Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PARADJANOV (Serguei) [Sergej Iosifovič Paradžanov] (suite)

Commence une sombre période dans la vie de Paradjanov. Personnage excentrique et désinvolte, volontiers sarcastique, il a toujours été mal vu par les officiels. En 1968, il a signé une lettre de protestation d'intellectuels ukrainiens contre les procès politiques intentés aux « dissidents ». En 1971, son projet de film sur les Fresques de Kiev est définitivement refusé. En janvier 1974, il est arrêté, accusé, entre autres, de trafic d'objets d'art et d'homosexualité et condamné à cinq ans d'internement dans un camp de travail. Des comités de défense se constituent à l'étranger et projettent Sayat Nova grâce à des copies clandestines. Il est libéré en décembre 1977 mais ses projets de films, dont le Démon d'après Lermontov et des Contes d'Andersen, écrits avec Victor Chklovski, sont encore refusés tandis qu'il écarte les propositions qui lui sont faites par les studios de Tbilissi ; il ne tournera qu'un étonnant court métrage, le Signe du temps (1979), où il évoque ses retrouvailles familiales après sa libération. En 1980, il déclare : « Je ne suis pas un dissident. Tout simplement un cinéaste maudit. Je ne plais pas. Je dérange. Je ne suis pas conforme. » Après une nouvelle arrestation au printemps de 1982 sous l'accusation de « spéculation », il réalise (avec Dodo Abachidzé) un nouveau long métrage, la Légende de la Forteresse de Souram (Legenda o Suramskoj kreposti, 1984), d'après un roman évoquant une légende du Moyen Âge écrit au XIXe siècle par Daniel Tchonkadke et dont la luxuriance rappelle Sayat Nova. Après un essai stylisé sur l'œuvre du peintre géorgien Pirosmani : Arabesques sur le thème de Pirosmani (Arabeski na temu Pirosmani, CM, 1985), il adapte un récit de Lermontov dans Achik Kérib (Ašik Kerib, 1988). En juin 1989, le tournage de la Confession est interrompu par la maladie du cinéaste qui sera hospitalisé à Paris. Son état empirant, il demande à être rapatrié en Arménie.

PARALLAXE.

Sur les caméras à viseur non réflex, décalage des points de vue dû à ce que l'axe du viseur et l'axe de l'objectif de prise de vues ne sont pas confondus : il n'y a pas de coïncidence parfaite entre l'image filmée et l'image observée dans le viseur. ( CAMÉRA.)

PARAMOUNT,

compagnie de production et de distribution américaine. En 1914, W. W. Hodkinson, un ancien administrateur de la General Film Company, fonde la Paramount Pictures Corporation, destinée à distribuer des films produits par d'autres compagnies. La Paramount Pictures Corporation distribue, notamment, les films produits par la compagnie Jesse L. Lasky Feature Play Company, fondée en 1913 par Jesse L. Lasky, Samuel Goldfish (qui devait devenir plus tard Goldwyn) et Cecil B. De Mille. Elle distribue aussi les films produits par la Famous Players Film Company, fondée en 1912 par l'ancien fourreur Adolphe Zukor, qui s'était enrichi en exploitant, aux États-Unis, la Reine Élisabeth de Louis Mercanton, interprétée par Sarah Bernhardt. La Famous Players était une compagnie solide, surtout grâce à l'actrice Mary Pickford, « la petite fiancée d'Amérique », qu'elle avait arrachée à la Biograph.

En 1916, Famous Players et Jesse L. Lasky Feature Play fusionnent en Famous Players / Lasky et absorbent la compagnie Paramount Picture Corporation. Dès 1919, la nouvelle compagnie étend de plus en plus son réseau de salles aux États-Unis. En 1927, la compagnie devient Paramount Famous Lasky Corporation. En 1930, elle devient Paramount Publix Corporation. Cette dernière compagnie fait faillite en 1933 : mais de ses cendres et de sa réorganisation naîtra en 1935 la Paramount Pictures. La compagnie devient en 1967 subsidiaire de la Gulf and Western.

En 1925, la Paramount (que nous appellerons ainsi par commodité) était une compagnie particulièrement solide grâce, surtout, à deux énormes et récents succès : la Caravane vers l'Ouest (J. Cruze, 1923) et les Dix Commandements (C. B. De Mille, id.). C'est en cette période d'opulence qu'elle nomme « chef de production » B. P. Schulberg, qui le restera jusqu'en 1932. Grâce au dynamisme de Schulberg, la compagnie va de succès en succès. Schulberg continue à miser sur les stars qui étaient déjà des valeurs sûres (Gloria Swanson, Pola Negri, Rudolph Valentino), mais crée de nouvelles idoles du public. C'est lui qui donne sa chance à Clara Bow, la « It » girl, puis à Claudette Colbert, Gary Cooper ou Marlene Dietrich.

C'est pour avoir compris ses possibilités en la voyant dans la production allemande de Josef von Sternberg, l'Ange bleu (1930), que Schulberg fera venir Marlene Dietrich à Hollywood sans perdre de temps. Ce n'était pas la première fois que le chef de production faisait confiance à un talent européen. En fait, Schulberg avait fait de la Paramount le plus européen des studios, en s'assurant le concours de noms comme Josef von Sternberg, Ernst Lubitsch, Emil Jannings, Maurice Chevalier, Harry d'Abbadie d'Arrast, ou des décorateurs comme Ernst Fegte et surtout Hans Dreier, qui deviendra un des piliers de la maison. On adapte des auteurs comme Alfred Savoir, Tristan Bernard, Hermann Sudermann. La Paramount essaie même de mettre sur pied une adaptation du roman de Theodore Dreiser, Une tragédie américaine, que dirigerait Eisenstein. Mais c'est Sternberg qui mènera le projet à bon port. Après le départ de Schulberg et la réorganisation de la Paramount, remise à flot après quelques déboires grâce au succès de Mae West dans Lady Lou (Lowell Sherman, 1933), Ernst Lubitsch supervisera les productions jusqu'en 1937, continuant la politique « européenne ».

Dans les années 40, ce seront les plus américaines de ses stars (Bob Hope, Bing Crosby, Dorothy Lamour, Veronica Lake, Alan Ladd, Paulette Goddard) qui assureront le succès du studio. Parallèlement, Cecil B. De Mille assure les grandes productions, et l'original Preston Sturges signe une série de comédies auxquelles le public fait fête. Dans la seconde moitié des années 40, c'est Hal B. Wallis, ancien grand producteur de la Warner Bros, devenu indépendant, qui s'installe à la Paramount, suscitant des films à succès et surtout beaucoup de nouvelles vedettes comme Burt Lancaster, Kirk Douglas, Dean Martin et Jerry Lewis (dont les comédies assureront la stabilité du studio dans les années 50) puis Elvis Presley.