Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RIZZOLI (Angelo)

producteur italien (Milan 1889 - id. 1970).

Il fonde une des plus grandes maisons d'édition qui s'étend aux hebdomadaires populaires, dont Novella. En 1934, sa première société de production cinématographique : la Novella Film, en prend le nom. Son premier film est un mélodrame à grand succès sur les malheurs d'une diva, La signora di tutti (M. Ophuls, 1934). En 1935, il produit encore Je donnerai un million (Darò un milione, M. Camerini), une comédie conçue par Cesare Zavattini. En 1950, il reprend son activité sous le label Dear et produit Onze Fioretti de François d'Assise (R. Rossellini), puis il obtient un triomphe commercial avec le Petit Monde de Don Camillo (J. Duvivier, 1952), dont il produira toutes les suites. Dans les années 50, on lui doit soit des comédies et des mélodrames pour le public italien (Pardonne-moi [Perdonami], Mario Costa, 1952 ; Gli uomini che mascalzoni !, G. Pellegrini, 1954), soit des films d'auteur à financement international : Madame de... (M. Ophuls, 1953), Plus fort que le diable (J. Huston, 1954), la Comtesse aux pieds nus (J. L. Mankiewicz, id.), les Grandes Manœuvres (R. Clair, 1955). Il donne à Fellini les moyens et la liberté de réaliser la Dolce Vita (1960). Le succès commercial de ce film le pousse à en produire d'autres à la fois ambitieux et souvent très coûteux : Kapo (G. Pontecorvo, id.) ; l'Odyssée nue (F. Rossi, 1961) ; Viva l'Italia (Rossellini, id.) ; Boccace 70 (Monicelli, Fellini, Visconti, De Sica, 1962) ; l'Éclipse (M. Antonioni, id.) ; Mondo Cane (G. Jacopetti, id.) ; Huit et demi (Fellini, 1963) ; l'Incom-pris (L. Comencini, 1967) ; Serafino (P. Germi, 1968) ; Senza sapere niente di lei (Comencini, 1969) ; Miracle à l'italienne (N. Manfredi, 1971). Fellini a fait son portrait ironique de producteur débonnaire dans Huit et demi. Il fut également le fondateur de la maison de production et de distribution Cineriz.

RKO (Radio Keith Orpheum).

Compagnie de production, de distribution et d'exploitation américaine, née en 1928 de la fusion de plusieurs entreprises à l'initiative de la puissante société industrielle R.C.A., détentrice de brevets de cinéma sonore. Le président de R.C.A., David Sarnoff, obtient l'aide de Joseph Kennedy, financier et homme politique, père du futur président des États-Unis, propriétaire d'un petit studio hollywoodien et d'une société de distribution (intéressé dans cette industrie, dit-on, à cause de ses liens avec l'actrice Gloria Swanson). La Radio Keith Orpheum se compose aussi des salles héritées du réseau Keith-Albee et s'adjoint immédiatement d'autres installations à Hollywood. Compagnie instable quoique très prestigieuse, la RKO connaît son apogée de 1930 à 1949. Son style de production est très reconnaissable mais aussi très souple, ce qui laisse les mains libres aux différentes personnalités que la RKO attire, aussi bien des cinéastes (George Cukor, John Cromwell, Gregory La Cava, John Ford, Jacques Tourneur et, bien sûr et surtout, Orson Welles) que des producteurs (David O. Selznick, Merian C. Cooper, Pandro S. Berman, Val Lewton) ou des acteurs (Constance Bennett, Katharine Hepburn, Fred Astaire et, plus tard, Robert Mitchum). Dans les années 30, ce sont ses films aux sujets contemporains, comédies ou mélodrames, parfois des musicals, qui sont remarquables par leur photo raffinée, sans ostentation, et par les beaux décors Arts déco de Van Nest Polglase, responsable du département jusqu'à la dissolution de la compagnie. Dans la décennie suivante, commencée sous les coups de tonnerre des deux films d'Orson Welles (Citizen Kane, 1941 ; la Splendeur des Amberson, 1942), la RKO se maintient à un haut niveau artistique grâce à des productions modestes et discrètes, parfois très originales. Val Lewton en fait le studio de la série B de grande qualité avec ses productions fantastiques comme la Féline (Tourneur, id.) ou Vaudou (id., 1943). C'est aussi le studio du film noir qui produit des classiques comme Adieu ma belle (E. Dmytryk, 1944) et la Griffe du passé (Tourneur, 1947) ou des entreprises audacieuses et originales comme les Amants de la nuit (N. Ray, 1949). En 1948, Howard Hughes acquiert la majorité de la RKO. Il en profite pour lancer ses protégées successives (Jane Russell, puis Faith Domergue). Son rôle le plus positif demeure l'affirmation du talent de Robert Mitchum, d'abord à travers une excellente série de films noirs, puis dans des œuvres plus neuves, comme les Indomptables (Ray, 1952). Malheureusement, la production cinématographique lasse bientôt Howard Hughes et peu à peu il laisse la compagnie péricliter, non sans avoir fait de R.K.O. le premier des grands studios à avoir vendu des films à la télévision. Les studios sont achetés dès 1953 par Lucille Ball et Desi Arnaz pour leur compagnie de télévision Desilu, et la RKO met un point final à son histoire par un gentil musical fauché, Une fille qui promet (M. Leisen, 1957), nullement représentatif de ce qu'elle a fait de meilleur.

ROACH (Hal)

producteur, cinéaste et scénariste américain (Elmira, N. Y., 1892 - Bel Air, Ca., 1992).

Cascadeur et acteur de complément à la compagnie Universal en 1912, il y fait la connaissance d'Harold Lloyd. Ayant hérité un petit pécule, il fonde sa propre compagnie en 1915 et, tout naturellement, engage Harold Lloyd pour interpréter le personnage de « Willie Work » dans des petites bandes comiques. Le succès n'est pas au rendez-vous et chacun reprend sa liberté — Roach travaille bientôt comme réalisateur pour la Essanay tandis que Lloyd tente sa chance chez Mack Sennett. Peu de temps après, Hal Roach reforme une compagnie (Rolin Film Company) et récupère Harold Lloyd, qui endosse un nouveau personnage, plus chanceux celui-là : « Lonesome Luke ». Très affairé, Roach délaisse peu à peu la mise en scène au profit de la production et de la supervision. Il lance tour à tour Harry « Snub » Pollard, Will Rogers, Charlie Chase, Edgar Kennedy et surtout le tandem Laurel et Hardy. Mais il ne cherche pas à s'assurer le monopole de la comédie. Il finance aussi des films dramatiques, des films d'action, des westerns. On lui doit la découverte de la série « Our Gang » avec ses petites stars enfantines puis, au début des années 30, des séries « The Boy Friends », « All-Star-Comedies », « Hal Roach Musicals » et des petits films qui réunissaient Thelma Todd et Zasu Pitts. Distribué par la MGM, il gagne deux Oscars pour les courts métrages (The Music Box, 1932 ; Bored of Education, 1936), tourne Fra Diavolo (CO Charles Rogers, 1933) puis passe en 1938 un accord avec les Artistes associés. Il est à l'origine financière de plusieurs réussites, entre autres, le Couple invisible (N. Z. McLeod, 1937) et Madame et son clochard (id., 1938), mais également Des souris et des hommes (L. Milestone, 1939) et quelques Laurel et Hardy commes les As d'Oxford (Alfred Goulding, 1940) et En croisière (G. Douglas, id.). De temps à autre, l'envie lui prend de reprendre place derrière la caméra (Captain Fury, 1939 ; The Housekeeper's Daughter, id. ; Turnabout, 1940 ; Road Show, 1941). Il associe son fils Hal Roach Jr. (1921-1972) à la réalisation de Tumak, fils de la jungle (One Million B. C., 1940). Pendant la guerre, il produit plusieurs œuvres pour le compte des armées (de terre et de l'air). Revenu à Hollywood, il travaille essentiellement pour la TV. À la fin des années 50, sa compagnie se dissout ; il termine sa carrière en coproduisant un remake de Tumak (Un million d'années avant Jésus-Christ, Don Chaffev, 1966).