Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ANDREWS (Dana)

acteur américain (Collins, Miss., 1909 - Los Alamitos, Ca., 1992).

Sans avoir été véritablement une star, il a l'une des filmographies les plus impressionnantes de tous les comédiens de sa génération. Entre 1940 et 1958, il a tourné dans quelques-uns des films les plus importants d'Otto Preminger, Jacques Tourneur, Fritz Lang, Allan Dwan, William Wellman, Lewis Milestone, William Wyler et John Ford. Jean Renoir et Elia Kazan ont fait également appel à lui. Sa présence, sa gravité, l'intensité et la sobriété de son jeu, plus qu'un physique exceptionnel, avaient de quoi retenir l'attention de ces cinéastes.

Preminger le mit au centre de quatre de ses meilleurs films  : Laura et Mark Dixon détective, avec Gene Tierney ; Crime passionnel et Femme ou Maîtresse. Dans les deux premiers, il est policier, mais c'est un emploi auquel il donne toujours beaucoup d'ambiguïté. Jacques Tourneur, dont il était l'ami personnel, l'utilise dans un western (le Passage du canyon), dans un film fantastique (Night of the Demon, une de ses rares incursions dans le genre) et dans un film d'espionnage (The Fearmakers). Fritz Lang en fait un journaliste dans la Cinquième Victime et un romancier dans l'Invraisemblable Vérité, ses deux derniers films américains. Dwan lui donna le rôle du marin de son avant-dernier film, Enchanted Island, d'après Melville. Sa filmographie est aussi riche en westerns (l'Étrange Incident, de Wellman) et, surtout, en films de guerre (le Commando de la mort, de Milestone).

Après 1958, sa carrière décline lentement. On ne le voit plus que dans des rôles secondaires et à la télévision. On eut cependant la surprise de le retrouver égal à lui-même dans le Dernier Nabab de Kazan, dont il avait déjà interprété Boomerang, près de trente ans auparavant.

Films :

le Cavalier du désert (W. Wyler, 1940) ; la Route du tabac (J. Ford, 1941) ; l'Étang tragique (J. Renoir, id.) ; Boule de feu (H. Hawks, 1942) ; l'Étrange Incident (W. Wellman, 1943) ; Laura (O. Preminger, 1944) ; Crime passionnel (id., 1945) ; State Fair (W. Lang, id.) ; le Commando de la mort (L. Milestone, 1946) ; le Passage du canyon (J. Tourneur, id.) ; les Plus Belles Années de notre vie (W. Wyler, id.) ; Boomerang (E. Kazan, 1947) ; Femme ou Maîtresse (Preminger, id.) ; Mark Dixon détective (id., 1950) ; la Cinquième Victime (F. Lang, 1956) ; l'Invraisemblable Vérité (F. Lang, id.) ; Night of the Demon / Curse of the Demon (J. Tourneur, 1957) ; The Fearmakers (id., 1958) ; l'Île enchantée (A. Dwan, id.) ; Première Victoire (Preminger, 1965) ; le Dernier Nabab (E. Kazan, 1976).

ANDREWS (Harry)

acteur britannique (Tonbridge 1911 - Salehurst, Sussex 1989).

Après une belle carrière théâtrale, il vient tardivement au cinéma dans les Bérets rouges (T. Young, 1953). Il se confirme comme l'un des meilleurs seconds rôles anglais dans des films comme Moby Dick (J. Huston, 1956), Sainte Jeanne (O. Preminger, 1957), Barabbas (R. Fleischer, 1962), Cléopâtre (J. L. Mankiewicz, 1963), Tout ou Rien (C. Donner, 1964), la Colline des hommes perdus (S. Lumet, 1965), Modesty Blaise (J. Losey, 1966), la Charge de la brigade légère (T. Richardson, 1968), le Piège (J. Huston, 1973) ou Mort sur le Nil (J. Guillermin, 1978).

ANDREWS (Julia Elizabeth Wells, dite Julie)

actrice américaine (Walton-on-Thames, Grande-Bretagne, 1935).

Née dans le monde du spectacle, elle débute sur scène à douze ans, et, en 1954, conquiert Broadway avec une production britannique importée, The Boy Friend. Chanteuse mieux qu'agréable, actrice d'une remarquable justesse, elle doit laisser à Audrey Hepburn le rôle principal de My Fair Lady (G. Cukor, 1964), qui avait été pour elle un triomphe à la scène. Elle débute à l'écran dans Mary Poppins (R. Stevenson, 1964), dans un rôle plaisant et par moments émouvant qui lui apporte d'emblée une célébrité mondiale. La même année, elle interprète une comédie satirique d'Arthur Hiller : les Jeux de l'amour et de la guerre. Elle se partage quelques années encore entre les comédies musicales à succès plus ou moins justifié  : la Mélodie du bonheur (R. Wise, 1965), Millie (G. Roy Hill, 1967), Star ! (Wise, 1968) et des rôles plus dramatiques (Hawaii de G. Roy Hill, 1966) dont elle s'acquitte parfois fort bien (le Rideau déchiré, d'A. Hitchcock, id). Sa vraie nature lui sera et nous sera révélée par son second mari, Blake Edwards, qui en 1970 fait d'elle la vedette de Darling Lili  : fausse candeur et féminité soudain agressive sous les apparences du charme bourgeois n'altèrent en rien les qualités de la chanteuse et de la comédienne. Mais elle n'est guère reparue ensuite que dans trois films d'Edwards, le parodique Top Secret (1974), Elle (1979), S.O.B. (1981) et dans Little Miss Marker (1980) de Walter Bernstein, avant d'étonner son public dans un double rôle charmant et ambigu  : celui de Victor, Victoria dans le film homonyme de Blake Edwards (1982). Il lui donne un rôle en retrait dans l'Homme à femmes (1983) : elle est la psychiatre qui écoute la confession de Burt Reynolds. Mais, dans l'autobiographique That's Life (1986), elle se trouve investie du rôle pivot : une femme mûre, peut-être atteinte d'un cancer, qui cache son angoisse pour faire face aux névroses infantiles d'un mari qui refuse de vieillir. Épanouie, émouvante, d'une dignité blessée qui ne lui fait jamais ignorer l'humour, Julie Andrews donne là, peut-être, son interprétation la plus belle. Si elle se tire remarquablement bien d'un mélodrame dangereux qui reprend le thème de la maladie (Duo pour une soliste, A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1986), on est en droit de regretter le manque d'inspiration de Tchin-Tchin (G. Saks, 1990), morne adaptation de François Billetdoux qui ne vaut que par le charme de l'actrice et sa complicité avec Marcello Mastroianni.

ANDREX (André Jaubert, dit)

acteur français (Marseille 1907 - id. 1989).

C'est l'un des plus fidèles compagnons de Fernandel, qu'il accompagne du Coq du régiment (Maurice Cammage, 1933) à la Bourse et la Vie (J.-P. Mocky, 1965). Sa voix fait merveille dans les opérettes, et il sait habilement camper des voyous à l'accent chantant. Angèle (M. Pagnol, 1934), Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937), l'Etrange Monsieur Victor (J. Grémillon, 1938), l'Entraîneuse (A. Valentin, id.), Circonstances atténuantes (J. Boyer, 1939). Renoir, qui l'avait employé dès Toni (1935), lui donne un rôle sympathique dans la Marseillaise (1938). Il figure aussi dans Manon (H.-G. Clouzot, 1949).