Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FONDA (Jane)

actrice américaine (New York, N. Y., 1937).

Comme son père, Jane a connu deux phases distinctes dans sa carrière. En un premier temps, elle a été l'adorable poupée blonde qui essayait de faire oublier qu'elle était la fille de Henry. Femme-objet boudeuse et provocante, peut-être parce que Henry Fonda n'a jamais été ni homme-objet, ni boudeur, ni provocant. Son charme poivré a pimenté quelques bluettes américaines sucrées comme la Tête à l'envers (1960) ou Dimanche à New York (1964), avant de devenir la raison d'être de bluettes françaises, tout aussi inconséquentes, mais nettement plus relevées, comme la Ronde (id.) ou la Curée (1966). çà et là, un écart révélait une actrice cérébrale et précise, à l'érotisme subtil : la jeune prostituée de la Rue chaude (1962) ou la bourgeoise frigide des Liaisons coupables (id.). Son mariage et sa collaboration avec Roger Vadim sont, en même temps, l'apogée de sa première période (une période qui va s'éteindre avec Histoires extraordinaires et Barbarella en 1968) et le moment de la prise de conscience. Il est révélateur que, dans ses sporadiques incursions hollywoodiennes, Jane Fonda, toute en nerfs, y paraisse une remarquable poupée sudiste que la tragédie transforme en fugitive pantelante (la Poursuite impitoyable, A. Penn, 1966).

Jane Fonda entame alors la seconde partie de sa carrière, sur des coups d'éclat successifs : ses prises de position intègres sur la guerre du Viêt-nam et sur la cause des femmes. Mais aussi grâce à des films et à des cinéastes choisis avec un flair infaillible. On achève bien les chevaux (S. Pollack, 1969) la métamorphose en une mémorable starlette aigrie et suicidaire. Recherchant la difficulté, elle devient la prostituée solitaire et apeurée de Klute (A. Pakula, 1971). Cette création, l'une de ses meilleures, lui ouvre une voie royale. Stimulée par ses rôles, Jane Fonda trouve son épanouissement d'actrice et de femme. Fidèle à ses idées, la militante se fait sereine et resplendissante, mais reste vraie. Klute est exemplaire de son art : un instant fantomatique femme fatale pailletée et emplumée, elle est, le plan suivant, une paumée aux yeux cernés et au nez qui coule. À partir de là, rien ne l'effraie. Elle joue, avec la même intelligence aiguë, Ibsen (Maison de poupée, J. Losey, 1973) ou Neil Simon (California Hôtel, H. Ross, 1978). Parfois productrice, elle s'implique dans ses films et les marque de sa personnalité et de ses préoccupations : les blessures du Viêt-nam (Retour, H. Ashby, 1978), le fascisme (Julia, F. Zinnemann, 1977) ou la menace nucléaire (le Syndrome chinois, J. Bridges, 1979). Quadragénaire éclatante, elle est aussi la superbe star d'Une femme d'affaires (1981). Enfin en paix avec elle-même, elle joue en harmonie avec Henry dans l'émouvante Maison du lac (M. Rydell, id.), qu'elle produit comme un cadeau. Là, dans un rôle épisodique, désormais brune, elle nous montre de manière criante qu'elle a hérité le visage-miroir de son père.

Films  :

la Tête à l'envers (Tall Story, J. Logan, 1960) ; la Rue chaude (E. Dmytryk, 1962) ; les Liaisons coupables (G. Cukor, id.) ; l'École des jeunes mariés (G. Roy Hill, id.) ; In the Cool of the Day (Robert Stevens, 1963) ; les Félins (R. Clément, 1964, FR) ; Un dimanche à New York (P. Tewksbury, id.) ; la Ronde (R. Vadim, id., FR/ITAL) ; Cat Ballou (E. Silverstein, 1965) ; la Poursuite impitoyable (A. Penn, 1966) ; la Curée (R. Vadim, id., FR/ITAL) ; Chaque mercredi (R. Ellis Miller, id.) ; Que vienne la nuit (O. Preminger, 1967) ; Pieds nus dans le parc (G. Saks, id.) ; Barbarella (Vadim, 1968, FR/ITAL) ; Histoires extraordinaires (épisode : Metzengerstein, id., FR/ITAL) ; On achève bien les chevaux (S. Pollack, 1969) ; Klute (A. Pakula, 1971) ; Tout va bien (J.-L. Godard, 1972, FR) ; F. T. A. /Free the Army (collectif, id.) ; Steelyard Blues (Alan Myerson, 1973) ; Maison de poupée (J. Losey, id., GB) ; Introduction to the Enemy [DOC] (collectif, 1974) ; l'Oiseau bleu (G. Cukor, 1976, URSS/US) ; Touche pas à mon gazon (T. Kotcheff, 1977) ; Julia (F. Zinnemann, id.) ; Retour (H. Ashby, 1978) ; le Souffle de la tempête (Pakula, id.) ; California Hôtel (H. Ross, id.) ; le Syndrome chinois (J. Bridges, 1979) ; le Cavalier électrique (Pollack, id.) ; Comment se débarrasser de son patron (Nine to Five, Colin Higgins, 1980) ; la Maison du lac (M. Rydell, 1981) ; Une femme d'affaires (Pakula, id.) ; Agnes de Dieu (N. Jewison, 1985) ; le Lendemain du crime (S. Lumet, 1986) ; Old Gringo (id., Luis Puenzo, 1989) ; Stanley et Iris (M. Ritt, 1990).

FONDA (Peter)

acteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1939).

Fils d'Henry Fonda, frère de Jane Fonda, il acquiert une formation d'acteur de théâtre, puis passe à l'écran pour y interpréter la jeunesse des années 60 lâchée, à la suite de Jack Kerouac, « sur la route », entre la révolte (Lilith, Rossen, 1964) et la mouvance hippie. Dans la foulée des motos des Anges sauvages (R. Corman, 1966), il interprète un film qu'il écrit et produit en marge des studios, et dont le succès incroyable renouvellerait le mythe de James Dean si Fonda en avait le charisme : Easy Rider, de Dennis Hopper (1969). La suite de sa carrière se dilue dans le tout-venant, et les westerns qu'il dirige — l'Homme sans frontières (The Hired Man), 1971 ; Idaho Transfer, 1975 ; Wanda Nevada, 1979 —, esthétisants et complaisants, ne sauvent pas une aura déjà fatiguée. Cependant, on remarquera sa prestation dans un curieux film allemand des années 80, Peppermint Frieden (Marian Rosenbaum, 1984), dans le Jardin des roses de F. Rademackers (1990) et surtout dans Ulee's Gold (Victor Numez, 1997) et dans l'Anglais (S. Soderbergh, 1999).

FONDATO (Marcello)

cinéaste et scénariste italien (Rome 1924).

Il débute en collaborant au scénario de Moglie e buoi... (Leonardo De Mitri, 1956) et écrit ensuite plusieurs films pour Luigi Comencini, dont Mogli pericolose (1958), la Grande Pagaille (1960), la Ragazza (1963) et deux films d'horreur pour Mario Bava : les Trois Visages de la peur (I tre volti della paura, id.), Six Femmes pour l'assassin (1964). Après quelques scénarios pour des comédies, il dirige en 1968 son premier film, I protagonisti, un drame sur le banditisme en Sardaigne. Il se spécialise ensuite dans la comédie loufoque : Certo, certissimo... anzi probabile (1969) ; Nini Tirebouchon (Ninì Tirabusciò, la donna che inventò la mossa, 1970) ; Causa di divorzio (1972) ; Histoire d'aimer (A mezzanotte va la ronda del piacere, 1975). Avec ce même savoir-faire, il a dirigé Bud Spencer dans deux de ses films de routine à succès garanti, Attention, on va se fâcher (Altrimenti ci arrabbiamo, 1974) et Charleston (1977) ; il a d'ailleurs écrit d'autres scénarios pour le même acteur.