Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ATWILL (Lionel)

acteur américain (Croydon, Grande-Bretagne, 1885 - Pacific Palisades, Ca., 1946).

Après une carrière théâtrale en Angleterre, il part pour les États-Unis, où il débute au cinéma en 1918. Révélé par Docteur X et Masques de cire de Michael Curtiz, il doit à son port majestueux et sévère, ainsi qu'à son accent anglais, les emplois d'aristocrate (le Cantique des cantiques, R. Mamoulian, 1933), d'officier (la Femme et le Pantin, J. von Sternberg, 1935), de policier (la Marque du vampire, T. Browning, id. ; le Fils de Frankenstein, R. V. Lee, 1939) ou de « savant fou ». Il travailla surtout dans les genres populaires : policier, fantastique, ou science-fiction, toujours avec la plus grande conscience.

AUBER (Marie-Claire Cahen de Labzac, dite Brigitte)

actrice française (Paris 1928).

Débutant au théâtre peu après la guerre, elle apparaît dans Les amoureux sont seuls au monde (aussi sorti sous le titre Noir sur blanc, H. Decoin, 1948), Vendetta en Camargue (J. Devaivre, 1949) et fait partie de la jeune équipe de Rendez-vous de juillet de Jacques Becker. C'est une des actrices élégantes du cinéma français de l'époque, qui peut interpréter les ingénues et les femmes frivoles et que l'on sollicite aussi dans le registre de la comédie. On la voit également dans le film de Hitchcock tourné en France, la Main au collet. Sa carrière connaît une éclipse après 1956, jusqu'aux années 1990, où on la retrouve à la télévision ainsi que dans un petit rôle de l'Homme au masque de fer de Randall Wallace (1998).

AUBERT (Louis)

distributeur et producteur français (Mayenne 1878 - Les Sables-d'Olonne 1944).

Ce pionnier mérite mieux que le seul souvenir de l'aphorisme ironique qu'on lui prête : « Le cinéma, c'est le tiroir-caisse ! » Il fonde, en 1909, la Compagnie générale cinématographique (qui deviendra Société des Établissements Louis Aubert) et distribue des films français et des films importés d'Italie et du Danemark, puis investit dans la Société des grands films populaires. Il devient producteur et crée un studio à Joinville en 1914, possède un circuit d'exploitation à Paris et en province (vingt salles dans les années 1920), distribue les productions de la UFA, et devient président de la Chambre syndicale de la cinématographie française (1926). C'est aussi à lui qu'on doit, en 1929, la présentation en France du Chanteur de jazz de Al Jolson. La même année sa société fusionne avec la Franco Film (fondée en 1927 par Edouard Corniglion-Molinier, Léonce Perret et Robert Hurel). Cette société absorbera dès 1930 la Gaumont, donnant naissance à la GFFA – Gaumont-Franco-Film-Aubert qui disparaîtra en 1938. Louis Aubert, qui avait posé en principe qu'« un film est une marchandise », a eu la prescience du rôle du cinéma comme industrie et comme média.

AUBRY (Anne-Marie-José Bénard, dite Cécile)

actrice française (Paris 1929).

Sorte d'apparition météorique révélée par Clouzot (Manon, 1949), mignotée par Christian-Jaque (Barbe-Bleue, 1951), elle propose soudain à la société d'après-guerre en proie aux difficultés socio-économiques une image adolescente de l'amour fou, une sensuelle incitation à brûler la vie. Fugitive annonciatrice du « phénomène Bardot », dont la carrière a tourné court, elle donne naissance à l'ingénue perverse, qui effraiera les studios américains. Elle épouse ensuite le fils du Glaoui de Marrakech et en divorce. Elle est l'auteur de contes et de feuilletons pour la TV, dans lesquels apparaît son fils, Medhi.

AUCLAIR (Michel Vladimir Vujović, dit Michel)

acteur français (Coblence, Allemagne, 1922 - Saint-Paul-en-Forêt 1988).

Entré au Conservatoire de Paris en 1940, il débute bientôt au théâtre de l'Œuvre sous la direction de Barrault, Rouleau et Bertheau. Il devient vite un des jeunes premiers de sa génération en jouant Musset, Claudel et Cocteau. En 1945, Jacqueline Audry lui propose un rôle dans les Malheurs de Sophie ; l'année suivante, c'est au tour de Cocteau pour la Belle et la Bête. Puis on le retrouve sous la direction de Clément dans les Maudits (1947) — un rôle de gestapiste —, et sous celle de Clouzot, en vedette cette fois, dans Manon (1949), où il incarne un Des Grieux cynique et veule à souhait, succès qui le pousse sur le devant de la scène. Dès ses premiers films, il semble ainsi voué aux personnages douteux, et on peut penser que cette étiquette abusive a fait du tort à sa carrière en le tenant injustement à l'écart de tous les grands films des années 50. Sa filmographie se révèle en effet particulièrement décevante alors qu'il a une carrière théâtrale brillante, où il a montré une sensibilité et une intelligence rares. Parmi les quelques films valables à son actif, il faut citer Justice est faite (A. Cayatte, 1950) et la Fête à Henriette (J. Duvivier, 1952). Les auteurs de la Nouvelle Vague ne feront pas beaucoup appel à lui, sauf Astruc (l'Éducation sentimentale, 1962) et Kast (Vacances portugaises, 1963). Il reprend alors, autour de 1968, une activité théâtrale avec Roger Planchon (il sera un remarquable Tartuffe) avant de retrouver ses habituels personnages négatifs, auxquels il confère une solide présence : Décembre (M. Lakhdar Hamina, 1972), les Guichets du Louvre (M. Mitrani, 1974), Souvenirs d'en France (A. Téchiné, 1975), Sept Morts sur ordonnance (J. Rouffio, id.), le Juge Fayard dit « le Shérif » (Y. Boisset, 1976), le Bon Plaisir (F. Girod, 1984). Michel Auclair offre l'exemple frappant d'un excellent comédien à qui la routine de la production n'a pratiquement jamais offert de rôles à la mesure de son talent.

AUDI.

Abrév. de auditorium.

AUDIARD (Michel)

scénariste, dialoguiste et cinéaste français (Paris 1920 - Dourdan 1985).

Il est le grand inclassable du cinéma commercial français depuis 1950, son importance se mesurant à la dimension des caractères qui composent son nom sur les affiches. Il n'a écrit qu'un petit nombre de scénarios originaux, mais il a marqué d'une patte immédiatement reconnaissable d'innombrables répliques prononcées à l'écran par Jean Gabin, Lino Ventura, Annie Girardot ou Jean-Paul Belmondo. Honni par les tenants de la Nouvelle Vague, il a donné pourtant à la fonction spécifiquement française de dialoguiste un relief dont témoignent la fréquence et la violence des polémiques suscitées par le style Audiard. Moins rigoureux que ceux de Jean Aurenche et Pierre Bost, moins caustiques et moins brillants que ceux d'Henri Jeanson, ses dialogues ont une aisance, pas toujours exempte de démagogie ni de mots gratuits, qui les adapte à la personnalité du comédien leur donnant vie à l'écran : les colères sont taillées à la mesure de Jean Gabin, la gouaille virile et le clin d'œil sont dosés pour J.-P. Belmondo.