Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WARNER BROS. (suite)

Les films les plus « modernes » de la firme (A l'est d'Éden [E. Kazan, 1955], Un homme dans la foule [id., 1957], le Gaucher [A. Penn, 1958]) ne devront pas davantage à l'esthétique du studio, qui achèvera de se dissoudre dans des thrillers à petit budget et des mélodrames juvéniles d'un médiocre intérêt.

En 1967, la Warner Bros s'associe avec la compagnie canadienne Seven Arts et, en 1969, passe sous le contrôle d'une importante société de parkings prestataire de services, la Kinney National Service. Au cours des années 70, la Kinney adoptera le label Warner Communications et étendra, avec succès, ses activités à de nombreux secteurs : édition de livres et de disques, programmes de télévision, etc.

Cette dernière partie de l'histoire de la Warner sera particulièrement fructueuse et marquée par l'arrivée d'une nouvelle génération de créateurs comme Stanley Kubrick (Orange mécanique, 1971 ; Barry Lyndon, 1975 ; Shining, 1980), Arthur Penn (Bonnie and Clyde, 1967), Francis F. Coppola (Big Boy, id.), George Lucas (THX 1138, 1971), Alan J. Pakula (Klute, id.), Sydney Pollack (Jeremiah Johnson, 1972), Michael Ritchie (Votez McKay, id.), Martin Scorsese (Mean Streets, 1973 ; Alice n'est plus ici, 1975), et Terence Malick (Badlands, 1974), auxquels s'ajouteront, par le biais de contrats avec Orion et la Ladd Company, des hommes comme John Byrum (Heart Beat, 1979), Sidney Lumet (le Prince de New York, 1981), Lawrence Kasdan (la Fièvre au corps, id.) et Woody Allen (Zelig, 1983). En 1988 la Warner Bros fusionne avec le groupe de communication Time Inc.

WARNER (David)

acteur britannique (Manchester 1941).

Il apparaît pour la première fois à l'écran dans le rôle de Blifil, jeune aristocrate taré de Tom Jones (T. Richardson, 1963). Il se révèle dans Morgan (K. Reisz, 1966) avec un savoureux personnage de hippy marxiste, amoureux fou de sa femme et de King Kong. Il se fait ensuite une spécialité de personnages ambigus, dévoyés ou pervers : le prêtre scélérat d'Un nommé Cable Hogue (S. Peckinpah, 1970), un lord crapuleux dans l'Arnaqueuse (P. Hall, id.), un détraqué sexuel dans les Chiens de paille (Peckinpah, 1971), l'accusé d'un procès de cauchemar dans Providence (A. Resnais, 1977), Jack l'Éventreur, tout heureux de se retrouver à notre époque, dans C'était demain (Time After Time, Nicholas Meyer, 1979).

Autres films :

Michaël Kohlhaas (V. Schlöndorff, 1964) ; M 15 demande protection (S. Lumet, 1967) ; l'Homme de Kiev (J. Frankenheimer, 1968) ; la Mouette (Lumet, 1969) ; Maison de poupée (J. Losey, 1973) ; l'Homme aux deux cerveaux (The Man With Two Brains, R. Reiner, 1982) ; la Compagnie des loups (Company of Wolves, Neil Jordan, 1984) ; Hannah's War (M. Golan, 1988) ; l'Œil qui ment (R. Ruiz, 1992) ; l'Antre de la folie (J. Carpenter, 1995) ; Titanic (J. Cameron, 1997).

WARNER (« les Frères Warner »)

producteurs et directeurs de studio américains : Harry (1881-1958), Albert (1884-1967), Sam (1888-1927) et Jack L. Warner (1892-1978).

Ils étaient quatre des neuf enfants de Benjamin Warner, qui avait quitté sa Pologne natale en 1883. Harry et Albert s'associent en 1904 pour acheter un projecteur de cinéma, puis ils exploitent une salle et commencent à étendre leur réseau dans les États environnants. En 1912, Jack et Sam, qui, entre-temps, avaient rejoint leurs deux frères, gagnent la Californie pour se lancer dans la production de films. Ce fut un rude combat car leur première œuvre ne voit le jour qu'en 1918 : My Four Years in Germany, dirigé par William Nigh. Le film, réalisé en grande partie en extérieurs et dans des conditions d'économie draconiennes, ouvre la voie au réalisme social, que l'on a depuis associé aux studios de la Warner Bros. C'est un succès qui en amène d'autres et entraîne le développement de la compagnie : les quatre frères produisent des films, en exploitent d'autres et achètent des salles. La Warner Features Co, née en 1913, devient, en 1923, la Warner Bros, qui va progressivement absorber la Vitagraph et la First National Pictures. Jack et Sam sont à Hollywood tandis qu'Albert et Harry exercent leurs fonctions à New York.

En 1927, la Warner Bros se lance la première dans l'aventure du parlant avec le Chanteur de jazz (Alan Crosland). Contrairement à ce que l'on assure parfois, la compagnie est alors financièrement saine. Sam meurt le lendemain de la première projection. À partir de là, la collaboration des trois frères survivants est immuable : Jack, à Hollywood, s'occupe personnellement de la production et du studio, tandis qu'Albert et Harry sont trésorier et président de la compagnie, à New York, jusqu'en 1958, année qui voit la disparition de Harry et la retraite d'Albert. L'autoritaire Jack, surnommé le « Colonel », continue à administrer le studio jusqu'en 1969. Il produit personnellement quelques films de prestige, comme This Is the Army (M. Curtiz, 1943) et My Fair Lady (G. Cukor, 1964). Après avoir quitté la compagnie, il reste un producteur indépendant (1776, P. Hunt, 1972 ; Billy le Cave, S. Dragoti, 1973).

WARNER (Henry Bryan Warner Lickford, dit H. B.)

acteur américain d'origine britannique (Londres 1876 - Los Angeles, Ca., 1958).

Fils d'un célèbre acteur de théâtre, il monte sur les planches à l'âge de sept ans et entame une brillante carrière sur les scènes anglaises et américaines. Il fait ses premières armes au cinéma en 1914, se cantonnant dès lors dans les compositions. Son rôle muet le plus célèbre est celui de Jésus-Christ dans le Roi des rois (C. B. De Mille, 1927). Avec le parlant, il impose une aura quasi mystique à des personnages comme le Grand Lama des Horizons perdus (F. Capra, 1937) ou le maharadjah de la Mousson (C. Brown, 1939). Il joue son propre personnage dans la fameuse partie de cartes des « fantômes » dans Boulevard du crépuscule (B. Wilder, 1950). Sa carrière se termine en 1956 dans les Dix Commandements (De Mille).

WARREN (Charles Marquis)

cinéaste américain (Baltimore, Md., 1912 - Los Angeles, Ca. 1990).

Que ce soit comme romancier, scénariste, auteur de télévision ou réalisateur, il fait de l'Ouest américain son champ d'élection. Parmi ses films : le Sorcier du Rio Grande (Arrowhead, 1953), avec Charlton Heston et Jack Palance, Tension à Rock City (Tension at Table Rock, 1956), un curieux western à tiroirs qui donne à Angie Dickinson un de ses premiers rôles, et Charro ! (id., 1969), avec Elvis Presley. À la télévision, il collabore notamment aux séries Gunsmoke, Rawhide et le Virginien (The Virginian).