Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROBERTS (Theodore)

acteur américain (San Francisco, Ca., 1861 - Los Angeles, id., 1928).

Acteur de théâtre, il apparaît à l'écran dès 1910 et devient l'un des interprètes favoris de Cecil B. De Mille. Il joue les patriarches, les rois, les buisnessmans, les pères dominateurs avec un sérieux et une aisance qui le rendent très populaire. Parmi ses nombreux films, citons : l'Appel du Nord (C. B. De Mille, 1914), Jeanne d'Arc (id., 1916), M'liss (M. Neilan, 1918), Après la pluie, le beau temps (C. B. De Mille, 1919), l'Admirable Crichton (id., id.), Excuse My Dust (S. Wood, 1920), le Cœur nous trompe (C. B. De Mille, 1921), le Fruit défendu (id., id.), Grumpy (W. De Mille, 1923), les Dix Commandements (C. B. De Mille, id., rôle de Moïse), The Cat's Pajamas (W. Wellman, 1926).

ROBERTSON (Clifford Parker Robertson, dit Cliff)

acteur américain (La Jolla, Ca., 1925).

Ancien marin, il débute au théâtre, puis à l'écran dans Picnic (J. Logan, 1955) et prouve bientôt un grand professionnalisme (les Nus et les Morts, R. Walsh, 1958 ; les Bas-Fonds new-yorkais, S. Fuller, 1961). Choisi personnellement par J. F. Kennedy pour « l'interpréter » dans un film « autobiographique », Patrouilleur 109 (H. L. Martinson, 1963), cet estimable comédien est à son aise dans tous les registres, mais a paru cantonné dans les films d'action. D'où la surprise de Charly (R. Nelson, 1968), où il rend émouvant un attardé mental, et qui lui vaut un Oscar. Il a été aussi un remarquable Mosca dans la variation sur le thème de Volpone qui sert de trame au film de Mankiewicz, Guêpier pour trois abeilles (1967). Rappelons encore Une fille qui promet (M. Leisen, 1957) ; Que le meilleur l'emporte (F. Schaffner, 1964) ; Trop tard pour les héros (R. Aldrich, 1970) ; les Trois Jours du condor (S. Pollack, 1975) ; Obsession (B. De Palma, 1976) ; Star 80 (B. Fosse, 1983) ; Malone (Harley Cokliss, 1987). En 1972, Cliff Robertson a fait de brillants débuts de scénariste et de réalisateur avec J. W. Coop et a récidivé, en 1979, avec The Pilot, deux films dont il est le principal interprète.

ROBERTSON (John Stuart)

cinéaste américain d'origine canadienne (London, Ontario, Canada, 1878 - Escondido, Ca., 1964).

Ce réalisateur prestigieux de l'Hollywood muet est maintenant bien oublié. Aucun de ses films parlants ne semble réellement intéressant. Sa créativité se serait éteinte avec le Droit d'aimer (The Single Standard, 1929), beau mélodrame bourgeois où règne Greta Garbo. C'est là le couronnement d'une carrière dédiée à l'acteur : il a dirigé avec adresse John Barrymore (Dr Jekyll et Mr. Hyde [id.], 1920) ; Mary Pickford (Tess au pays des tempêtes [Tess of the Storm Country], 1922) ou Richard Barthelmess (le Châle aux fleurs de sang [The Bright Shawl], 1923). Il se retire en 1935 avec près de 50 titres.

ROBESON (Paul)

chanteur et acteur américain (Princeton, N. J., 1898 - Philadelphie, Pa., 1976).

Après des études universitaires, il renonce à l'exercice du droit pour se consacrer à la scène et au chant, et débute en 1925 au cinéma dans Body and Soul (O. Micheaux). On le voit en 1929 dans un film expérimental de Kenneth MacPherson : Borderline. Il reprend en 1933 à l'écran le rôle de Brutus Jones dans The Emperor Jones (Dudley Murphy) d'Eugene O'Neill, qu'il avait créé à la scène, et chante son grand succès Ol' Man River dans Show Boat (J. Whale, 1936) ; ce dernier film reste également sa meilleure prestation à l'écran. En Grande-Bretagne, ce sont Bozambo (Z. Korda, 1935), Song of Freedom (J. E. Wills, 1936), Big Fella (id., 1937), les Mines du roi Salomon (R. Stevenson, id.), Jericho/Dark Sands (Thornton Freeland, id.) et The Proud Valley (Pen Tennyson, 1940). On le voit encore dans Six Destins (J. Duvivier, 1942), mais ses sympathies pour l'Union soviétique, son engagement politique et sa volonté de militer pour la cause noire l'écartent des studios, en même temps qu'ils font de lui un symbole international du militantisme progressiste et de la promotion des Noirs américains.

ROBIN (Dany)

actrice française (Clamart 1927 - Paris 1995).

Danseuse à l'Opéra de Paris et chez Roland Petit, son visage clair, ses yeux tendres, sa voix enfantine ont fait d'elle l'ingénue type à partir des Portes de la nuit (M. Carné, 1946), où elle est touchante, et du Silence est d'or (R. Clair, 1947), où elle est piquante. Ses rôles grandissent dès l'Éventail (Emile-Edwin Reinert, 1947) et Les amoureux sont seuls au monde (H. Decoin, 1948), mais la confinent le plus souvent dans un répertoire anodin. Quelques titres tranchent : Deux Sous de violettes (J. Anouilh, 1951), la Fête à Henriette (J. Duvivier, 1952), Frou-Frou (A. Genina, 1955), C'est arrivé à Aden (M. Boisrond, 1956), l'Étau (A. Hitchcock, 1969). Elle fut un temps l'épouse de Georges Marchal.

ROBINNE (Gabrielle)

actrice française (Montluçon 1886 - Paris 1980).

Sa réputation de très jolie femme et son renom d'actrice de la Comédie-Française lui valent de tenir un rôle important en 1908 dans l'Assassinat du duc de Guise (A. Calmettes-Le Bargy), puis de tourner jusqu'en 1920 d'innombrables films de Leprince ou de Monca, où elle partage la vedette avec René Alexandre, son mari, et Gabriel Signoret. Après une longue éclipse, elle reparaît grâce à L'Herbier (la Tragédie impériale, 1938 ; Adrienne Lecouvreur, id.), Pabst (Jeunes Filles en détresse, 1939), Robert Vernay (le Capitan, 1946), dans des rôles situés au niveau de la figuration intelligente.

ROBINSON (Emanuel Goldenberg, dit Ed ward G.)

acteur américain (Bucarest, Roumanie, 1893 - Los Angeles, Ca., 1973).

Ayant débuté au théâtre en 1913, Edward G. Robinson a vite acquis une excellente réputation d'acteur et d'écrivain, grâce à sa pièce The Kibitzer, qu'il conçut avec Jo Swerling. Il fait quelques essais cinématographiques au muet, mais c'est au parlant qu'il s'affirme. Après plusieurs films dans les années 20, il trouve la consécration en 1931 avec le Petit César (M. LeRoy). Ce ne fut certainement pas la première « laideur » de l'histoire d'Hollywood. Avant lui, Lon Chaney et Louis Wolheim et, en même temps que lui, Wallace Beery s'étaient imposés par la fascination/répulsion qu'ils exerçaient sur le spectateur. Mais on ne trouve chez lui ni la recherche plastique chère à Lon Chaney ni la chaleur tendre qui émanait de la trogne de Wallace Beery. Robinson impose sa laideur avec force, presque agressivité, sans apprêts ni alibis. Sa création du Petit César, qu'il a peaufinée au fil des années, est celle d'un être fruste, brutal et stupide, sans qu'aucun trait ne vienne adoucir le personnage. Surgi au milieu des visages lisses et délicats hérités du muet, il fut peut-être le premier acteur engendré par le krach de Wall Street et le visage le plus fort et le plus nu de la grande dépression. Il offrait, sinon à l'admiration, du moins au goût du public un personnage trouble, à la fois haïssable et proche de lui. Si datée que paraisse maintenant sa création du caïd Rico Bandello dans le film de LeRoy, elle garde une importance sociologique qu'on ne saurait sous-estimer.