Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
J

JIDAI-GEKI (littéral. « film d'époque »).

Terme désignant, au Japon, les films (ou pièces) se déroulant pendant l'époque « médiévale » précédant l'ère Meiji (1868). La Porte de l'enfer (T. Kinugasa, 1953), Harakiri (M. Kobayashi, 1963), les Sept Samouraïs (A. Kurosawa, 1954) ou Kagemusha (id., 1980) sont des jidai-geki.

JIN SHAN (Zhao Mo, dit)

acteur et réalisateur chinois (Yuanling, prov. du Hunan, 1911 - Pékin [Beijing] 1982).

Passionné de théâtre, il rejoint la ligue de gauche, entre au parti communiste et fait du théâtre militant. Sa carrière cinématographique commence en 1935 avec  ’Folle Nuit‘ (Hunkuang, Ren Pengnian, 1935). Puis, à la Xinhua, il est la vedette de deux films de Shi Dongshan :  ’Chant d'éternel regret‘ (Changhen ge, 1936) et  ’Nuit de liesse‘ (Kuanghuan zhi ye, 1936). Ensuite, c'est  ’Chant de minuit‘ (Yeban gesheng, 1937) de Ma Xu Weibang, où l'on trouve des réminiscences du personnage du Fantôme de l'opéra et de Frankenstein. En 1938, il tourne encore  ’Diao Chan‘ (id., Bu Wancang), puis se consacre pendant toute la guerre au théâtre. Il revient au cinéma en 1947 en réalisant  ’Sur la Soungari‘ (Songhuajiang shang). Après 1949, il fait principalement du théâtre. Mais, en 1956, il réalise  ’le Mont Huanghua‘ (Huanghua ling) ; en 1958,  ’la Ballade du réservoir des 13 tombeaux des Ming‘ (Shisanling shuiku changxiangqu), d'après une pièce de Tian Han qu'il venait de mettre en scène au Théâtre de la Jeunesse ; en 1959,  ’la Tempête‘ (Fengbao) sur la grève des cheminots de Pékin-Hankou du 7 février 1923, film dont il est également la vedette. Ensuite, Jin Shan abandonne le cinéma. En 1967, il est arrêté et emprisonné pendant sept ans. Après la révolution culturelle, il reprend ses activités théâtrales.

JIN YAN (Jin Delin, dit)

acteur chinois d'origine coréenne (Séoul 1910 - Canton 1983).

À dix-sept ans, il débute à la Minxin comme acteur stagiaire puis entre à la Compagnie théâtrale de la Chine du Sud, dirigée par Tian Han, dont il devient le disciple. Sun Yu lui donne le rôle principal dans  ’le Beau Mousquetaire‘ (Fengliu jianke, Sun Yu, 1929) et, à partir de 1930, il devient l'acteur vedette de la Lianhua. En 1932, un sondage lui attribue le titre de « Roi du cinéma ». Pour la Lianhua, il tourne seize films importants, le plus souvent avec Ruan Lingyu, dont  ’Herbes folles et Fleurs sauvages‘ (Yecao xianhua, Sun Yu, 1930),  ’Amour et Devoir‘ (Lian’ai yu yiwu, Bu Wancang, 1931), ‘Les fleurs de pêcher pleurent des larmes de sang’ (Taohua qixue ji, Bu Wancang, id.), ‘Lumière maternelle’ (Muxing zhi guang, Bu Wancang, 1933), ‘Trois Femmes modernes’ (Sange modeng nüxing, Bu Wancang, 1933), ‘la Route’ (Dalu, Sun Yu, 1934), ‘Retour à la nature’ (Dao Ziran qu, Sun Yu, 1936). Il travaille aussi pour d'autres studios : à la Yihua, c'est ‘l'Âge d'or’ (Huangjin shidai, Bu Wancang, 1934) ; à la Xinhua, ‘Un idéal grandiose’ (Zhuangzhi lingyun, Wu Yonggang, 1936). Très lié avec Tian Han, Zheng Junli, Nie Er, comme eux il est particulièrement mal vu par le Kuomintang. Après 1937, il tourne moins. Notons ‘Dix Mille Lis de ciel’ (Changkong wanli, Sun Yu, 1940). Après la guerre, il joue dans trois films, mais, après 1949, ses apparitions se font de plus en plus rares et sa santé se détériore. On peut mentionner ‘Retour à la lumière’ (Dadi chuongguang, Xu Tao, 1950) et ‘la Mère’ (Muqin, Ling Zifeng, 1955). Néanmoins, le public ne l'a jamais oublié et lui est resté très attaché jusqu'à sa mort, en décembre 1983.

JIREŠ (Jaromil)

cinéaste tchécoslovaque (Bratislava 1935).

Au terme d'études entreprises à la faculté de cinéma de Prague, il obtient les diplômes d'opérateur et de réalisateur. De 1960 à 1963, il travaille à la Lanterna Magika et au Polyekran. Son court métrage (‘la Salle des pas perdus’) (Sál ztracených krok˙u, 1961), qui fait référence à l'occupation nazie, aux traces qu'elle a laissées dans la mémoire, frappe par son style juvénile. Prolongeant cette tentative, le Premier Cri (Křik, 1964), premier long métrage de Jireš, annonce, avec quelques autres, un renouvellement du cinéma tchèque. Lyrique, précieux, le Premier Cri témoigne d'une vision résolument non conformiste des individus et de la société d'aujourd'hui ; il traduit de manière hardie (et convaincante) le bouillonnement des souvenirs, des préoccupations et des angoisses d'un jeune couple, le jour de la naissance d'un premier enfant. Dans Romance, sketch du film collectif les Petites Perles au fond de l'eau (Perličky na dně, 1965), il confronte ensuite avec ironie les modes de vie sédentaire et tzigane. Mais il lui faut attendre plusieurs années avant de pouvoir donner la mesure de son talent avec la Plaisanterie (Žert, 1968), adaptation d'un roman de Milan Kundera. C'est une œuvre mûre, dense, d'un humour corrosif, qui retrace le chemin d'un jeune communiste enthousiaste, chassé de l'Université et du Parti pour une peccadille... L'amertume qui domine ce bilan des années staliniennes fait place à une euphorie lyrique dans Valérie et la semaine des miracles (Valérie a týden div˙u, 1969), où le spectateur bascule dans une sorte de rêve éveillé sans pouvoir démêler les fantasmes d'une adolescente d'avec une réalité des plus troublantes. Comme... Et je salue les hirondelles (A pozdravuji vlaštovky, 1972), évocation d'une belle figure de la résistance antinazie, Valérie et la semaine des miracles atteste, en des temps d'épreuves, un attachement profond à la terre natale. Les films que Jireš tourne ensuite, de 1974 à 1978 (les Gens du métro [Lidé z metra], 1974 ; l'Île des hérons d'argent [Ostrov stříbrných volavek], 1977 ; Des assiettes volantes au-dessus de notre bourgade [Taliře nad Velkym Malíkovem], 1977 ; le Jeune Homme et la Baleine blanche [Mladý muž a bílá velryba]), ne présentent pas le même intérêt. En 1979, cependant, le modeste Cas lapin (Causa králík), excellente comédie de mœurs contemporaine qui est aussi un acte de foi civique, montre que le talent de Jireš demeure entier. Il signe ensuite Fugues à la maison (Útěky domů, 1980); Un opéra dans la vigne (Opera ve vinici, 1981) ; Éclipse partielle (Neúplné zatměni, 1982) ; la Catapulte (Katapult, 1984) ; Temps prolongé (Prodlouženy čas, id.) ; le Lion à la crinière blanche (Lev s bílou hřivou, 1986) ; Antońin Dvořak (TV, 1990) ; ‘Mimétisme’ (Mimikry, TV, 1991); ‘Description d'une lutte éternelle’ (Popis věčného zápasu, TV, id.) ; ‘ Et si les anges sont là’ (A jsou-li tu andelé, TV, 1992); ‘le Monde spirituel d'Anton Dvořak’ (Duchovni svět Antonína Dvořáka, TV, id.) ; ‘Rencontre avec Jaroslav Havliček (Setkáni s Jaroslavem Havlíčkem, TV, id.) ; Helimadoe (id., 1993) ; ‘le Maître de danse ’ (Učitel tance, 1994).