Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

POINT.

Mettre au point, faire le point, régler l'objectif de façon à obtenir une image nette.

POINTEUR.

Assistant opérateur chargé de la mise au point.

POIRÉ (Alain)

producteur français (Paris 1917 - Neuilly-sur-Seine 2000).

Licencié en droit, il débute chez Gaumont en 1938 et rejoint la Gaumont l'année suivante. En 1942, il commence à produire au sein de cette société plus de cent soixante films, qui forment un véritable panorama du cinéma français pendant une cinquantaine d'années. On peut citer Le journal tombe à cinq heures (G. Lacombe, 1942), les Casse-pieds (J. Dréville, 1948), Caroline chérie (R. Pottier, 1951), la Poison (S. Guitry, id.), les Aristocrates (D. de La Patellière, 1955), Marguerite de la nuit (C. Autant-Lara, 1956), Un condamné à mort s'est échappé (R. Bresson, id.), les Aventures d'Arsène Lupin (J. Becker, 1957), la Jument verte (Autant-Lara, 1959), Un taxi pour Tobrouk (La Patellière, 1961), le Glaive et la Balance (A. Cayatte, 1963), Cent Mille Dollars au soleil (H. Verneuil, 1964), Fantômas (A. Hunebelle, id.), les Risques du métier (Cayatte, 1967), le Cerveau (G. Oury, 1969), le Distrait (P. Richard, 1970), les Mariés de l'an II (J.-P. Rappeneau, 1971), le Grand Blond avec une chaussure noire (Y. Robert, 1972), le Silencieux (C. Pinoteau, 1973), la Gifle (id., 1974), Un éléphant ça trompe énormément (Y. Robert, 1976), Coup de tête (J.-J. Annaud, 1979), la Boum (Pinoteau, 1980), la Chèvre (F. Veber, 1981), l'Amour en douce (É. Molinaro, 1985), la Vie dissolue de Gérard Floque (G. Lautner, 1987), la Gloire de mon père et le Château de ma mère (Y. Robert, 1990), le Dîner de cons (F. Veber, 1997).

POIRÉ (Jean-Marie)

cinéaste français (Paris 1945).

Fils du producteur Alain Poiré, responsable chez Gaumont d'une impressionnante série de succès populaires, Jean-Marie Poiré est devenu, après un essai de policier parodique (Retour en force, 1979), le spécialiste de l'adaptation de pièces et de textes fournis par l'équipe dite « du Splendid », en particulier Balasko, Jugnot, Lhermitte et Clavier : Les hommes préfèrent les grosses (1981), Le père Noël est une ordure (1982), Papy fait de la résistance (1983). En tant que scénariste-réalisateur, il s'est essayé à la comédie psychologique (les Petits Câlins, son premier film, 1977, et Mes meilleurs copains, 1988), mais son itinéraire est marqué principalement par un humour modérément raffiné (Twist Again Moscou, 1986 ; Opération Corned-beef, 1990) ; les Visiteurs (1993), un des plus grands succès enregistrés en France, sera suivi des Visiteurs 2 (1998), puis d'un remake du n°1 concocté pour le marché américain (signé « Jean-Marie Goubert »), mais qui se révèlera un grave échec commercial.

POIRET (Jean Poiré, dit Jean)

acteur et auteur français (Paris 1926 - id. 1992).

Avec son complice Michel Serrault, il met au point un brillant numéro de cabaret, ce qui vaut aux deux comiques de débuter à l'écran sous les auspices de Michel Boisrond : Cette sacrée gamine (1956), mais c'est Sacha Guitry qui révèle l'étendue de leurs dons avec Assassins et Voleurs (1957). Un sourire ironique aux lèvres, une lueur amusée dans l'œil, Poiret joue les sceptiques, les désinvoltes, les nonchalants aimables avec une distanciation de pince-sans-rire. Il donne du tonus à des films légers, ne néglige pas les productions de Jean-Pierre Mocky (les Vierges, 1962 ; Un drôle de paroissien, 1963 ; la Grande Frousse, 1964 ; la Bourse et la Vie, 1965 ; la Grande Lessive, 1968), conquiert les scènes du Boulevard avec des pièces comme la Cage aux folles ou Joyeuses Pâques qui deviendront des films à succès, et reparaît toujours fringant, dans un des principaux rôles du Dernier Métro (F. Truffaut, 1980) : celui de l'écrivain collaborateur. Il est dès lors très sollicité : la Septième Cible (C. Pinoteau, 1984) ; Poulet au vinaigre (C. Chabrol, 1985) ; Liberté, Égalité, Choucroute (J. Yanne, id.), Je hais les acteurs (Gérard Krawczyk, 1986). Il est l'inspecteur de police expéditif et peu conformiste de Poulet au vinaigre et Inspecteur Lavardin (C. Chabrol, 1985 et 1986), avant de retrouver Mocky dans le Miraculé (1987) et les Saisons du plaisir (1988) et de tourner dans Lacenaire (1990) de Francis Girod. Il réalise en 1992 son unique film : le Zèbre.

POIRIER (Léon)

cinéaste français (Paris 1884 - Urval 1968).

Neveu du peintre Berthe Morisot, il fut d'abord administrateur de théâtre. Il entre à la Gaumont en 1913 (il sera promu directeur artistique de la firme en 1919, en remplacement de Louis Feuillade). Ses premiers travaux (L'amour passe, 1914 ; le Nid, id. ; le Penseur, 1919) témoignent de velléités d'esthétisme, qui s'affirmeront — et se figeront — par la suite, devenant une recette plutôt qu'un style. Il puise ses sujets dans la littérature « noble », celle de Balzac (Narayana, 1920, d'après la Peau de chagrin) ou de Lamartine (Jocelyn, 1922), et se livre à des recherches plastiques parfois estimables. À propos d'un de ses films, Âmes d'Orient (1919), Léon Moussinac parle d'« aquarelles de goût exotique, très imparfaites mais pénétrantes ». La Brière (1925, d'après Alphonse de Châteaubriant) prétend rivaliser avec les maîtres de l'école suédoise. Poirier se tourne ensuite vers le documentaire, parsemé d'éléments romanesques ou didactiques : la Croisière noire (1926, sur l'équipée Citroën à travers le continent africain, film qui sept ans plus tard se verra complété par la Croisière jaune), Amours exotiques (1927), Caïn (1930, tourné à Madagascar) et le célèbre Verdun, visions d'histoire (1928, dont il fera une version sonorisée en 1931). Ce cinéma quelque peu conventionnel et académique sera aussi celui de l'Appel du silence (1936, la vie édifiante du Père de Foucauld), Sœurs d'armes (1937) et Brazza (1940, l'« épopée » du Congo). Sous l'Occupation, Poirier paie son tribut au pétainisme avec un mélodrame sans grâce, Jeannou (1943). Son dernier film, la Route inconnue (1949), est une curiosité anachronique. Ce cinéaste longtemps surestimé, qui dirigea un temps le Ciné-Club de France, a également publié quelques vies de saints (Charles de Foucauld, François d'Assise) et un livre de souvenirs, Vingt-Quatre Images à la seconde. Roger Régent voit en lui « le Charles Péguy du cinéma ». C'est vraiment beaucoup dire.