Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GANCE (Abel) (suite)

La Fin du monde (1931), dans lequel il se réserve le rôle principal, décevra beaucoup. Et, parmi les nombreux films qui suivront, seuls Un grand amour de Beethoven (1937) et le Paradis perdu (1940) se distingueront quelque peu. Ni la Tour de Nesle (tourné en 1954 « non pour vivre, mais pour ne pas mourir »), ni le médiocre Austerlitz (1960), ni même sa première réalisation de télévision, Marie Tudor, ne brilleront de l'éclat gancien.

Premier lauréat du Grand Prix national du cinéma en 1974, Abel Gance reçut également un César d'honneur en 1980. Mais il ne put jamais mener à terme ses projets, faute de moyens. De lui, Moussinac écrivit après J'accuse qu'il fallait l'accepter ou le rejeter en bloc. Ce choix lui aura été fatal. Parmi ses écrits, on peut notamment retenir : Le temps de l'image est venu (1926), Prisme (1930).

Films  :

la Digue (1911) ; le Nègre blanc (1912) ; Il y a des pieds au plafond (id.) ; le Masque d'horreur (id.) ; Un drame au château d'Acre (1915) ; la Folie du docteur Tube (id.) ; la Fleur des ruines (id.) ; l'Énigme de dix heures (id.) ; l'Héroïsme de Paddy (id.) ; Strass et Cie (id.) ; les Gaz mortels (1916) ; le Fou de la falaise (id.) ; Fioritures (id.) ; Ce que les flots racontent (id.) ; le Périscope (id.) ; le Droit à la vie (id.) ; Barberousse (1917) ; la Zone de la mort (id.) ; Mater Dolorosa (id.) ; la Dixième Symphonie (1918) ; J'accuse (1919) ; la Roue (1923 ; 1921) ; Au secours (1924) ; Napoléon (1927 ; 1925) ; Marines et Cristaux (CM1928) ; la Fin du monde (1931) ; Mater Dolorosa (remake, 1932) ; le Maître de forge (1933 ; CO Fernand Rivers) ; la Dame aux camélias (1934, id.) ; Poliche (id.) ; le Roman d'un jeune homme pauvre (1935) ; Napoléon Bonaparte (id., version sonorisée de Napoléon) ; Jérôme Perreau (id.) ; Lucrèce Borgia (id.) ; Un grand amour de Beethoven (1936) ; le Voleur de femmes (1938) ; J'accuse (remake, id.) ; Louise (1939) ; le Paradis perdu (1940) ; la Vénus aveugle (1943 [RE 1940]) ; le Capitaine Fracasse (id.) ; Quatorze-Juillet (CM, 1953) ; la Tour de Nesle (1955) ; Magirama (série de CM, 1956 ; CO Nelly Kaplan) ; Austerlitz (1960) ; Cyrano et d'Artagnan (1963) ; Marie Tudor (TV, 1966) ; Bonaparte et la Révolution (nouveau montage, 1971 puis 1983).

GANDA (Oumarou)

cinéaste nigérien (1934 - Niamey 1981).

Engagé à seize ans, il fait la guerre avec les troupes françaises au Viêt-nam (1951-1956). De retour en Afrique, il rencontre Jean Rouch, qui lui demande de jouer le rôle central de Moi, un Noir (1959). Assistant réalisateur au Centre culturel français de Niamey avec Serge Moati, il réalise et interprète Cabascabo sur son expérience coloniale et les aléas du retour au pays (1968), puis, en couleurs, le Wazzou polygame, satire pleine d'humour dont le titre devrait être en fait « le Wazzou (la morale) du polygame ». Ces deux moyens métrages sont suivis de Satan (Saïtane), long métrage qui s'attaque aux malversations des marabouts, abusant de la crédulité du monde. Son dernier film, l'Exilé (1980), est une fable sur la parole et la mort.

GANGULY (Dhirendranath, dit Dhiren)

cinéaste indien (Calcutta, Bengale, 1893 - id. 1978).

De famille aristocratique, il étudie à l'université de Calcutta puis à ´Santiniketan, avec Tagore. D'abord photographe, il fonde avec trois associés la Indo British Film Company (1918) puis tourne et interprète Retour d'Angleterre (England Returned/Bilet Pherat, 1921), satire d'un certain snobisme indien. Il fonde ensuite à Hyderabad la Lotus Film Company et réalise, entre 1922 et 1927, dix films, surtout des comédies, dont la Femme professeur (The Lady Teacher, 1922). Il fonde encore à Calcutta la British Dominion Film Company (1929), dont le premier titre est Flammes de chair (Kamaner Aagun, 1928), écrit par Debaki Bose, suivi par neuf autres films. Il rejoint pour un temps la New Theatres Ltd, y dirige des comédies et travaille encore pour la East India dans les années 30. En dehors de son talent pour la comédie, sa contribution au cinéma est d'avoir donné un statut social et artistique à une profession alors très décriée.

GANZ (Bruno)

acteur allemand d'origine helvétique (Zurich 1941).

Découvert au théâtre chez Peter Zadek et chez Peter Stein, il joue dans le premier film de ce dernier, les Estivants (Sommergäste, 1975), puis dans le film tourné par Éric Rohmer avec la troupe de la Schaubühne, la Marquise d'O (1976). Son premier rôle important pour le cinéma date toutefois d'un film peu connu, Der sanfte Lauf (Haro Senft, 1967). Il tourne en 1976 dans le Canard sauvage de Hans W. Geissendörfer et en 1977 dans l'Ami américain de Wim Wenders. L'année suivante, il est le protagoniste de la Femme gauchère (Die Linkshändige Frau) de Peter Handke, puis interprète le Couteau dans la tête de Reinhard Hauff, derniers titres qui vont le faire connaître d'un plus large public. À partir du Nosferatu, fantôme de la nuit de Herzog, sa carrière devient européenne et on le voit dans 5 de risque de Jean Pourtalé (1980) et Une femme italienne (Oggetti Smarritti) de Giuseppe Bertolucci (id.), suivis notamment de la Provinciale (C. Goretta, 1981), le Faussaire (V. Schlöndorff, id.), Dans la ville blanche (A. Tanner, 1983), et la Main dans l'ombre (R. Thomé, id.). En 1982, il réalise avec Otto Sander Mémoire (Gedächtnis) un film sur les vieux acteurs Curt Bois et Bernhard Minetti. Désireux de consacrer plus de temps au théâtre, il répond moins souvent aux sollicitations du cinéma, tournant en Suisse le Pendule (Bernhard Giger, 1986) et Bankomatt (Villi Hermann, 1989), interprétant le rôle principal des Ailes du désir de Wim Wenders (1987), puis en Nouvelle-Zélande Te Rua (Barry Barclay, 1990). On le voit ensuite dans Succès (Erfolg, Franz Seitz, d'après Feuchtwanger, 1991), Prague (Ian Sellar, 1992), The Last Days of chez nous (G. Armstrong, id.), l'Absence (P. Handke, id.), Brandnacht (Markus Fischer, id.), Si loin si proche (W. Wenders, 1993), Heller Tag (André Nitzche, 1994), l'Éternité et un jour (Theo Angelopoulos, 1998), Wer Angst Wolf (Clemens Klopfenstein, 2000), Pain, tulipes et comédie (S. Soldini, 2000), le Vicaire (Costa Gavras, 2001).