Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DENIS (Maria Esther Beomonte, dite Maria) (suite)

Révélée en 1934 dans un petit rôle (Seconda B de Goffredo Alessandrini), elle tourne dans de nombreux films, où sa diction typiquement romaine la rend assez populaire parmi un public friand de comédies sentimentales : Il documento (M. Camerini, 1939) ; Adieu jeunesse (F. M. Poggioli, 1940) ; Sissignora (id., 1942), surtout, qui marquent le sommet de sa carrière. Malgré un talent dramatique certain (le Siège de l'Alcazar, A. Genina, 1940), elle n'obtient que peu de rôles après la guerre (Quelques pas dans la vie, A. Blasetti, 1954), sans doute en raison de son intégration difficile au nouveau cinéma italien.

DENNER (Charles)

acteur français (Tarnów, Pologne, 1926 - Dreux 1995).

Il fait partie du TNP et débute au cinéma dans la Meilleure Part (Y. Allégret, 1956). Chabrol lui donne le rôle-titre de Landru (1962) et, l'année suivante, Alain Jessua lui fait incarner la béatitude de la déraison dans la Vie à l'envers. Une diction faubourienne et un jeu concerté excellent à introduire l'humour et une touche d'inquiétude dans chacun de ses rôles, qu'il tire souvent vers une forme de grotesque. Il interprète, entre autres, les Pieds nickelés 1964 (J. C. Chambon, 1964), Marie-Chantal contre Dr Kah (C. Chabrol, 1965), le Vieil Homme et l'Enfant (C. Berri, 1967), le Voleur (L. Malle, 1967), La mariée était en noir (F. Truffaut, 1968), Z (Costa-Gavras, 1969), Une belle fille comme moi (Truffaut, 1972), l'Héritier (Ph. Labro, 1973), Toute une vie (C. Lelouch, 1974), l'Homme qui aimait les femmes (Truffaut, 1977), Robert et Robert (Lelouch, 1978), Mille Milliards de dollars (H. Verneuil, 1982), l'Honneur d'un capitaine (P. Schoendoerffer, id.), Golden Eighties (Ch. Akerman, 1985).

DENNIS (Sandra Dale Dennis, dite Sandy)

actrice américaine (Hastings, Nebr., 1937 - Westport, Conn., 1992).

Élève de l'Actors Studio, elle débute en 1961 dans la Fièvre dans le sang, grâce à Elia Kazan. Mais c'est surtout en 1966, dans le rôle de la jeune mariée niaise de Qui a peur de Virginia Woolf ? (M. Nichols, 1966), que son talent se révèle. Elle est alors très sollicitée, malgré son physique ingrat, à cause de sa sensibilité vive. Son meilleur rôle reste la jeune institutrice maladroite de l'Escalier interdit (R. Mulligan, 1967). Depuis, hormis deux films avec Robert Altman (That Cold Day in the Park, 1969, Come Back to the Five and Dime, Jimmy Dean, 1982) et Une autre femme de Woody Allen (1988), elle a très peu tourné.

DENNY (Reginald Leigh Daymore, dit Reginald)

acteur américain d'origine britannique (Richmond, Surrey, 1891 - Londres 1967).

Arrivé à Hollywood en 1919, Reginald Denny se taille très vite un succès énorme grâce à son physique athlétique et à son sens de l'humour. Tant que le cinéma ne parle pas, il symbolise une certaine image de l'Américain sportif (The Leather Pushers, Harry Pollard, 1922-1924, série ; Oh Doctor !, id., 1925 ; California Straight Ahead, id., id. ; Skinner's Dress Suit, William A. Seiter, 1926) ; On Your Toes (F. Newmeyer, 1927). Mais le parlant révèle un accent « very british », qui met fin à sa carrière de comique populaire et l'oriente vers les seconds rôles. Il s'en tire avec le même bonheur, honorant de son élégance et de son ironie mordante des films aussi divers que Madame Satan (C. B. De Mille, 1930), les Amants terribles (S. Franklin, 1931) ou l'Emprise (J. Cromwell, 1934). Dans les années 40, ses apparitions se font plus brèves : Rebecca (A. Hitchcock, 1940), le Poids d'un mensonge (W. Dieterle, 1945) ou le Médaillon (J. Brahm, 1946). En 1965, il est encore présent dans Cat Ballou (E. Silverstein).

DENOLA (Georges)

cinéaste français (1880 - 1944).

L'un des pionniers du Film d'Art, pour lequel il travaille abondamment dès 1908. Il met alors en scène des sujets populaires, dont les principaux acteurs sont Germaine Rouer, Jacques Grétillat, Sylvie et surtout Mistinguett, qui joue alors la comédie et paraît dans l'Abîme (1911), la Folle de Pen-March (id.), la Moche (1913), etc. Il signe en 1914 un serial avec l'adaptation de Rocambole. Reconnu excellent technicien, il seconde Antoine à partir de 1915 jusqu'à Mademoiselle de La Seiglière (1920), tout en s'occupant d'œuvres personnelles, où apparaissent Harry Baur (48, avenue de l'Opéra, 1917) et Falconetti (la Comtesse de Somerive, id.). Il collabore avec Jean Kemm (André Cornelis, 1918) puis s'efface. Son nom n'apparaît plus sur les écrans ; mais, dans la Fin du jour (J. Duvivier, 1939), on peut l'apercevoir parmi les vieillards de la maison de retraite.

DENSITÉ.

Nombre sans unité caractérisant l'opacité d'une surface photosensible (inverse de la transmission). La densité est exprimée selon une échelle logarithmique, comparable à la perception de l'éclairement par notre œil. La référence « 0 » correspond à une transmission de 100 %.

DENSITÉ VARIABLE.

Procédé de cinéma sonore à piste optique, où les sons sont traduits par la variation de l'opacité de la piste. ( PROCÉDÉS DE CINÉMA SONORE.)

DE PALMA (Brian)

réalisateur américain (Newark, N. J., 1940).

Féru de physique et de technologie, il se consacre à la cybernétique avant de découvrir le cinéma expérimental à la Columbia University de New York. Il dirige Robert De Niro dans The Wedding Party (1964-1969), une pochade réalisée dans le cadre du Sarah Lawrence College (dont il enrôlera les étudiants pour le tournage de Home Movies, 1980). Comédie noire qui associe la pulsion scopique à la pulsion de mort, Murder à La Mod (1968) manifeste déjà sa fascination pour Hitchcock et sa prédilection pour les trompe-l'œil. Cocasses radiographies des états d'âme de la contre-culture new-yorkaise, Greetings (1968) et Hi, Mom†! (1970) sont pour lui l'occasion d'inventorier les ressources de la rhétorique filmique et celles des appareils optiques† : il y orchestre avec brio des matériaux de format et de texture hétérogènes, avant d'explorer les possibilités du split-screen dans Dionysus in 69 (1970). Après une expérience décevante à la Warner Bros (Get to Know Your Rabbit, 1972), il recouvre son indépendance avec Sœurs de sang (Sisters, 1973) et le Fantôme du paradis (Phantom of the Paradise, 1974), où se donnent libre cours sa sensibilité gothique et ses recherches expressionnistes. La métaphore du « monstre innocent », voué à tomber dans les rets d'un manipulateur abusif, y renvoie à la paranoïa de l'artiste, toujours menacé d'être dépossédé de son œuvre. Cette expérimentation formelle implique une dramaturgie du regard, quand ce n'est pas une approche démiurgique du médium lui-même, comme en témoigne, d'Obsession (1976) à Snake Eyes (id., 1998) en passant par Carrie au bal du diable (Carrie, id.), Furie (The Fury, 1978), Pulsions (Dressed to Kill, 1980), Blow Out (1981), le ressort de ses fictions : l'hypnose, la télépathie, la prestidigitation, la paramnésie, la télékinésie, et bien sûr le voyeurisme. En 1983, il réalise un remake paroxystique de Scarface avec Al Pacino dans le rôle tenu en 1932 par Paul Muni ; mal perçu à l'époque, le film est devenu depuis l'objet d'un véritable culte. En 1985, avec Body Double, il se replie sur quelque chose de plus attendu, et qu'il réussit d'ailleurs brillamment, le démarquage d'Hitchcock. La même année, il réalise également Wise Guys. Il connaît en 1987 un grand succès avec les Incorruptibles (The Untouchables), où Kevin Costner reprend le rôle d'Eliot Ness, immortalisé dans les années 60 à la télévision par Robert Stack. De Palma manifeste ainsi sans ambages sa volonté de rejeter l'étiquette qu'on lui a collée : cependant, si Outrages est un film courageux et douloureux que l'on n'a pas apprécié à sa juste valeur, l'outrance caricaturale du Bûcher des vanités est presque insupportable. Dans une nouvelle attitude de repli, le cinéaste revient avec l'Esprit de Caïn (Raising Cain, 1992) à l'horreur grandiloquente qui avait fait sa gloire. Heureusement, l'Impasse (Carlito's Way, 1993), film de gangsters crépusculaire qui offre à Al Pacino l'un de ses plus beaux rôles, témoigne d'un réel renouveau et d'une maturité toute fraîche chez le cinéaste. En 1996, Mission : Impossible (id.) est tout aussi brillant et même personnel grâce aux modifications imperceptibles mais essentielles qu'il fait subir à la série télévisée d'origine ; c'est un succès international de grande ampleur. Par contre, à la suite de Snake Eyes qu'il réalise en 1998, avec Nicolas Cage dans le rôle principal, Mission to Mars (id., 2000), une commande qu'il rattrape in extremis, malgré quelques beaux moments (une ouverture brillante en plan-séquence ; le suicide de Tim Robbins dans l'espace), se révèle décevant.