Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
F

FORMAT. (suite)

Le 35 mm (Eastman et Edison, 1889) est le format standard du cinéma professionnel pratiquement depuis les origines. C'est la raison pour laquelle les films de largeur inférieure ont été qualifiés de formats substandards. Le 35 mm comporte deux rangées latérales de perforations. De nombreux formats d'images ont été enregistrés sur film 35 mm au cours de l'histoire du cinéma, depuis le format muet 1,33 x 1, jusqu'au récent « Super 35 » en passant par les formats panoramiques et anamorphosés, compris entre 1,33 x 1 et 2,35 x 1 (voir tableau en fin).

Le 65 mm et le 70 mm (lancés en 1955 sous le nom de Todd-AO) ont des perforations strictement superposables. Le 65 mm est employé pour le négatif de prise de vues, le 70 mm pour les copies d'exploitation, les 5 mm de différence permettant de placer plusieurs pistes sonores magnétiques. (Le gain de 5 mm ainsi réalisé sur le négatif ne conduit pas à une économie significative ; les pays de l'Est tournaient directement sur négatif 70 mm.) Sur les films 65 et 70 mm, le pas et les dimensions des perforations sont identiques au 35 mm, mais le film avance de 5 perforations par image. Ce film est également utilisé dans d'autres formats spéciaux tels que l'Imax ou l'Omnimax, formats utilisant la même pellicule 65 ou 70 mm, mais avec un défilement horizontal.

Histoire des formats.

Le muet. Les deux grands « inventeurs » du cinéma, Lumière et Edison, employaient des films de même largeur (35 mm) mais incompatibles : sur chacune des deux rangées de perforations latérales, le film Lumière portait une perforation ronde par image contre 4 perforations rectangulaires pour le film Edison. L'essor de l'industrie cinématographique imposait une standardisation : en 1909, une conférence internationale retint le film Edison, pratiquement identique au 35 mm actuel, sur lequel s'inscrivait une image de 24 mm sur 18 mm au format 1,33. Le film Lumière portait une image de même format mais légèrement plus grande.

Le parlant. À la fin des années 20, le cinéma devint parlant, la piste optique latérale l'emportant très vite sur les disques synchronisés. ( CINÉMA SONORE.) En réduisant d'environ 2,5 mm la largeur disponible pour l'image, l'introduction de cette piste conduisit à une image presque carrée. Ce format fut utilisé pendant quelques années (Sous les toits de Paris, R. Clair, 1930 ; Marius, A. Korda, 1931) jusqu'à ce que l'on décide de revenir à un format d'image voisin de celui du muet en réduisant la hauteur des images. Ce format 1,37 (que l'on a longtemps qualifié de de 1,33 par assimilation avec l'ancien format du muet) allait être pendant plus de vingt ans le format universel du cinéma.

Le « Scope ». Vers 1950, face à la concurrence de la télévision, Hollywood lança l'écran large, avec le Cinérama, trop complexe pour connaître une grande diffusion, et surtout avec le CinémaScope, où l'anamorphose permettait de doubler la largeur des images projetées sur l'écran. Pour obtenir sur grand écran une image suffisamment nette et lumineuse, les promoteurs du CinémaScope agrandirent au maximum l'image qui pouvait être inscrite sur le film 35 mm. L'emploi de perforations carrées ( PERFORATIONS) et le remplacement de la piste sonore optique par des pistes magnétiques nettement plus étroites permirent d'augmenter la largeur de l'image. On arriva ainsi à 23,15 mm sur 18,15 mm, ce qui donnait sur l'écran, après désanamorphose, le format 2,55. Le succès de l'écran large par anamorphose tua, paradoxalement, le CinémaScope avec ses pistes magnétiques, qui nécessitait tout un investissement dans les salles, notamment pour le son (4 têtes de lecture magnétique, 4 amplificateurs, 4 haut-parleurs). On revint assez vite aux perforations traditionnelles et à la piste sonore optique, en Dolby Stéréo à partir des années 70. Cela ramena l'image à ce qui est devenu, à cette époque, le standard Scope : 21,30 x 18,15 mm, ramené aujourd'hui à 20,96 x 17,53 pour des raisons de normalisation internationale.

Le film large. Pour obtenir sur grand écran des images de qualité, une méthode consistait à tourner une grande image non anamorphosée. Le procédé Vistavision (Paramount, 1954) utilisait le défilement horizontal du film 35 mm traditionnel, avançant de huit perforations par image (comme en photographie 24 x 36). Très peu de salles s'équipèrent pour cette projection horizontale : les films Vistavision furent presque toujours projetés à partir de copies 35 mm traditionnelles au format 1,85 x 1, obtenues par réduction. Ce procédé, inauguré avec Noël blanc (M. Curtiz, 1954) et employé pour un nombre non négligeable de films, notamment toute une série de Hitchcock (la Main au collet, 1955 ; la Mort aux trousses, 1959, etc.), fut abandonné lorsque les progrès des couches sensibles et des objectifs permirent d'obtenir sur négatif 35 mm à défilement vertical traditionnel une qualité d'image comparable à celle obtenue par réduction des images négatives du Vistavision. Les caméras Vistavision demeurèrent toutefois en service pendant quelque temps encore, l'image négative — légèrement anamorphosée — étant convertie pour l'exploitation soit en Scope (procédé Technirama), soit en 70 mm (procédé Super Technirama).

Le 70 mm utilisait un nouveau type de film, mais il offrait l'avantage de reprendre le défilement vertical habituel, ce qui a autorisé la construction de projecteurs bi-films 35/70. Apparu en 1955 (Oklahoma !, F. Zinnemann) sous le nom de procédé Todd-AO, il s'imposa par l'exceptionnelle qualité de son image au format 2,2 x 1. Trop onéreux pour le tirage des copies et surtout pour l'équipement des salles, il fut lui aussi abandonné lorsque deux mouvements simultanés (l'amélioration des couches sensibles et des objectifs, la réduction de la taille des salles) permirent d'obtenir des résultats satisfaisants en 35 mm Scope. Les salles qui demeurent équipées en 70 mm projettent parfois des copies 70 mm (reprises d'anciens films 70 mm, agrandissements sur 70 mm d'originaux 35 mm). Les caméras 65, restent employées, surtout pour le tournage de films spéciaux, destinés à être exploités dans les parcs à thème (relief, salles avec sièges mobiles,...).