Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SONORE. (suite)

Densité variable, élongation variable.

Dans le procédé à densité variable, la piste sonore porte des inscriptions de largeur constante, égale à la largeur de la piste, constituées par une succession de traits de transparence variable. Dans le procédé à élongation variable, la piste comporte deux zones, l'une opaque, l'autre transparente : le son est ici transcrit par des variations des largeurs respectives de ces zones, ce qui procure bien les variations recherchées de l'éclairement reçu par la cellule. La frontière, sinueuse, entre les deux zones visualise directement les variations de pression enregistrées.

Densité variable et élongation variable, totalement compatibles à la lecture, ont été employées concurremment jusque dans les années 40, avec des résultats similaires.

Dispositifs « noiseless ».

Un des gros problèmes initiaux du son optique était le niveau élevé du bruit de fond, dû en grande partie au souffle des cellules, c'est-à-dire au bruit de fond qu'elles émettent lorsqu'elles sont fortement éclairées. Comme le souffle croît avec l'éclairement, et comme le bruit de fond est surtout perçu dans les passages à faible niveau sonore, un moyen de réduire le bruit de fond perçu par le spectateur consistait à réduire, dans ces passages, la quantité de lumière reçue par la cellule. Divers dispositifs noiseless (mot anglais pour « sans bruit ») ont été imaginés à cet effet dans les années 30. Le système qui s'est imposé, en élongation variable, réduit automatiquement la largeur de la partie transparente de la trace sur les copies (donc l'éclairement reçu par la cellule) dans les passages à faible modulation, c'est-à-dire de faible amplitude. Ce dispositif a été conservé malgré l'introduction, de cellules à faible souffle (semi-conducteurs au silicium), et les procédés de réduction du bruit de fond permettant, en son analogique multipistes, de très faibles niveaux de bruit de fond. ( BRUIT DE FOND.)

Le son magnétique.

Certains corps, et notamment le fer (sous forme de fer pur aussi bien que d'acier ou d'oxyde de fer), s'aimantent lorsqu'ils sont placés dans un champ magnétique, et ils conservent ensuite — partiellement — cette aimantation. Dès la fin du siècle dernier, l'on a imaginé de mettre cette propriété à profit pour enregistrer les sons, par mémorisation de l'aimantation reçue dans un électro-aimant relié à un micro. En 1898, le Danois Poulsen réalisait ainsi son Télégraphone à fil d'acier, puis à ruban d'acier, présenté à l'Exposition de 1900. Cette invention tombe ensuite dans un oubli relatif : l'acier employé conservait insuffisamment l'aimantation reçue, et il manquait à Poulsen, comme à Lauste, l'amplificateur. (Le Télégraphone ne permettait qu'une écoute individuelle, par casque téléphonique, des sons enregistrés.) Les recherches reprirent vers 1930, essentiellement en Allemagne, où elles débouchèrent sur le magnétophone, initialement nom de marque de l'appareil (1936) breveté par la firme AEG. Pendant un temps, fil et ruban d'acier coexistèrent avec la bande magnétique, imaginée elle aussi vers 1930 ( BANDE MAGNÉTIQUE) et qui allait finalement l'emporter.

Grâce à sa légèreté et à sa commodité d'emploi, le magnétophone s'imposa rapidement pour la prise de son de radiodiffusion. Pour la prise de son des films, l'enregistrement direct sur piste optique demeura la règle, malgré sa lourdeur (mais le tournage d'un film était, en soi, une opération lourde), jusque vers 1950. Il fut ensuite très vite abandonné au profit du magnétophone, qu'une publicité professionnelle de l'époque décrit comme « un camion son dans une valise ». Au début, l'on enregistra sur bande magnétique 35 mm perforée, défilant en synchronisme avec le négatif image comme le faisait auparavant le négatif son. Puis l'on en vint au processus aujourd'hui classique d'enregistrement sur bande lisse de 6, 35 mm, le son étant reporté pour le montage sur bande magnétique perforée ( REPIQUAGE) puis finalement reporté, pour les copies d'exploitation, sur piste optique latérale.

En « couchant » une piste magnétique sur les copies d'exploitation, c'est-à-dire en y déposant une couche d'oxyde de fer, on pouvait aussi imaginer de rester jusqu'au bout en son magnétique. Employée en 1953 par le CinémaScope, puis, en 1955, par le 70 mm (le Cinérama, 1951, recourait déjà au son magnétique, mais avec une bande magnétique perforée défilant en synchronisme avec les bandes image), cette méthode présentait un double avantage. D'une part le son magnétique offrait, à l'époque, une qualité de restitution supérieure à celle du son optique. Le son magnétique n'était malheureusement pas sans inconvénients. Les copies à son magnétique étaient très chères : après le développement, les copies devaient être enduites (couchées) de pistes magnétiques puis chaque bobine était enregistrée en temps réel.. Le CinémaScope et le 70 mm, entraînaient pour les salles un investissement assez lourd : projecteurs capables de lire aussi bien les copies à son magnétique que les copies à son optique, chaînes multiples d'amplificateurs et de haut-parleurs. Les têtes de lecture magnétique sont en outre plus délicates à entretenir que l'habituelle tête de lecture optique.

Pour ces raisons, malgré l'indéniable succès du CinémaScope et du 70 mm, le son magnétique ne s'implanta que dans un nombre limité de salles, et il est aujourd'hui abandonné, sauf — dans quelques salles — pour la projection de films « de reprise » en 70 mm. Le son magnétique a été employé pour les films d'amateurs (pistes magnétiques précouchées) et 16 mm, où son optique et son magnétique coexistent. Les films 16 mm ont en grande partie disparu et ont été remplacés par de la vidéo, sauf pour les ciné-clubs.

Son numérique.

Connu depuis la fin des années 70 à partir des CD audio, le son numérique est réellement apparu au cinéma au début des années 90. Le premier système a été proposé par Kodak. Il comportait une piste photographique numérique enregistrée à la place de la piste optique traditionnelle. Plusieurs firmes ont ensuite tenté de se positionner sur ce marché (LC Concept en France). Il reste aujourd'hui, au niveau mondial, deux procédés où le son est enregistré directement, sous forme photographique sur la copie (le SR-D de Dolby et SDDS de Sony) et le procédé DTS, avec le son enregistré sur un disque audionumérique optique synchronisé avec le défilement de la copie par un code temporel. Pour conserver la polyvalence des copies (piste optique traditionnelle), la piste numérique a été enregistrée à un emplacement différent : entre les perforations (Dolby SR-D), sur les manchettes (SDDS) ou entre la piste analogique et les images (DTS, pistes de code temporel). Dans tous les cas, ces procédés ont permis d'améliorer la qualité de la restitution sonore en salle — bande passante étendue jusqu'à 20 kHz ( HAUTE FIDÉLITÉ) —, mais aussi d'éviter la dégradation de la qualité au cours de la vie de la copie, en raison du bruit engendré par les poussières et les abrasions. ( NUMÉRIQUE, STÉRÉOPHONIE).