Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PRISE DE SON. (suite)

L'enregistrement magnétique.

L'enregistrement magnétique fut introduit dans le cinéma au début des années 50. À l'époque, il ne s'agissait pas tellement de gagner en qualité, mais plutôt de remplacer la « caméra son » par un appareil moins délicat et surtout qui permettait d'écouter immédiatement sans attendre le traitement du négatif son, et son tirage.

Au début, l'enregistrement fut effectué sur bande magnétique 35 mm perforée avançant à la même vitesse que le film image. On conserva donc les systèmes de synchronisation bande-image/bande-son employés pour l'enregistrement optique.

Mais, rapidement, les progrès de l'électronique et des bandes magnétiques permirent d'effectuer une prise de son de grande qualité sur des appareils nettement moins encombrants, et consommant moins de bande : les magnétophones à bande « lisse » 6,25 ( BANDE MAGNÉTIQUE) déjà couramment utilisés en radio. (Une publicité de l'époque, à usage des professionnels du cinéma, présentait le magnétophone comme « un camion son dans une valise ».) Il fallut alors repenser la question de la synchronisation. La solution consista à enregistrer, à côté du son proprement dit, des signaux de synchronisation émis par la caméra à une fréquence rigoureusement proportionnelle à la vitesse de défilement du film image. Ces signaux de synchronisation permettaient de repiquer synchrones les sons sur bandes magnétiques perforées pour la suite des travaux de post-production son. Au montage, on se retrouvait ainsi dans la configuration commode où image et son sont portés par des bandes perforées « superposables ».

La liaison permettant de transmettre les signaux de synchronisation à la caméra fut rapidement éliminée en synchronisant le défilement de la caméra et du magnétophone par des quartz. Cet allégement technique, joint à l'apparition de magnétophones vraiment portables, et à l'apparition (en 16 mm puis en 35 mm) de caméras portables autosilencieuses ( CAMÉRA), bouleversa les conditions de tournage : le « cinéma vérité », impensable à l'époque de l'enregistrement optique, devenait possible.

Enregistrement du son sur le film image.

Plutôt que d'enregistrer l'image et le son sur des supports distincts, ne serait-il pas plus simple de les enregistrer, dans un même appareil, sur le même film ? La solution séduisante d'enregistrer l'image et le son dans un même appareil, sur le même film, s'est avérée très difficile à mettre en œuvre pour des raisons mécaniques : le film est entraîné de manière intermittente pour l'image et parfaitement continue pour le son. De plus un tel système faisait apparaître de nouveaux problèmes de montage, le son correspondant à l'image n'étant pas en regard de celle-ci, ce qui impliquait obligatoirement un repiquage synchrone du son (on parle alors parfois de single system, angl. pour « système où l'on est seul »). Ce système rapidement abandonné pour le tournage de fictions, a été parfois employé pour le tournage de documents d'actualités et surtout par les amateurs.

Les magnétophones.

Le plus connu des magnétophones professionnels portables à bande 6,25 est l'appareil suisse Nagra (plus exactement : les diverses variantes de cet appareil), qui fut le premier appareil vraiment portable : environ 8 kg, ainsi que la firme suisse Perfectone, qui mit sur le marché un magnétophone 6,25 mm spécialement destiné à la prise de son synchrone avec des caméras film, ainsi qu'un système de synchronisation original. Plus récemment, Stellavox proposa également un magnétophone 6,25 mm, et Uher, un modèle à usage semi-professionnel. Enfin, a été proposée l'appareil miniature Nagra SN (15 cm × 10 cm × 2,6 cm), qui utilisait de la bande étroite 3,81 mm, conditionnée ici en bobines. Vers 1985, les enregistreurs audionumériques ( NUMÉRIQUE) autonomes ont été introduits pour les prises de son directes. Les premiers équipements étaient des magnétoscopes sur lesquels le son numérique était enregistré à la place de l'image. Nagra développa un magnétophone numérique quatre pistes, avec une bande passante s'étendant à 20 kHz. La réduction du volume et la fiabilité des machines audionumériques permirent aux ingénieurs du son d'employer des machines initialement destinées au grand public (magnétophones audionumériques DAT [digital audio tape]).

Pour le montage et le mixage, les bandes magnétiques perforées — 35 mm ou 16 mm — « superposables » à la bande image ont été abandonnées avec l'arrivée du montage virtuel où les enregistrements directs sont directement repiqués. Les techniques numériques se sont imposées progressivement à partir des années 90 et les machines perforées ou les tables de montage mécaniques ne sont pratiquement plus utilisées pour les travaux de post-production. Il existe des magnétophones audionumériques enregistrant jusqu'à 48 pistes sur une même bande. À partir de 1993, en post-production, les enregistrements audio se font sur support informatique (disques durs) tout au long de la chaîne, mixage compris. Les techniques de doublage bénéficient de ces mêmes évolutions : les comédiens sont directement enregistrés sur support informatique compatible avec les stations de montage virtuel son.

Les microphones.

Il n'existe pas de micro universel. (Micro est l'abrév. extrêmement courante de microphone.) L'on emploie, selon les circonstances, divers modèles, classés habituellement soit selon leur principe de fonctionnement, et leur « directivité ».

Les microphones électrodynamiques (à bobine ou à ruban) ne sont autres, dans leur principe, que des haut-parleurs électrodynamiques ( HAUT-PARLEURS) fonctionnant à l'envers. (Cette réversibilité est d'ailleurs une réalité dans les interphones.) Peu fragiles, d'excellente qualité, ces micros sont les plus répandus en prise de son professionnelle, aussi bien en studio (concurremment aux micros électrostatiques) qu'en extérieurs (où les micros électrostatiques sont inutilisables, car trop sensibles au vent). Les microphones électrostatiques, ou microphones à condensateur, constituent l'autre grande famille. (Là encore, le principe de fonctionnement est similaire à celui des haut-parleurs de même dénomination.) Capables d'une très haute qualité, ils sont en contrepartie fragiles, et surtout sensibles aux déplacements de l'air : le vent, en extérieur, mais aussi, en studio.