Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MARCHAL (Arlette)

actrice française (Paris 1902 - id. 1984).

Sa beauté et sa photogénie, son talent sûr et discret lui ont fait tenir, au muet comme au parlant, des rôles d'une grande distinction. Souveraine couronnée (Madame Sans-Gêne, L. Perret, 1925 ; Entente cordiale, M. L'Herbier, 1939), dame noble (le Petit Roi, J. Duvivier, 1933 ; Don Quichotte, G. W. Pabst, id.), bourgeoise rêveuse (la Marche nuptiale, M. Bonnard, 1935), elle personnifie d'abord l'éternel féminin (la Femme rêvée, J. Durand, 1929 ; la Femme idéale, A. Berthomieu, 1934), en un mot l'Image (J. Feyder, 1925).

MARCHAL (Georges Louis Lucot, dit Georges)

acteur français (Nancy 1920 - Maurens 1997).

Son physique avenant, sa musculature l'ont fait accéder rapidement aux emplois dits « de jeune premier ». Il interprète avec bonheur des rôles à costumes, aussi bien dans Vautrin (P. Billon, 1944) que dans Échec au roy (J. P. Paulin, 1945) ou Paméla (P. de Hérain, id.). Exception faite pour le viril ouvrier de Lumière d'été (J. Grémillon, 1943). Il continue à s'amuser avec pourpoints et perruques dans des films comme les Trois Mousquetaires, où il interprète d'Artagnan (A. Hunebelle, 1953), et Si Versailles m'était conté, où il devient Louis XIV (S. Guitry, 1954). De temps en temps, il les troque contre le péplum (Messaline, C. Gallone, 1951 ; Theodora, impératrice de Byzance, R. Freda, 1953 ; les Légions de Cléopâtre, V. Cottafavi, 1960). À côté des comédies modernes qu'il interprète alors avec son épouse Dany Robin, il faut retenir Au grand balcon (H. Decoin, 1949) et surtout les films de Buñuel (Cela s'appelle l'aurore, 1956 ; la Mort en ce jardin, 1956 ; Belle de jour, 1967 ; la Voie lactée, 1969). Il a su évoluer avec intelligence de son emploi de séducteur à celui d'homme mûr, sans toutefois acquérir la popularité de Jean Marais, auquel on l'a souvent comparé.

MARCHAND (Guy)

acteur français (Paris 1937).

Musicien de jazz au départ, il devient célèbre en chantant La Passionnata. Ses talents de comédien sont pressentis par Robert Enrico qui le fait jouer dans Boulevard du rhum, en 1971. Dès lors, son personnage de macho, de cocu, de brute ou d'imbécile sympathique devient indispensable à de nombreux rélisateurs, comme François Truffaut (Une belle fille comme moi, 1972), Jean-Charles Tacchella (Cousin cousine, 1975), ou Maurice Pialat (Loulou, 1980). En 1981, son interprétation d'un inspecteur de police dans Garde à vue (C. Miller) lui vaut un César. Insatiable, il tourne film sur film, parmi lesquels Coup de torchon (B. Tavernier, 1981), Coup de foudre (D. Kurys, 1983), Vaudeville (J. Marbœuf, 1986), Conseil de famille (Costa-Gavras, id.), Je hais les acteurs (G. Krawczyk, id.), et la Rumba (R. Hanin, 1987), Grand Guignol (Marbœuf, id.), l'Été en pente douce (Krawczyk, id.), les Maris, les femmes, les amants (P. Thomas, 1989), le Nouveau Monde (A. Corneau, 1995).

MARCHAT (Jean)

acteur français (Grigny 1902 - Paris 1966).

Avant tout acteur de théâtre : Comédie-Française, association avec Marcel Herrand, puis, de nouveau, Comédie-Française. Ses emplois cinématographiques ont évolué avec le temps : le jeune premier du Poignard malais (Roger Goupillières, 1931), de Partir (M. Tourneur, 1931) ; d'Au nom de la loi (id., 1932) devient, à partir de Remorques (J. Grémillon, 1941,  : 1939), un spécialiste des rôles antipathiques ; il y trouve ses meilleures créations : l'aristocrate suffisant de Pontcarral, colonel d'Empire (J. Delannoy, 1942) ou le bourgeois assassin de Mensonges (Jean Stelli, 1946). Il a participé à peu de grands films, mis à part sa scène des Dames du bois de Boulogne (R. Bresson, 1945). Dans Mermoz (Louis Cuny, 1943), il joue le rôle de Saint-Exupéry ; dans le Bossu (Delannoy, 1944), il interprète le Régent ; dans Napoléon (S. Guitry, 1955), il incarne le général Bertrand, et puis des espions, des magistrats, des collaborateurs, des Britanniques. Jean Marchat, acteur de renom, préférait la scène aux studios.

MARCHI (Virgilio)

décorateur italien (Livourne 1895 - Rome 1960).

Architecte influencé par le Bauhaus et par Le Corbusier, Marchi abandonne l'architecture pour une double carrière, de décorateur de théâtre et de cinéma, d'enseignant d'autre part à l'École nationale d'art dramatique et au Centre expérimental de cinématographie. Après avoir travaillé au Théâtre des indépendants avec Anton Giulio Bragaglia et au Théâtre d'art de Rome avec Luigi Pirandello, il fait ses débuts au cinéma en 1935 et se spécialise dans les films de reconstitution historique : les Deux Sergents (I due sergenti, E. Guazzoni, 1936 ; la Grande Révolte [I condottieri, L. Trenker, 1937] ; Il conte di Brechard, M. Bonnard, 1938 ; Une aventure de Salvator Rosa, 1940 ; la Couronne de fer, 1941 ; la Farce tragique, id., trois films de Blasetti). En 1942, avec Un pilota ritorna de Rossellini et Quatre Pas dans les nuages de Blasetti, il montre son aptitude à maîtriser les décors contemporains. Après la guerre, il est associé principalement à Rossellini (Onze Fioretti de François d'Assise, 1950 ; Europa 51, 1952) et à De Sica (Umberto D, id. ; Stazione Termini, 1953 ; l'Or de Naples, 1954). Auteur de nombreux décors pour des films moins ambitieux (par exemple la série des Don Camillo), Marchi est un des hommes qui ont le plus contribué au renouvellement de la scénographie italienne, aussi bien au théâtre qu'au cinéma.

MARCUSSEN (Lejf)

cinéaste danois (Aabenvaa 1936).

L'attention qu'il manifesta au cours de ses études (École du design graphique puis Académie danoise des arts) aux évolutions technologiques et à l'héritage pictural classique est à l'image de sa future expérience cinématographique : ouverte. Graphiste à la Radio-Télévision (1972), ensuite il s'engage à titre privé, dans une voie expérimentale où domine un graphisme noir et blanc (le Chef d'orchestre, 1978). Il mène ensuite ses expérimentations au sein de l'institution. Célèbre pour son approche non verbale faisant de la télévision la cathédrale médiévale de notre époque et opposant ses graphismes (le blason télévisuel) à ses supports visuels (ses retables), il introduit peu à peu une recherche comparative sur le son et l'image qui évoque le McLaren de Synchromy. Rochers (1982) puis Polyphonie visuelle (1983), recherches métamorphiques et études du contrepoint musical, le font connaître internationalement. La Voix publique (1988), inspirée d'un tableau de Paul Delvaux, interroge le statut de l'image. Lejf Marcussen reçoit le prix Héritage-McLaren en 1990.