Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KEYSTONE (Keystone Film Company),

société de production américaine fondée en 1912 par Adam Kessel et Charles O. Bauman et placée sous la direction artistique de Mack Sennett. Dans ses studios californiens d'Edendale (auj. Glendale), cette compagnie se spécialise dans la comédie slapstick, avec des acteurs comme Mabel Normand, Fred Nace, Ford Sterling, Fatty, Minta Durfee, Chester Conklin, Hank Mann, Charlie Chase, Edgar Kennedy, sans oublier les Keystone Cops et les Bathing Beauties. Charlie Chaplin les rejoint en 1914. Dépendant de la Triangle, la Keystone changera bientôt de dirigeants et en 1917, Mack Sennett, bien que perdant le droit à l'appellation, conserve les studios jusqu'en 1928, date à laquelle il déménage à Studio City, et en maintient l'esprit dans les Mack Sennett Comedies.

KÉZDI-KOVÁCS (Zsolt)

cinéaste hongrois (Nagybecskerek 1936).

Il travaille dans une fabrique de téléphones puis s'inscrit à l'École supérieure d'art dramatique et cinématographique, où il obtient en 1961 son diplôme de réalisateur. Il est l'un des membres fondateurs du studio Béla Balázs et signe plusieurs courts métrages remarqués : En congé (Szabadságon, 1961) ; Automne (Ősz., id.) ; les Halles (Vásárcsarnok, 1962, DOC) ; Histoire de ma lâcheté (Egy gyávaság története, 1966) ; J'aimerais un bonnet de papier (Szeretnék csákót csinálni, 1968), tout en étant le fidèle assistant de Jancsó pour la plupart des œuvres essentielles de ce dernier. Il débute dans le long métrage avec Zone tempérée (Mérsékelt égöv, 1970), suivi de Romantika (1972) et de l'Arroseuse orange (A locsolókocsi, 1974). Le premier film qui lui donne une audience internationale est Quand Joseph revient (Ha megjön József, 1975), récit psychologiquement très affiné des relations orageuses existant entre une jeune ouvrière délaissée par son mari et sa belle-mère, dont elle est contrainte de partager l'appartement. Il confirme brillamment la place qu'il a prise parmi les cinéastes les plus talentueux des années 70 et 80 avec Cher Voisin (A kedves szomszéd, 1979), le Droit à l'espoir (A remény joga, 1982), les Récidivistes (Visszaesők, 1983), qui aborde le problème de l'inceste, l'Absent (A rejtőzködő, 1986), les Cris (Kiáltás és kialtás, 1988), Et pourtant... (És mégis, 1991), Lettre de Transylvanie (Levél Erdélyből, DOC, TV, 1994).

KHAMRAEV (Ali) [Ali Hamraev]

cinéaste soviétique (Tachkent, Ouzbékistan, 1937).

Il termine ses études au VGIK de Moscou en 1961 et signe la même année son premier long métrage : ‘ Petites Histoires des enfants qui... ’(Malen'kie istorii o detjah, kotorye, CO : M. Makhmoudov), suivi notamment par ‘ Où es-tu ma Zulfiya ? ’ (Gde ty, moja Zul'fija ?, 1964), ‘ les Cigognes blanches, blanches ’ (Belye, belye aisty, 1966), ‘ les Sables rouges ’ (Krasnye peski, CO : Akmal Akbarkhodjaev, 1968), ‘ Dilorom ’ (id.). Mais c'est au cours des années 70 qu'il s'impose comme l'un des leaders du cinéma ouzbek avec ‘ le Commissaire extraordinaire ’ (Črezvyčajnyj komissar, 1970), ‘ Sans peur ’ (Bez straha, 1971), la Septième Balle (Sed'maja pulja, 1972), ‘ l'Admirateur ’ (Poklonnik, 1973), ‘ L'homme poursuit les oiseaux ’ (Čelovek uhodit za pticami, 1975), Triptyque (Triptih, 1978), ‘  le Garde du corps ’ (Telohranitel ’, 1980), ‘ les Portes rouges ’ (Krasnye vorota, 1981), ‘ Un été chaud à Kaboul ’ (Žarkoe leto v Kabule, 1983), ‘ la Fiancée de Vouadil ’ (Nevesta iz Vuadilja, 1985), ‘ Je me souviens de toi ’ (Ia tebja pomnu, 1986), ‘ le Jardin des désirs ’ (Sad želanij, 1987), Bo Ba Bu (2000).

KHAN (Mohammad)

cinéaste égyptien (Le Caire 1942).

Il fait ses études de cinéma à la « London School » (1961). De 1962 à 63, il collabore avec Abu Sayf dans le cadre de l'Organisme du Cinéma, puis il est assistant sur plusieurs films libanais. Il réalise son premier long métrage en 1978, le Coup de Chams (Sharbat Chams), et depuis tourne un film par an. Très observateur du comportement citadin, Khan donne de la grande ville du Caire des images nouvelles prises sur le vif ; ses personnages, proches de ceux de l'Allemand Wenders, sont dans une continuelle mobilité et répercutent les désillusions et les désespoirs. Les Rêves de Hind et Kamilia (1988) peut être considéré comme le film type des années 80 où A. Zaki, N. Fathi et A. Riadh incarnent des laissés-pour-compte. Il est l'auteur d'une histoire du cinéma égyptien publiée en anglais (1979).

Films :

Désir (al-Raghba, 1979) ; Vengeance (al-Thar, 1980) ; le Professionnel des rues (al-Harrif, 1983) ; Porté disparu (Kharaja wa lam Yaud, 1984) ; la Ballade d'Omar (Mishwar Omar, 1985) ; Youssef et Zeynab (id., 1986) ; le Retour du citoyen (Awdat Mouwatin, id.) ; la Femme d'un homme important (Zawjat Rajul Muhim, 1987) ; les Rêves de Hind et Kamilia (Ahlam Hind wa Kamilia, 1988) ; Supermarket (1990) ; le Chevalier de l'asphalte (1991), al-Gharghana (1994) ; Une journée torride (1996).

KHANJONKOV (Aleksandr) [Aleksandr Alekseevič Hanžonkov]

producteur soviétique ( ? 1877 - Yalta 1945).

Fils d'une famille de nobles ruinés, officier dans un régiment de cavalerie cosaque, il démissionne au bout de sept ans et, avec la prime reçue, investit dans le cinéma. D'abord importateur et distributeur de films étrangers et d'appareils (1906), il fonde sa propre firme en 1908, lui donnant un Pégase pour emblème. Dès 1911, il est le premier producteur russe, en concurrence avec Pathé et son compatriote Drankov. S'inspirant des Films d'art français qu'il a mis en circulation avec succès en 1909, il tourne des sujets historiques et « littéraires » mais sur des thèmes russes. En 1911 et 1912, il organise à Moscou studio et laboratoires, lance un journal d'actualités (Pégase), un magazine de cinéma à grand tirage (le Messager cinématographique) et des séries régulières de films documentaires, éducatifs et scientifiques. Avec Vladislav Starévitch, il inaugure l'animation russe (dessins animés et films de poupées). Son succès est relatif lorsqu'il s'efforce d'obtenir le concours d'écrivains contemporains. Il produit en 1911 le premier long métrage russe (2 000 m) : la Défense de Sébastopol (Oborona Sevastopolja) de Gontcharov, superproduction suivie, en 1912, de l'Année 1812 (1812 God), coproduit avec Pathé. Il crée, également en 1912, la société par actions A. A. Khanjonkov et Cie , la plus puissante de Russie (elle double son capital en 1914) et édifie un nouveau studio, le plus grand du pays. En 1918, il transfère l'essentiel de ses équipements à Yalta puis émigre en 1919. Il rentre quatre ans plus tard. Le Goskino l'invite à diriger les studios Rouss. 1925-26 : il est chef de production puis directeur du Proletkino. En 1934, malade, il se retire à Yalta, doté d'une pension personnelle d'État. Dans ses studios se sont formés des cinéastes (Evgueni Bauer, Vladislav Starévitch, Petr Tchardynine, Vassili Gontcharov, Aleksandr Ivanov-Gaï et, surtout, Lev Koulechov) et des acteurs : Ivan Mosjoukine, Véra Kholodnaïa, Véra Coralli, Natalia Lissenko.