Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LAVEN (Arnold) (suite)

Il exerce diverses fonctions à Hollywood à partir de 1940 et débute dans la réalisation avec Without Warning (1952), puis avec un bon policier « d'atmosphère » : Investigations criminelles (Vice Squad, 1953), joué par E. G. Robinson et Paulette Goddard. Après un remake d'Anna Lucasta (1958), film en faveur des Noirs, ce qui à l'époque est encore très rare (avec Sammy Davis et Eartha Kitt), il passe au western pro-indien, avec quelques années de retard : Géronimo (id., 1962) n'est pas sans intérêt, non plus que les Compagnons de la gloire (The Glory Guys, 1965) et surtout Violence à Jéricho (Rough Night in Jericho, 1967), western « urbain ». Mais ses films souffrent d'un déséquilibre entre des scénarios mal bâtis, emphatiques et interminables, et d'honnêtes idées visuelles, çà et là. Arnold Laven n'a d'ailleurs pas tardé à se consacrer exclusivement à la production après 1970.

LAW (Luo Zhuoyao, dite Clara)

cinéaste chinoise (Macao 1957).

Après des études de littérature anglaise à l'université de Hong Kong, elle travaille pour la télévision puis, de 1982 à 1985, suit les cours de la London Film School, où elle réalise son premier film, They Say the Moon is Fuller Here (Waiguode yueliang yuan xie, 1985), médaille d'argent au Festival de Chicago en 1990. De retour à Hong Kong, elle travaille deux ans pour la télévision puis réalise une comédie, The Other Half and the Other Half (Wo ai taikong, 1988), sur un scénario de Eddie Fong (Fang Lingzheng), qui écrit la plupart de ses autres films : The Reincarnation of Golden Lotus (Pan Jinliang zhiqian shi jin sheng, 1989), Farewell China (Ai zai bie xiang de jijie, 1990), Lune d'automne (Qiu yue, 1992) et, dans un style théâtral épique et allégorique, très différent des films intimistes qui ont précédé, la Tentation d'un moine (You seng, 1993). Après la réalisation du sketche Wonton Soup dans le film Érotique (1994), elle signe, se basant sur sa propre expérience, Floating Life (1996), portrait d'une famille chinoise vivant en Australie. C'est encore dans ce pays, où elle habite désormais, qu'elle tourne The Goddess of 1967 (2000).

LAW (John Phillip)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1937).

Sa première apparition à l'écran date de 1950 : The Magnificent Yankee (J. Sturges). Elle ne semble pas le convaincre, puisqu'il n'acceptera un deuxième film (Smog, F. Rossi) qu'en 1961 en Italie. À l'université, il s'était surtout intéressé au théâtre. Il s'y consacre pendant près de dix ans, non sans avoir attiré l'attention d'Elia Kazan. C'est pourtant en Italie encore, en 1964, qu'il se fait remarquer pour la première fois en vedette (un des épisodes de Haute Infidélité, de Franco Rossi). Comencini l'utilise dans son sketch de Tre notti d'amore (1964), et c'est Norman Jewison qui lui offre son premier film américain : Les Russes arrivent, en 1966. Mais il jouera surtout en Europe. Dans sa filmographie, particulièrement inégale, on relève Que vienne la nuit d'Otto Preminger (1967), Barbarella de Roger Vadim (1968), le Maître des îles de Tom Gries (1970), le Baron rouge de Roger Corman (1971), Docteur Justice de Christian-Jaque (1975), Johann Strauss de K. Anton (1987).

LAWFORD (Peter)

acteur britannique (Londres 1923 - Los Angeles, Ca. 1984).

Surtout connu pour de fréquentes apparitions à la TV, cet ancien enfant-acteur s'est fixé à Hollywood en 1938. Après des rôles de second plan dans Madame Miniver (W. Wyler, 1943), le Fantôme de Canterville (J. Dassin, 1944) ou le Portrait de Dorian Gray (A. Lewin, 1945), il est mieux utilisé dans des comédies comme Parade du printemps (Ch. Walters, 1948), Mariage royal (S. Donen, 1951), Une femme qui s'affiche (G. Cukor, 1954). Otto Preminger lui confie le rôle du major Cadwell dans Exodus (1960) et celui du sénateur Lafe Smith dans Tempête à Washington (1962). Dans le Jour le plus long (D. F. Zanuck, id.), il est lord Lovat, chef du commando britannique qui débarque sur la plage normande en costume civil.

LAWRENCE (Florence)

actrice américaine (Hamilton, Ontario, Canada, 1886 - Beverly Hills, Ca., 1938).

On peut légitimement penser que Florence Lawrence fut la première star de l'écran. Formée à la scène, puis engagée à la Vitagraph, elle accepte les propositions de Griffith, qui en fait la vedette de la Biograph, d'où son surnom de The Biograph Girl. Elle tourne notamment, sous la direction du cinéaste, la série des « Mr. Jones ». Plébiscitée par le public, qui voulait savoir qui était cette blonde aux douces rondeurs botticelliennes, elle fut l'une des premières actrices de cinéma dont les spectateurs connurent le nom, grâce à l'indiscrétion (volontaire) du producteur indépendant Carl Laemmle qui l'avait arrachée en 1910 à la Biograph pour faire d'elle la IMP Girl (du nom de sa nouvelle maison de production). Mais elle est supplantée (par les sœurs Gish, Blanche Sweet, Mary Pickford...) et cesse de tourner en 1924. Elle se suicidera huit ans plus tard.

LAWRENCE (Alexandra Dagmar Lawrence Klasen, dite Gertrude)

actrice britannique (Londres 1898 - New York, N. Y., 1952).

Il faut reconnaître que rien de ce qui fit de Gertrude Lawrence la star par excellence de la scène anglo-saxonne de l'entre-deux-guerres n'a passé à l'écran. The Battle of Paris (R. Florey, tourné à Hollywood, 1929) est difficile à voir. Rembrandt (A. Korda, 1936) nous la présente discrète et peu remarquable. Il n'y a que dans la Ménagerie de verre (I. Rapper, 1950) que l'on recueille quelques éclats de l'incandescence légendaire de cette enfant de la balle devenue star de deux continents et égérie de Noël Coward. Julie Andrews joua son rôle dans le justement titré Star (R. Wise, 1968).

LAWSON (John Howard)

scénariste américain (New York, N. Y., 1886 - Mexico, Mexique, 1977).

Dramaturge connu dans les années 20, il s'impose à Hollywood en collaborant au texte du documentaire antifranquiste de Paul Strand et Leo Hurwitz, Heart of Spain (1937). Scénariste « engagé » (Blocus, W. Dieterle, 1938 ; Five Came Back, J. Farrow, 1939 ; Convoi vers la Russie [Action in the North Atlantic], L. Bacon, 1943 ; Contre-Attaque [Counterattack], Z. Korda, 1945, etc.), il fut premier président de la Screen Writers Guild (1933). En 1948, il est l'un des « Dix d'Hollywood » poursuivis par la Commission des activités antiaméricaines, qui le condamne à un an de prison et à 10 000 dollars d'amende (1950). Il s'exilera au Mexique après son incarcération. Il est l'auteur de plusieurs livres sur son métier de scénariste et d'un ouvrage d'ensemble sur le cinéma (Film in the Battle of Ideas, 1953 [le Cinéma, art du XXe siècle, 1966]). Si les convictions politiques qui l'animent sont aussi sincères que respectables, la conception esthétique du cinéma qui s'y manifeste apparaît étriquée.