Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
F

FREEMAN (Morgan)

acteur américain (Memphis, Tenn., 1937).

Après un séjour prolongé dans l'armée, il a dépassé la trentaine quand il débute à Broadway. Bien qu'il ait eu sa première expérience cinématographique en 1971 et qu'il ait régulièrement tourné depuis, ce n'est qu'en 1985 qu'on le remarque : il est impressionnant d'autorité en caïd des ghettos noirs dans la Rue (J. Schatzberg). Depuis, Morgan Freeman est devenu l'un des acteurs noirs américains contemporains les plus respectés et admirés. Il joue des rôles d'une grande diversité sans souci de justifier la couleur de sa peau (Robin des bois, Robin Hood : Prince of Thieves, Kevin Reynolds, 1991; Impitoyable, C. Eastwood, 1992...). Dans une filmographie maintenant conséquente, faisons un sort tout particulier à ses rôles de policier qu'il réussit à ne jamais jouer de la même manière : Seven (D. Fincher, 1995), Suspicion (Under Suspicion, Stephen Hopkins, 2000, qu'il produit et où il reprend le rôle de Lino Ventura dans Garde à vue) et Nurse Betty (N. LaBute, id.).

FREGONESE (Hugo)

cinéaste américain d'origine argentine (Mendoza 1908 - Buenos Aires 1987).

Venu à New York en 1935, il devient conseiller technique à Hollywood pour les films « latino-américains » puis il rentre en Argentine pour y diriger en collaboration avec Lucas Demare Pampa barbare (Pampa bárbara, CO L. Demare, 1943). De retour à Hollywood en 1949, il réalise, avec une évidente personnalité artistique, le goût du détail insolite et le sens de la violence calculée, des films à petit budget pour Universal (l'Impasse maudite [One Way Street], 1950 ; Saddle Tramp, id. ; Quand les tambours s'arrêteront [Apache Drums], 1951 ; le Signe des renégats [Mark of the Renegade], id. ; Passage interdit [Untamed Frontier], 1952) puis pour d'autres firmes, notamment les Artistes associés (avec davantage de moyens). Si, dans Mes six forçats (My Six Convicts, 1952), il ne semble être que le simple exécutant du producteur Stanley Kramer, et si, dans Pages galantes de Boccace (Decameron Nights, US-GB, 1953), il semble devoir beaucoup à son chef opérateur Jack Cardiff, il apparaît dans les thrillers et les westerns qu'il dirige ensuite comme un habile artisan, capable de donner du mouvement et du rythme à des scénarios parfois schématiques : le Souffle sauvage (Blowing Wild, 1953), Man in the Attic (id.), The Raid (1954).

Malgré le succès de Mardi ça saignera (Black Tuesday, 1955), il ne rencontre que peu d'offres à Hollywood pour y poursuivre sa carrière et décide de travailler en Europe. Il tourne en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France des films sans grand relief jusqu'en 1965 (I girovaghi, IT, 1956 ; les Sept Tonnerres [Seven Thunders], GB, 1957 ; Harry Black et le Tigre [Harry Black and the Tiger], GB, 1958 ; Marco Polo, IT, film terminé par Piero Pierotti, 1962 ; les Cavaliers rouges / Old Shatterhand, ALL-FR-IT-YU, 1964) avant de tourner un remake de son premier film : Pampas sauvages (Pampa salvaje, ARG-ESP-US, 1966).

FREHEL (Marguerite Boulc'h, dite)

actrice et chanteuse française (Paris 1889 - id. 1951).

Robuste et l'œil aigu, elle reste essentiellement célèbre comme chanteuse de music-hall, à la fois réaliste et sentimentale, puissamment attachée à un répertoire populaire. Elle ne parut que rarement à l'écran mais eut la chance de graver ses personnages dans des films qui marquèrent peu ou prou la production française : Cœur de lilas (A. Litvak, 1932) ; le Roman d'un tricheur (S. Guitry, 1936) ; le Puritain (Jeff Musso, 1938) ; l'Entraîneuse (Albert Valentin, id.) ; la Maison du Maltais (P. Chenal, id.) ; l'Enfer des anges (Christian-Jaque, 1939) ; Un homme marche dans la ville (M. Pagliero, 1950). Son interprétation écrasée de nostalgie dans Pépé le Moko (J. Duvivier, 1937), où, s'écoutant chanter, elle fait surgir tout un passé, demeure une scène d'anthologie.

FRELENG (Isadore, dit Friz)

cinéaste américain d'animation (Kansas City, Mo., 1906 - Hollywood, Ca., 1995).

Ancien condisciple de Walt Disney, il travaille pour lui comme animateur quand ce dernier vient s'installer en Californie, puis à New York pour la Columbia sur la série Krazy Kat. En 1930, il retourne en Californie et entre comme metteur en scène à la division Warner Bros (après un court passage chez MGM). À la Warner, sous John Burton, il est avec Chuck Jones et Bob McKimpson l'un des trois mousquetaires de la maison, anime Bugs Bunny et le chat Sylvestre ; il crée tour à tour le canari Tweety Pie, le souriceau véloce mexicain Speedy Gonzalès, enfin la Panthère rose, un générique de film qui donne naissance à une série populaire du même nom, grâce au succès de laquelle il peut fonder la firme indépendante De Patie-Freleng. Il est titulaire de trois Oscars, pour Speedy Gonzales, Tweety Pie et Birds Anonymous.

FRENCH (Harold)

cinéaste britannique (Londres 1900 - id. 1997).

D'abord acteur de théâtre et de cinéma, il passe à la mise en scène en 1937 avec Cavalier of the Streets. La même année, il prend la tête de la British Film. Auteur de nombreux films peu marquants, il est plus à l'aise dans un cinéma statique, où domine le dialogue, que dans des films d'action. Il a donné le meilleur de lui-même dans des films à sketches adaptant des nouvelles de Somerset Maugham : Quartet (épisode : The Alien Code, 1948), Trio (un épisode, 1950), Encore (épisodes : The Ant and the Grasshopper et Gigolo and Gigolette, 1951). Parmi ses autres réalisations, on peut remarquer : Dead Men Are Dangerous (1939) ; The House of the Arrow (1940) ; Major Barbara (1941) ; Service Secret (Secret Mission, 1942) ; Quiet Week-end (1946) ; Adam et Evelyne (Adam and Evelyne, 1949) ; Au temps des valses (The Dancing Years, 1950) ; l'Homme qui regardait passer les trains (The Man Who Watched the Trains Go By, 1952) ; la Treizième Heure (The Hour of 13, id.) ; Échec au roi (Rob Roy, 1953) ; Forbidden Cargo (1954) ; l'Homme qui aimait les rousses (The Man Who Loved Redheads, 1955).

FREND (Charles)

cinéaste britannique (Pulborough 1909 - Londres 1977).

De 1931 à 1941, Frend travaille dans les salles de montage de la British International Pictures, de la Gaumont et de la MGM British. Il monte notamment Young and Innocent (1937) d'Hitchcock et Citadelle (The Citadel, 1938) de Vidor. En 1941, épaulé par Cavalcanti, il débute dans la réalisation aux studios d'Ealing (The Big Blockade ; Le contremaître vient en France [The Foreman Went to France]). Mais c'est avec le Navire en feu (San Demetrio, London, 1943, terminé par Robert Hamer), relation du sauvetage, par son équipage, d'un pétrolier torpillé dans l'Atlantique, qu'il affirme une sobre personnalité : son style réaliste s'apparente à celui des documentaristes et il excelle à enregistrer les réactions d'un groupe humain soumis à une épreuve décisive (ici la guerre). Réalisé deux ans plus tard, Johnny Frenchman, qui exalte la solidarité des pêcheurs de Bretagne et de Cornouailles, est d'une veine comparable. Après The Loves of Joanna Godden (1947), qui traduit un désir de renouvellement et vaut surtout par l'interprétation sensible de l'actrice Googie Withers, l'Aventure sans retour (Scott of the Antarctic, 1948), reconstitution minutieuse de l'odyssée du célèbre explorateur et de ses compagnons, ne peut faire oublier, malgré de très belles couleurs, les documents rapportés en leur temps par H. G. Ponting et marque les limites des reconstitutions dans le style documentaire telles qu'on les conçoit aux studios d'Ealing. C. Frend s'essaye ensuite à la comédie avec De la coupe aux lèvres (A Run for Your Money, 1949) et surtout l'Aimant (The Magnet, id.), œuvre mineure mais pleine de charme. Puis il réalise, sur des scénarios d'E. Ambler, ses films les plus accomplis : la Mer cruelle (The Cruel Sea, 1953), qui évoque, de façon parfois saisissante, la vie à bord des escorteurs de convois pendant la guerre, et Lease of Life (1954), portrait réussi d'un pasteur de province, qui frappe par son anticonformisme insolite. Après son départ des studios d'Ealing, consécutif à leur vente en 1956, C. Frend ne parvient pas à trouver un nouveau souffle.