Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DAHLKE (Paul)

acteur allemand (Streitz, Poméranie [auj. Pologne], 1904 - Salzbourg, Autriche, 1984).

Acteur de théâtre attaché à la Volksbühne de Berlin, il débute à l'écran en 1934 et interprète de nombreux films, dont Capriccio (K. Ritter, 1938) et Romance dans la nuit (H. Käutner, 1942). Il reprend ses activités après la guerre et, dès 1947, tourne sans interruption jusque vers 1960, en particulier sous la direction de Kurt Hoffmann : Der Fall Rabanser (1950), Liebe im Finanzamt (1952), Das fliegende Klassenzimmer (1954) et Drei Männer im Schnee (1955).

DAIEI (abréviation de Dai Nihon Eiga, ou « Films du Grand Japon »).

Compagnie japonaise fondée en 1942 par Masaichi Nagata, ancien président des films Dai-Ichi (1934-1936) au temps de la politique gouvernementale de remembrement cinématographique. À l'origine ne devaient subsister que deux compagnies d'avant-guerre (Shochiku et Toho), mais Nagata parvint à faire accepter la création d'une troisième compagnie, regroupant Nikkatsu, Shinko et Daito, bien qu'il eût été arrêté pour une affaire de pots-de-vin. Mais c'est après la guerre que, malgré les divers scandales politico-financiers dans lesquels fut impliqué Nagata, la Daiei connaît sa période la plus faste. Le succès international vient avec Rashômon, d'Akira Kurosawa, qui remporte de façon inattendue le Lion d'or de la Mostra de Venise en 1951, et inaugure à la Daiei une politique de « films de prestige » essentiellement historiques, destinés à conquérir festivals et marchés occidentaux. Politique qui est couronnée de succès aussi bien à Cannes (les Contes de Genji, de Kozaburo Yoshimura, en 1951, et surtout la Porte de l'enfer, de Teinosuke Kinugasa, Palme d'or en 1954) qu'à Venise, où sont présentés et primés la plupart des grands Mizoguchi de cette période : les Contes de la lune vague après la pluie (1953), l'Intendant Sansho (1954), le Héros sacrilège et l'Impératrice Yang Kwei Fei (1955). Les plus grandes vedettes, déjà confirmées (Kinuyo Tanaka, Kazuo Hasegawa, Sesshu Hayakawa) ou nouvelles (Machiko Kyo, Masayuki Mori, puis Ayako Wakao) et d'excellents réalisateurs (Mizoguchi, Kinugasa, Ichikawa, Ito) travaillent alors à la Daiei, qui produit par ailleurs un grand nombre de films populaires pour le public jeune.

Mais la crise économique des années 60 est fatale à la compagnie, qui accuse un rapide déclin, en dépit du succès local de plusieurs séries, dont la plus populaire reste celle de Zatoichi, le Masseur aveugle (près de 25 films de 1962 à 1971), et de certains films de Masumura. En 1971, Masaichi Nagata dépose son bilan, mais la compagnie est alors gérée par les syndicats, puis reconstituée partiellement à la fin des années 70. Elle assure actuellement la distribution de ses anciens films et a pratiquement abandonné toute production. Grâce à ses classiques, la Daiei est sans doute la compagnie nippone la plus connue à l'étranger.

DAILEY (Dan)

acteur américain (New York, N. Y., 1915 - Los Angeles, Ca., 1978).

Chanteur et danseur venu de la radio et du théâtre, il débute à Hollywood dans un petit rôle de The Mortal Storm, de Frank Borzage, en 1940. On le voit ensuite dans toute une série de films, le plus souvent des comédies ou des musicals, de la Danseuse des Folies Ziegfeld (R. Z. Leonard, 1941) à la Joyeuse Parade (W. Lang, 1954) avec Marilyn Monroe et Donald O'Connor. Les personnages qu'il interprète sont à la fois populaires et sympathiques. John Ford sut fort bien l'utiliser, en vedette, dans deux de ses films les moins connus : Planqué malgré lui en 1950 et What Price Glory ? en 1952, puis, en 1957, aux côtés de John Wayne dans L'aigle vole au soleil. Mais on se souvient surtout de l'irrésistible trio qu'il formait, en 1955, dans Beau fixe sur New York, de Gene Kelly et Stanley Donen, avec Kelly et Michael Kidd.

DAILIES (mot anglais d'après daily, quotidien).

Syn. anglais de rushes, plus usité en anglais que rushes.

DALÍ (Salvador)

peintre et cinéaste espagnol (Figueras 1904 - id. 1989).

Sa peinture, qui mêle hyperréalisme avant la lettre, symbolisme freudien et surréalisme, comme sa personnalité de « pitre génial » sont célèbres. Mais on connaît moins son œuvre de cinéaste, qui va bien au-delà de la collaboration avec Buñuel (scénario d'Un chien andalou, 1928 ; préparation de l'Âge d'or, 1930). Vers 1932, Dalí écrit un autre scénario (non tourné), Babaouo, et a un projet assez avancé avec les Marx Brothers. En 1945, Alfred Hitchcock fait appel à lui pour le rêve de la Maison du docteur Edwardes. En 1947, un projet de dessin animé avec Walt Disney, Inferno, échoue, puis il participe au Père de la mariée (V. Minnelli, 1950). En 1954, Dalí met en scène, avec Robert Descharnes, l'Histoire prodigieuse de la dentellière et du rhinocéros, film où convergent toutes ses obsessions et qui ne sera jamais distribué. En 1970, il tourne un petit film sur le thème de la crucifixion et en 1978 un long métrage expérimental, Impressions de Haute-Mongolie. L'un de ses derniers projets tourne autour d'une femme amoureuse d'une brouette...

DALIO (Israël Blauschild, dit Marcel)

acteur français (Paris 1899 - id. 1983).

Dans ses Mémoires publiés (Paris, 1976), Dalio évoque les débuts de sa carrière en 1919, après un bref passage au Conservatoire et les quelques années de guerre qu'il a faites après s'être engagé à seize ans : « Au-dessus de mes médailles il y avait une gueule de métèque : la mienne. Avec mes cheveux noirs frisés, mes yeux d'almée et mon teint citron, quel rôle pouvais-je espérer ? Quelle scène accueillerait ce petit Arabe à qui on ne pouvait même pas confier un rôle de chasseur de restaurant ? »

Acteur de revues et de théâtre dans les années 20, il se lie à ce milieu brillant, très parisien, auquel appartiennent les frères Kessel, Stève Passeur, Marcel Achard, Henri Jeanson. Au cinéma, il tourne dans quelques films mineurs (dont les Affaires publiques de Robert Bresson, en 1934) avant d'endosser, sur la recommandation d'Henri Jeanson, le rôle du mouchard l'Arbi dans Pépé le Moko (J. Duvivier, 1937) et de s'imposer dans celui de Mattéo « le Maltais » (la Maison du Maltais, P. Chenal, 1938). Il y est effectivement servi par son physique typé, et son talent lui permet une création ambiguë, encore marquée par les postures qu'une imagerie xénophobe demande à un personnage typique de salaud oriental.