Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LOMBARDO (Goffredo)

producteur italien (Naples 1920).

Son père Gustavo Lombardo (1885-1951) était un des pionniers de l'industrie cinématographique italienne ; il avait notamment fondé en 1928 la Titanus. Sa mère était la célèbre actrice du muet Leda Gys. Il commence très jeune à s'occuper de la firme paternelle et, dans l'après-guerre, dirige et développe toutes les branches de la Titanus, de la production à la distribution, au doublage, à la gestion des salles, en en faisant une des plus puissantes sociétés italiennes de cinéma. Les centaines de films produits par la Titanus permettent de suivre l'évolution du cinéma italien, celui des auteurs majeurs et celui des genres populaires – qu'il a souvent créés lui-même. Le premier film au lendemain de la guerre est Giorni di gloria (1945), dossier documentaire sur la Résistance conçu par un collectif de cinéastes de gauche, dont Luchino Visconti. C'est ce même réalisateur qui obtiendra de Lombardo les moyens de tourner le remarquable Rocco et ses frères (1960), et qui dirigera le film le plus coûteux et le plus ambitieux de la Titanus, le Guépard (1963) – sommet lombardien et apogée de la période du boom économique du cinéma italien. Le nom de Lombardo est aussi étroitement lié à l'extraordinaire succès de Pain, Amour et Fantaisie (1953) et de sa suite (dus à Comencini) et à la comédie italienne, dont le renouvellement est assuré au début des années 60 avec le lancement de jeunes cinéastes comme Petri, Zurlini, Gregoretti ou Loy. Dans les années 70, la Titanus renonce pratiquement à la production directe, à cause de la crise économique, mais continue à dominer le marché de la distribution, en important des films ambitieux (I. Bergman, F. F. Coppola), mais en exploitant aussi certains filons commerciaux (tels les reportages voyeuristes qui trouvent naturellement leur public). Dans les années 80, il revient à la production avec notamment le premier film de Giuseppe Tornatore Il camorista (1985) et d'autres œuvres ambitieuses.

LOMMEL (Ulli)

acteur et cinéaste allemand (Zielenzig, Pologne, 1944).

Fils d'un acteur, il fait du théâtre et rejoint en 1968 le groupe de Fassbinder. On le voit dans une dizaine de films de ce dernier, dont L'amour est plus froid que la mort (1969), Effi Briest (1974) et Roulette chinoise (1976). Il réalise son premier long métrage en 1972 : la Tendresse des loups (Zartlichkeit der Wölfe), produit par Fassbinder. Ce film est suivi de quatre autres titres, dont Adolf et Marlene (Adolf und Marlene, 1976). Il s'établit en 1977 aux États-Unis, où il met en scène quelques films expérimentaux et des œuvres diverses, allant du fantastique au régionalisme écologique : Spectre (Boogey Man, 1980), Brainwaves (1983), Devonsville Terror (1984). Il ne revient qu'exceptionnellement en Europe (on le voit dans Hors saison de Daniel Schmid en 1993). Il réalise en 1994 un montage des films privés de la maîtresse de Hitler (Eva Braun's Home Movies).

LOMNICKI (Jan)

cinéaste polonais (Podhajce 1929).

Après des études de sociologie et de cinéma à la PWST de Łódź, Lomnicki s'affirme dans le court métrage documentaire : Ab urbe condita (1965) ; Rencontre à Varsovie (id.), etc. Son premier film important est la Contribution (Kontrybucja, 1967), qui sera suivi en 1972 de Dérapage (Poślizg), sur un scénario de Jerzy Skolimowski : une traque furieuse et dérisoire en automobile. Sauver la ville (Ocalić miasto, 1976) est une chronique plus traditionnelle de la libération de Cracovie en 1944, qui confirme cependant les dons de ce brillant représentant de la « troisième génération » du cinéma polonais. Très actif à la télévision au cours des années 80, il réalise ensuite notamment pour le grand écran : la Grande Trahison (Wielka Wsypa, 1992) et le Rat (Szczur, 1994). Il est le frère cadet de l'acteur Tadeusz Lomnicki (Podhajce, 1927), qui interprète la plupart de ses films et s'est fait remarquer notamment dans les Innocents Charmeurs (A. Wajda, 1960), la Barrière (J. Skolimowski, 1966), Messire Wolodyjowski (J. Hoffman, 1969), l'Homme de marbre (Wajda, 1977), le Hasard (K. Kieśłowski, 1982).

LONDE (Albert)

scientifique français et précurseur du cinéma (1858-1917).

Il est surtout connu pour ses appareils de prise de vues chronophotographiques, qu'il utilisa à des fins médicales à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. ( INVENTION DU CINÉMA.)

LONG SHOT.

Locution anglaise pour plan général.

LONSDALE (Michel ou Michaël)

acteur français (Paris 1931).

Né de mère française et de père anglais, il passe son enfance à Londres puis au Maroc, s'établit à Paris en 1947 et suit, de 1952 à 1955, les cours de Tania Balachova. Il débute au théâtre avec Pour le meilleur et pour le pire, de Clifford Odets, dans une mise en scène de Raymond Rouleau (1955). C'est Michel Boisrond qui lui offre, avec C'est arrivé à Aden (1956), son baptême cinématographique. Depuis cette date, il mène de front cette double activité. Sur plus de 80 films que compte sa carrière, bien peu sont des rôles de premier plan : on estime certainement l'acteur trop difficilement assimilable aux canons commerciaux. On le voit dans le Procès (O. Welles, 1962), La mariée était en noir (F. Truffaut, 1968), le Souffle au cœur (L. Malle, 1971), Stavisky (A. Resnais, 1974), le Fantôme de la liberté (L. Buñuel, id.), Galileo (J. Losey, id.), Section spéciale (Costa-Gavras, 1975), M. Klein (Losey, 1976), la Femme gauchère (Die linkshändige Frau, Peter Handke, 1978). Il tourne aussi quelques films plus commerciaux : Hibernatus (E. Molinaro, 1969) ; les Assassins de l'ordre (M. Carné, 1971) ; Moonraker (L. Gilbert, 1979)... Mais c'est en tant qu'interprète de Marcel Hanoun (l'Hiver, 1969 ; le Printemps, 1970 ; l'Automne, 1973 ; la Vérité sur l'imaginaire passion d'un inconnu, 1974), de Marguerite Duras (Détruire, dit-elle, 1969 ; Jaune le soleil, 1972 ; India Song, 1975) et de Jacques Rivette (Out One : spectre, 1974) qu'il marque le plus le cinéma contemporain. Michel Lonsdale ne craint jamais de s'engager dans des œuvres difficiles : Une sale histoire (J. Eustache, 1977) ; les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Catherine Binet, 1982) ; Douce Enquête sur la violence (Gérard Guérin, id.). On le voit aussi dans le premier film de Philippe Lefèvre, le Juge (1984), l'Éveillé du pont de l'Alma (R. Ruiz, 1985), Billy ze Kick (Gérard Mordillat, id.). Il est l'abbé du Nom de la rose (J.-J. Annaud, 1986) et le grand initiateur des Tribulations de Balthasar Kober (W. Has, 1989). En 1983, Lonsdale met en scène un moyen métrage, la Voix humaine, d'après Jean Cocteau, puis joue dans deux films de James Ivory (les Vestiges du jour, 1993, et Jefferson à Paris, 1995).