Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BOUCLE (1).

Courbe ménagée, dans le circuit du film, entre les débiteurs (qui font avancer le film à vitesse constante) et le dispositif d'avance intermittente. ( CAMÉRA, PROJECTION, INVENTION DU CINÉMA.)

BOUCLE (2).

Courte séquence projetée en boucle. Pour différents travaux de post-production (son) ou pour le tirage d'éléments film de courte longueur (bande annonce, publicité), la fin de la séquence est collé à son début pour constituer une boucle. En post-production, les systèmes numériques permettent de créer des boucles par simple programmation de l'adresse de début et de fin de la séquence, sans aucune intervention sur le support physique. Le nom est resté. ( DOUBLAGE.)

BOUDRIOZ (Robert)

cinéaste français (Versailles 1887 - Paris 1949).

De 1907 à 1922, il écrit, pour Pathé, quelque 350 scénarios. Réalisateur chez Éclair à partir de 1917, il aborde tous les genres avec la même aisance dans le récit et le même brio dans la mise en scène. Révélé par l'Âtre (avec Charles Vanel, 1922), il s'affirme encore dans Tempêtes (avec Mosjoukine, id.), l'Épervier (1925) et Vivre (1928). À la venue du parlant, il doit se consacrer à des adaptations commerciales comme l'Anglais tel qu'on le parle (d'après T. Bernard, 1931), le Grillon du foyer (d'après Dickens, 1933), l'Homme à l'oreille cassée (d'après E. About, 1935).

BOUGHEDIR (Ferid)

critique et cinéaste tunisien (Hammam-lif 1944).

Après des études de lettres françaises, il poursuit des études de cinéma à l'université de Paris-III. Formé au cinéma comme assistant-réalisateur avec Alain Robbe-Grillet et Arrabal. Rentré à Tunis, il est critique de cinéma dans divers journaux et enseignant à l'université. Refusant les clichés dans lesquels la critique occidentale et sa cinéphilie enferment les cinématographies du sud, il tente de s'ériger en porte-parole d'un cinéma peu connu. Il commence à filmer en amateur les festivals de Ouagadougou et de Carthage avant de consacrer un film au cinéma africain, Caméra d'Afrique (1983). Suit dans la même veine Caméra arabe (1987). Son premier long métrage, Halfaouine, l'enfant des terrasses (Asfour stah, 1990), est un succès à la fois critique et commercial sans précédent dans le cinéma tunisien. Halfaouine est un quartier populaire de Tunis que le cinéaste dépeint avec verve et sensualité. C'est aussi l'éveil trouble d'un adolescent qui découvre sa sexualité. Sa puberté naissante attise son inquiétude d'être partagé entre le monde des hommes, qui l'attire, et celui des femmes, qui le protège encore. Un été à la goulette (1995) est une fresque sur les hommes et la nourriture, le métissage de trois communautés, arabe, juive et chrétienne, tournée dans le quartier de la goulette avec les mêmes acteurs que ceux d'Halfaouine. En 2001, il préside le FESPACO.

BOUGIE (1).

Ancienne unité d'intensité lumineuse. ( PHOTOMÉTRIE.)

BOUGIE (2).

Effet de bougie  ÉCLAIRAGE.

BOUISE (Jean)

acteur français (Le Havre 1921 - Lyon 1989).

Il est l'un des grands seconds rôles du cinéma français, omniprésent depuis le milieu des années 60. Passé d'abord par le théâtre, il rencontre son premier succès public à l'écran avec Z (Costa-Gavras, 1969). Son jeu retenu et nuancé le destine à des rôles en demi-teinte, où il se révèle souvent inquiétant. Citons, parmi tant d'autres, ses apparitions dans les Choses de la vie (C. Sautet, 1970), Dupont Lajoie (Y. Boisset, 1975), M. Klein (J. Losey, 1976), Anthracite (Édouard Niermans, 1980), le Dernier Combat (L. Besson, 1983), Subway (id., 1985), Jenatsch (D. Schmid, 1987), l'Œuvre au noir (A. Delvaux, 1988) et Nikita (L. Besson, 1990).

BOULANGER (Daniel)

écrivain, scénariste et acteur français (Compiègne 1922).

C'est l'un des meilleurs scénaristes révélés par la Nouvelle Vague, et un dialoguiste incisif qui peut cerner en quelques mots un personnage. Parmi ses films : les Jeux de l'amour (P. de Broca, 1960), le Farceur (id., 1961), Cartouche (id., id.), l'Homme de Rio (id., 1963), la Vie de château (J. P. Rappeneau, 1966), le Roi de cœur (de Broca, 1967), le Voleur (L. Malle, id.), le Diable par la queue (de Broca, 1969), l'Affaire Dominici (C. Bernard-Aubert, 1973), la Menace (A. Corneau, 1977), le Cheval d'orgueil (C. Chabrol, 1980). Il ne dédaigne pas devenir acteur de temps à autre, se montrant excellent notamment dans Tirez sur le pianiste de Truffaut.

BOULTING (John)

[Bray 1913 - Sunningdale 1985] et Roy [Bray 1913], cinéastes et producteurs britanniques.

Frères jumeaux, ils ont fondé en 1937 leur commune maison de production, Charter Film, et ne se sont séparés que pendant la guerre, l'un dirigeant un film pour la RAF, l'autre des films pour l'armée de terre. En 1958, ils sont engagés ensemble par la British Lion Films. De leur œuvre abondante, assez anonyme (et où généralement le film produit par l'un est réalisé par l'autre) ne se détachent que, de John : Journey Together (1945), le Gang des tueurs (Brighton Rock, 1947, pour sa fidélité à l'esprit de G. Greene), Ultimatum (Seven Days to Noon, 1950) et la Boîte magique (The Magic Box, 1951), biographie assez fantaisiste d'un pionnier du cinéma ; de Roy : Thunder Rock (1942), Desert Victory (DOC, 1943), Fame is the Spur (1947) et la Course au soleil (Run for the Sun, 1956), transposition des Chasses du comte Zaroff dans le repaire africain de nazis en fuite, qui ne manque ni de conviction ni de force. Dans les années 70, ils ont encore signé quelques comédies légères ou burlesques.

BOULY (Léon Guillaume)

ingénieur français (1872-1932).

Il est l'auteur, en 1892 et 1893, de brevets et d'appareils dénommés « cinématographe », destinés à l'analyse et à la synthèse du mouvement. Le terme cinématographe est donc apparu deux bonnes années avant la présentation du Cinématographe Lumière. Mais c'est l'appareil Lumière qui le rendit célèbre.

BOUQUET (Carole)

actrice française (Paris 1957).

Ancienne élève du Conservatoire, dans la classe d'Antoine Vitez, elle est remarquée par Luis Bũnuel qui l'engage pour Cet obscur objet du désir en 1977. Sa beauté (qu'on dira froide), son regard grave et son allure élégante séduisent Bertrand Blier (Buffet froid, 1979), avant qu'elle devienne James Bond's girl dans Rien que pour vos yeux (John Glen, 1981). Dès lors, elle enchaîne des rôles de beauté fatale et glacée, notamment dans Mystère (Carlo Vanzina, 1983), Nemo (Arnaud Sélignac, 1984) et Rive droite, rive gauche (Ph. Labro, id.). Jean-François Stévenin lui donne, dans Doubles Messieurs (1986), l'occasion d'un personnage de femme plus imprévisible et passionnée que le stéréotype qu'elle incarne habituellement. Elle partage avec Depardieu et Josiane Balasko la tête d'affiche dans Trop belle pour toi (B. Blier, 1989), rôle qui lui vaut le César de la meilleure actrice. On la retrouve ensuite dans Donne con le gonne (Francesco Nuti, 1992), Grosse fatigue (M. Blanc, 1994), D'une femme à l'autre (A Business Affair, Charlotte Brandström, id.), Lucie Aubrac (Claude Berri, 1997), Un pont entre deux rives (G. Depardieu, 1999).