Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
J

JOHNSON (Charles Van Johnson, dit Van)

acteur américain (Newport, R. I., 1916).

Ce grand garçon rouquin à la bonne santé quelque peu artificielle provoque, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'engouement d'une Amérique qui ressent le besoin d'aimer l'image de sa propre innocence. Le pays est alors tiraillé entre John Garfield, celui qui n'a rien, et Van Johnson, celui qui a tout. À cause de cet aspect unidimensionnel, on a vite fait le tour de ce personnage superficiel. Van Johnson a un certain talent d'acteur, limité mais réel, qui peut même suggérer assez habilement l'ambiguïté : ainsi en est-il du héros tourmenté de Vivre un grand amour (E. Dmytryk, 1955), et du gigolo sentimental d'Invitation (Gottfried Reinhardt, 1952), ses deux meilleurs rôles. Ou, à l'étage au-dessous, de l'aveugle détective de À 23 pas du mystère et de l'homme traqué du Fond de la bouteille, deux films tournés en 1956 par Henry Hathaway. Mais, le plus souvent, on lui demande de sourire et d'étaler ses taches de rousseur et ses yeux bleus avec le maximum de charme dans d'inoffensifs véhicules pour Esther Williams ou June Allyson. On peut encore se souvenir de lui dans Bastogne (W. Wellman, 1949), Drôle de meurtre (D. Weis, 1953), Ouragan sur le Caine (Dmytryk, 1954) ou la Dernière Fois que j'ai vu Paris (R. Brooks, id.). Une certaine image de l'Amérique ? Plutôt un stéréotype.

JOLSON (Asa Yoelson, dit Al)

acteur et chanteur américain (Saint-Pétersbourg, Russie, 1886 - San Francisco, Ca., 1950).

Plus que sa carrière théâtrale, c'est sa gloire radiophonique qui a fait de lui le Chanteur de jazz (A. Crosland, 1927) : son sens de la communication verbale (« Vous n'avez encore rien entendu », lançait-il pour introduire un couplet) contraste efficacement avec ses mimiques véhémentes. Après le Fou chantant (L. Bacon, 1928), ses interprétations déçoivent, en dépit de la silhouette pittoresque de Hallelujah I'm a Bum (L. Milestone, 1933). Jolson se bornera bientôt à quelques apparitions et à cautionner sa biographie deux fois filmée : le Roman d'Al Jolson (The Jolson Story, Alfred E. Green, 1946) et Je chante pour vous (H. Levin, 1949).

JOLY (Henri)

pionnier français du cinéma (Vioménil 1866 - Paris 1945).

Il est surtout connu pour avoir réalisé en 1895, à la demande de Pathé (qui importait alors le Kinetoscope), le premier appareil français pourvu d'un débiteur. ( INVENTION DU CINÉMA.)

JONES (Charles Frederick Gebhart, dit Buck)

acteur américain (Vincennes, Ind., 1889 - Boston, Mass., 1942).

Une des vedettes les plus populaires et les plus rafraîchissantes des premiers westerns. Cet ancien cascadeur, qui avait servi dans la cavalerie et qui était un habitué des Wild West Shows et des exhibitions sur piste de cirque, possède dans son jeu une spontanéité qui le rapproche d'un Richard Barthelmess. Il tourne une moyenne de huit films par an tout au long des années 20 et prouve occasionnellement sa véritable envergure dans une simple pastorale comme Notre héros (F. Borzage, 1925). Mais le plus souvent, monté sur son cheval Silver, il apparaît dans des westerns de série, comme par exemple Desert Outlaw (Edmund Mortimer, 1924). Vers la fin des années 30, sa popularité diminue et les films dans lesquels il joue deviennent de plus en plus modestes. Il mourut dans l'incendie d'une boîte de nuit en 1942.

JONES (Charles, dit « Chuck »)

cinéaste d'animation américain (Spokane, Wash., 1912).

Avec Tex Avery et Friz Freleng, il a régné pendant trente ans sur la production des studios Warner Bros, qui distribuaient les séries Merrie Melodies et Looney Tunes. Avec le premier d'entre eux, il est sans conteste le représentant le plus prolixe et le plus original de l'école d'animation dite « du gag paroxystique ». Son nom est passé à l'histoire comme l'un des inventeurs de la star Bugs Bunny. Sorti de la Franklin High School et du Chouinard Art Institute, il commence au bas de l'échelle comme gouacheur, intervalliste, puis animateur chez Ub Iwerks, Hugh Harman et Rudolph Ising à la Warner (où naît en 1933 le studio dirigé par Léon Schlesinger). On associe son nom au premier film de la UPA qu'il dirigea (Hell Bent for Election, 1944) et à Walt Disney, chez lequel il travailla avant de rompre avec éclat. À la Warner, sous Eddie Selzer puis John Burton, il est d'abord l'assistant de Tex Avery, puis vole de ses propres ailes en créant (avec le grand Tex, Friz Freleng, Bob Clampett et Ben Hardaway) le personnage de Bugs Bunny, le lièvre frondeur et sarcastique, dont le mot fameux « What's up, doc ? » est devenu légendaire. Il est aussi le créateur d'Elmer Fudd, le crétin bègue, de Daffy Duck, le canard colérique et postillonneur, de Yosemite Sam, le pirate furibard, du Monstre de Tasmanie hurleur et bafouilleur, du chat Sylvestre et du cochon Porky, et surtout du Coyote et de l'Oiseau-Mimi, devenus avec Bugs les héros du populaire Bugs Bunny-Roadrunner Show à la télévision. Jones partageait le personnage de Bugs avec Freleng et Bob McKimpson ; il est aussi l'auteur de sujets libres comme The Dot and the Line et a signé des longs métrages comme Gay Pur-ree (1962) et The Phantom Tollbooth (1971). En 1963, il a quitté la Warner pour la MGM, où il a dirigé une série avec Tom et Jerry de Hanna-Barbera. Il enseigne l'animation, parle et écrit éloquemment de cet art difficile, et, comédien-né comme beaucoup d'animateurs, montre un humour totalement télégénique. Depuis la mort de Tex Avery, il est l'historien attitré de cette phase inégalable du dessin animé.

JONES (Henry)

acteur américain (Philadelphie, Pa., 19121999).

Figure familière des acteurs de second plan, Henry Jones peut, à loisir, inquiéter ou provoquer le rire, ou mélanger les deux. On gardera cependant un souvenir ému de ses prestations d'homme d'affaires dépressif et dépassé par les événements que lui confia Frank Tashlin dans la Blonde et moi (1956) et dans la Blonde explosive (1957). Plus sinistre était le maître chanteur concupiscent du Buisson ardent (The Bramble Bush, Daniel Petrie, 1960). Ses apparitions se réduisent souvent à une simple silhouette.

JONES (James Earl)

acteur américain (Arkabutla, Miss., 1931).

Incroyablement corpulent, d'une présence peu commune, c'est sans doute le grand acteur noir de la scène américaine contemporaine. Au cinéma, il a repris son succès scénique dans l'Insurgé (M. Ritt, 1970), où il était un champion de boxe. Délicieuse était sa création d'éboueur au grand cœur dans Claudine (J. Berry, 1974). Mais il s'est aussi amusé à jouer les très méchants et l'on n'oubliera pas de sitôt le démon Pazuzu dans l'Hérétique (J. Boorman, 1977) ou la voix caverneuse qu'il prêtait à Darth Vader, le traître de la Guerre des étoiles (G. Lucas, id.).