Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KENNEDY (Edgar)

acteur américain (Monterey, Ca., 1890 - Los Angeles, id., 1948).

Issu, comme Billy Gilbert et James Finlayson, des Keystone Cops de Mack Sennett, sa carrière à l'écran et à la scène s'étend de 1912 à sa mort. Il est « le » flic des mauvais coups de Laurel et Hardy, dont il a dirigé deux des dix bandes tournées avec les deux compères : From Soup to Nuts (1928), et la merveilleuse dépantalonnade de Ton cor est à toi (You're Darn Tootin' ; id.). Vedette des séries Mr. Average Man (1929-1934), sa haute silhouette, son autorité résignée — à affronter le pire — sont inséparables de Laurel et Hardy, mais il a joué avec les Marx dans la Soupe au canard (1933), avec W. C. Fields dans Tillie and Gus, et avec Harold Lloyd dans Mad Wednesday (P. Sturges, 1947).

KENNEDY (George)

acteur américain (New York, N. Y., 1925).

Militaire de carrière, il anime, produit et réalise de nombreuses émissions pour les services radiophoniques de l'armée. Appelé à Hollywood comme conseiller technique de la série Sergent Bilko, il y tourne, en 1961, son premier film sous la direction d'Andrew V. McLaglen : The Little Shepherd of Kingdom Come. Durant plusieurs années, il promène, de westerns en thrillers, de films de guerre en comédies, un solide personnage de brute, féroce ou débonnaire, de militaire ou de policier borné. Il tourne avec Stanley Donen (Charade, 1963), Robert Aldrich (Chut... chut, chère Charlotte, 1965), Henry Hathaway (les Quatre Fils de Katie Elder, id.) et à nouveau pour McLaglen (les Prairies de l'honneur, id. ; le Ranch de l'injustice [The Ballad of Josie], 1968 ; Bandolero, id. ; les Cordes de potence, 1973). Après une nomination à l'Oscar pour Luke la Main froide (S. Rosenberg, 1967), où il a Paul Newman pour partenaire, il passe progressivement aux rôles de premier plan, avec une image plus flatteuse de professionnel aguerri. Outre la série Airport, dont il est depuis 1969 un élément permanent, on le verra dans : Tremblement de terre (M. Robson, 1974), le Canardeur (M. Cimino, id.), la Sanction (C. Eastwood, 1975), Mort sur le Nil (J. Guillermin, 1978), la Cible étoilée (John Hough, id.), le Bateau de la mort (Alvin Rakoff, 1980), Modern Romance (Albert Brooks, 1981), The Naked Gun (David Zucker, 1988).

KENNEDY (Madge)

actrice américaine (Chicago, Ill., 1891 - Woodland Hills, Ca., 1987).

Populaire « ingénue » à Broadway dès 1910, elle est engagée au cinéma en 1917 par Sam Goldwyn, sans pour autant abandonner sa carrière théâtrale (elle jouera Poppy en 1923 avec W.C. Fields). Parmi ses films muets, il faut citer Baby Mine (John S. Robertson et Hugo Ballin, 1917), The Service Star (Charles Miller, 1918), The Girl With a Jazz Heart (Lawrence C. Windom, 1921), Three Miles Out (Irvin Willat, 1924). Curieusement, elle disparaît de l'écran avant même l'arrivée du parlant, mais resurgit en 1952 dans Je retourne chez maman de George Cukor. Elle est au générique de The Catered Affair (R. Brooks, 1956), la Vie passionnée de Vincent Van Gogh (V. Minnelli, id.), le Milliardaire (G. Cukor, 1960), On achève bien les chevaux (S. Pollack, 1969), The Baby Maker (James Bridges, 1970), le Jour du fléau (J. Schlesinger, 1975) et Marathon Man (id., 1976).

KENT (Barbara Klowtman, dite Barbara)

actrice américaine d'origine canadienne (Gadsby, Alberta, Canada, 1906).

Elle débute en 1926 : cette année-là, elle était la rivale de Greta Garbo dans la Chair et le Diable (C. Brown). Il est difficile de survivre à un pareil début : Barbara Kent restera hélas une actrice de second plan, capable de donner aimablement la réplique à Harold Lloyd (À la hauteur, C. Bruckman, 1930 ; également dans Quel phénomène [Welcome Danger], id., 1929), à Gloria Swanson (l'Indiscrète, L. McCarey, 1931) ou à Marie Dressler (Mes petits, Brown, 1932), sans jamais s'imposer. Elle se retire en 1935, revient en 1941, puis se retire à nouveau, définitivement.

KENTON (Erle Cawthorn)

cinéaste américain (Norboro, Mont., 1896 - Glendale, Ca., 1980).

De 1919 à 1950, il tourna énormément et tout n'était pas de la meilleure qualité. Mais l'Île du Dr Moreau (Island of Lost Souls, 1932), adaptation du roman d'H. G. Wells, grâce à Charles Laughton, et en dépit de quelque schématisme dans la mise en scène, possède une grâce bizarre des plus réjouissantes. Peu d'autres films de Kenton sont de cette eau, mais il est certain que la Maison de Frankenstein (House of Frankenstein, 1945) et la Maison de Dracula (House of Dracula, id.), avec leurs rencontres de monstres de tous horizons, sont l'œuvre du même homme.

KENTRIDGE (William)

artiste, cinéaste et metteur en scène de théâtre sud-africain (Johannesburg 1955).

Le parcours qui le mène d'études de sciences politiques et de peinture en Afrique du Sud (1973) à la création de la Junction Avenue Theatre Company (1975) jusqu'à des cours de mime à l'école Jacques Lecoq à Paris (1981) n'explique pas à lui seul l'originalité profonde de son œuvre. Celle-ci est redevable à une richesse d'images obsessionnelles qui traduisent sa perception de Johannesburg et, partant, du monde. Dans Sobriety, Obesity and Growing Old (1991), court métrage d'animation qui contribue à sa popularité, Kentridge installe la brutalité et la cruauté de sa ville au cœur de son propos. Ses dessins au fusain relient sans cesse le chaos extérieur au désordre intérieur des personnages. Ce principe monochromatique, parfois enrichi de touches bleues et blanches, dessinant littéralement le réseau des lignes d'informations et de pensées, est repris dans ses films suivants : Felix in Exile (1994), History of the Main Complaint (1996), Ubu Tells the Truth (1997) ou Stereoscope (1999). Son cinéma, métaphorique et muet, témoigne des blessures issues de la société de l'apartheid. Kentridge est également le metteur en scène de plusieurs opéras (Faust en Afrique, 1996 ; Ubu and the Truth Commission, 1997). Son œuvre de plasticien est exposée dans le monde entier (Sydney, New York, Londres, Paris).

KERN (Jerome)

compositeur américain (New York, N. Y., 1885 - id. 1945).

Au théâtre, la comédie musicale lui doit l'existence, et Hollywood a adapté ses succès de 1920 (Sally, J. F. Dillon, 1929), de 1927 (Show Boat : trois versions cinématographiques, celle d'Harry Pollard en 1929, de James Whale en 1936 et de George Sidney en 1951), de 1929 (Sweet Adeline, de Mervin LeRoy, 1934) ou de 1931 (Roberta de W. A. Seiter, 1935 ; puis les Rois de la couture [Lovely to Look at] de LeRoy, 1952). Il écrit alors pour l'écran des partitions riches et équilibrées : Sur les ailes de la danse (G. Stevens, 1936) et Ô toi, ma charmante ! (Seiter, 1942) pour Astaire, la Furie de l'or noir (R. Mamoulian, 1937) pour Irene Dunne, la Reine de Broadway (Ch. Vidor, 1944) pour Gene Kelly et Rita Hayworth, et enfin Centennial Summer (O. Preminger, 1946). Le film de Richard Whorf, la Pluie qui chante (Till the Clouds Roll By, 1946), raconte sa vie.