jin Shan, l'un des premiers films réalisés par des cinéastes communistes regroupés dans le studio du Nord-Est à Changchun après son évacuation par les Japonais. Elle se révèle de film en film : la Mère (Muqin, Ling Zifeng, 1956), le Chant des deux phénix (Fenghuang zhi ge, Zhao Ming, 1957), le Long du canal 8 mars (Sanba he bian, Huang Zumo, id.), l'Âme de la mer (Haihun, Xu Tao, id.), Mille fleurs font le printemps (Shen Fu, 1959), Nie Er (Zheng Junli, id.), Li Shuangshuang (id., Lu Ren, 1962). Ce dernier titre lui vaut un succès considérable et le prix d'interprétation des Cent Fleurs en 1963. Qu'elle interprète une paysanne, une ménagère primesautière ou une mère pathétique, elle atteint, par l'authenticité de son interprétation, une rare crédibilité. Sa beauté, sa sensibilité lui ont permis de bien servir le mélodrame, et de passer le cap des films à vocation idéologique. Emprisonnée durant plus de deux ans au cours de la Révolution culturelle, Zhang Ruifang incarne par la suite des personnages adaptés à son âge, auxquels elle transmet avec le même bonheur alternativement sa sérénité ou sa passion, comme dans le Fleuve impétueux (de Xie Tieli et Chen Huai'ai, 1978). Elle met un terme à sa carrière en 1982.

ZHANG YIMOU

cinéaste chinois (Xi'an, 1950).

Pendant la Révolution culturelle, il passe trois ans à la campagne et sept ans à l'usine. En 1978, quoique ayant passé l'âge, il est finalement admis à l'Institut de cinéma de Pékin, dans la section « prises de vues ». Après son diplôme, il est renvoyé aux studios du Guang-xi, où il filme Un et huit (Yige he bage, 1982) de Zhang Junzhao, puis Terre jaune (Huang tudi, 1983) et la Grande Parade (Da Yuebing, 1985), deux films de Chen Kaige. La même année, Wu Tianming le fait venir aux studios de Xi'an et lui donne le rôle principal de son film le Vieux Puits (Lao jing), pour lequel il obtient le Prix du meilleur acteur au festival de Tokyo en 1987. Il se met alors à la mise en scène et découvre Gong Li, dont il fait l'héroïne du Sorgho rouge (Hong gaoliang, 1987) en compagnie de Jiang Wen, d'après un roman de Mo Yan. Le film remporte un immense succès en Chine et reçoit l'ours d'Or au 38e festival de Berlin. Jusqu'en 1995, Zhang Yimou fait alors de Gong Li sa muse avec Opération Cougar (Daihao meizhoubao, 1989), un thriller ; Ju dou (id., 1990) ; Épouses et Concubines (Da hongdenglong gaogao gua, 1991), qui reçoit le Lion d'argent à Venise en 1991; Qiu Ju, une femme chinoise (Qiu Ju da guansi, 1992), Lion d'or à Venise en 1992 ; Vivre (Huozhe, 1994) qui obtient le Prix spécial du jury ex æquo au festival de Cannes 1994 et le Prix de la meilleure interprétation masculine pour l'acteur Ge You ; et Shanghai Triad (Yao a yao yao dao wai pei qiao, 1995) qui évoque le Shanghai des années 30 avec ses gangs, ses « parrains » et ses chanteuses de cabaret. Après Reste Cool (You hua haohao shuo, 1997) dont Jiang Wen tient la vedette, il met en scène l'opéra Turandot à Florence puis en Chine. En 1999, il réalise deux films coup sur coup, Pas un de moins (Yi ge dou bu neng shao), sorte de documentaire sur une jeune maîtresse d'école acharnée, et Ma mère et mon père.

ZHANG YUAN

cinéaste chinois (Nanjing 1963).

Diplômé de l'Académie du cinéma de Pékin en 1989, il refuse de travailler pour les studios d'État et tourne Mama (1990). Ce portrait d'une jeune mère et de son fils retardé mental le désigne comme chef de file de la sixième génération. Avec Bâtards pékinois (Beijing zazhong, 1992), œuvre plongée dans le milieu interlope de la jeunesse rock, il devient le premier réalisateur chinois indépendant. En 1994, il se fait passer pour un journaliste et filme la place Tiananmen au jour le jour (Guangchang). Dans son travail, la frontière entre fiction et documentaire est tenue, comme en témoigne les Fils (Erzi, 1995). Ses voisins, dont un père alcoolique, y rejouent leur vie devant la caméra. Présenté à Cannes en 1997, East Palace, West Palace (Donggon xigong) aborde franchement le thème de l'homosexualité. Les autorités chinoises n'apprécient pas et lui retirent son passeport. Obligé de coopérer avec le Bureau du film, il réalise Dix-Sept Ans (Shiqi nian, 1999) pour les studios de Xi'an. Cette histoire d'une fratricide, qui rend visite à ses parents après dix-sept ans de prison, lui permet de toucher pour la première fois un public chinois. La même année, il tourne un documentaire, Crazy English (Fengkuang Yingyu).

ZHAO DAN

acteur chinois (Feicheng, province du Shandong, 1915 - Pékin 1980).

Son père gère un théâtre à Nantong où se produisent plusieurs grands interprètes de l'époque et où l'on projette également des films. Avec ses camarades d'école, il fonde un club où ils jouent la comédie. Il étudie à l'école des beaux-arts de Shanghai. Parallèlement à son activité théâtrale, il s'intéresse au cinéma, entre à la Mingxing et trouve son premier rôle dans ‘ Regrets printaniers du pipa ’ (Pipa chun yuan, Li Pingqian, 1933). Quelques films le rendent très vite célèbre : ‘ 24 Heures de Shanghai ’ (Shanghai ershisi xiaoshi, Shen Xiling, 1933), ‘ les Enfants de notre époque ’ (Shidai de ernü, Li Pingqian, id.), ‘ Défricher le Nord-Ouest ’ (Dao xibei qu, Cheng Bugao, 1934), ‘ le Parfum des tubéreuses ’ (Ye lai xiang, Cheng Bugao, 1935), ‘ la Petite Lingzi ’ (Xiao Lingzi, id., 1936), ‘ la Fête des morts ’ (Qingming shijie, Ouyang Yuqian, id.), Au carrefour (Shen Xiling, 1937), les Anges du boulevard (Yuan Muzhi, id.). Après la déclaration de la guerre, il participe au mouvement théâtral patriotique et émigre à Wuhan puis à Chongqing et interprète aux côtés de Lan Ping un des quatre sketches de ‘ Fils et fille de Chine ’ (Zhonghua ernü, Shen Xiling, 1939). Dans ces deux derniers titres notamment, qui sont comme marqués par un reflet du réalisme poétique français, Zhao incarne la jeunesse chinoise, rieuse, courageuse, prise dans la mêlée de la guerre avec le Japon et qui se bat pour survivre. Ses interprétations sont très naturelles (mais très étudiées), et il fera preuve de son aptitude à varier ses effets. En juin 1939, Zhao Dan, Xu Tao, Wang Weiyi et d'autres se rendent au Xinjiang qu'ils espèrent un pays libre sur le chemin de l'URSS ; ils sont arrêtés et emprisonnés par les autorités locales pendant cinq ans. En 1945, Zhao Dan revient à Shanghai et obtient le premier rôle dans le film ‘ Amour lointain ’ (Yaoyuan de ai, Chen Liting, 1947), une de ses meilleures interprétations, suivi de ‘ la Symphonie du bonheur impossible ’ (Xingfu kuangxianqu, Chen Baichen et Chen Liting, 1947), ‘ On n'emprisonne pas la lumière du printemps ’ (Guan bu zhu de chunguang, Wang Weiyi et Xu Tao, 1947), ‘ Trois Destinées ’ (Liren xing, Chen Liting, 1949) et, enfin, Corbeaux et Moineaux (Zheng Junli, id.), où il joue un portefaix, Petit Boss, aux côtés de l'actrice Wu Yin, accordant au mélodrame satirique une touche d'humour.